Les pesticides ne tuent pas que les mauvaises herbes

Les pesticides ne tuent pas que les mauvaises herbes

L’usage croissant des pesticides en Afrique menace l’environnement et la santé humaine. SOS Faim accompagne des acteurs engagés pour une agriculture durable, promouvant des alternatives respectueuses de la nature. Découvrez les actions en faveur d’un modèle agricole plus sain.

Comme partout dans le monde, l’usage des produits chimiques de synthèse augmente en Afrique, y compris dans les agricultures familiales. Cependant, les pesticides, bien qu’utilisés pour protéger les cultures, représentent une menace silencieuse pour nos écosystèmes et pour nous-mêmes. Des alternatives respectueuses de l’homme et de la nature existent. C’est pourquoi, SOS Faim continue d’accompagner des acteurs en Afrique qui s’engagent pour une agriculture durable.

L’agriculture, pilier essentiel de l’économie et de la sécurité alimentaire, est étroitement liée aux nombreux défis environnementaux et sociaux actuels. L’utilisation de pesticides chimiques est souvent perçue comme une méthode indispensable pour augmenter la productivité et combattre les ravageurs et maladies des cultures. Cependant, elle soulève également des préoccupations majeures relatives à son impact sur les agriculteurs, les consommateurs et l’environnement.

Nourrir la planète sans nuire à la nature

Les récentes études montrent que ces produits chimiques persistent dans notre sol, notre eau et même dans l’air que nous respirons, accumulant des résidus toxiques qui affectent toutes les formes de vie. Les travailleurs agricoles, en première ligne, paient souvent le prix fort, souffrant de maladies chroniques liées à une exposition prolongée. SOS Faim croit fermement qu’il est possible de nourrir la planète sans nuire à la nature, ni à ceux qui la cultivent.

La consommation de pesticides a quasiment doublé à l’échelle mondiale depuis 1990. Aujourd’hui, ils sont largement utilisés contre les mauvaises herbes (herbicides), les champignons (fongicides) et les insectes (insecticides). Ainsi, les systèmes agroalimentaires ont réussi à produire de grandes quantités de denrées alimentaires mais ceci n’est pas sans conséquences. Les effets sur l’environnement et la santé sont multiples. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il y a chaque année dans le monde 3 millions d’empoissonnements graves dus aux pesticides et environ 220.000 décès.

Utilisation massive et hasardeuse de pesticides

Des alternatives respectueuses de l’homme et de la nature existent. C’est pourquoi, SOS Faim continue d’accompagner des acteurs en Afrique qui s’engagent pour une agriculture durable.

Au Bénin, AAGAC (Association Agroécologique d’Action Communautaire) travaille dans la recherche-action. L’étude sur l’emploi des pesticides dans la Basse Vallée de l’Ouémé, démarrée en 2021, s’est finalisée en 2023 et offre un regard nouveau sur l’exposition du milieu agricole béninois aux pesticides chimiques.

L’étude a permis de mettre en exergue une utilisation massive et hasardeuse de pesticides dans la zone étudiée. Alors qu’une large majorité des paysans (85%) ont reconnu faire usage des pesticides dans leurs exploitations, très peu sont sensibilisés ou formés sur leur bonne utilisation. Cette étude sert maintenant de base pour un plaidoyer auprès des autorités politiques, en faveur d’un modèle agricole plus sain et pour convaincre les agriculteurs de développer leurs propres alternatives écologiques.

Au Burkina Faso, l’institution de microfinance CEC-BM (Caisse d’épargne et de crédit de la Boucle du Mouhoun) accompagne les agriculteurs dans la promotion d’une agriculture durable et résiliente. Elle organise régulièrement des sessions de formations sur l’utilisation de biopesticides à base de plantes locales. Lors de sessions, CEC-BM met en avant les bienfaits des biopesticides sur la santé humaine et sur l’environnement. L’année dernière, 45 paysans ont participé à cette formation et cela a permis de réduire l’utilisation de pesticides chimiques et d’améliorer la santé des sols.

Formations pour renforcer les compétences des agriculteurs

Depuis 2003, SOS Faim soutient FC (Facilitator for Change) en vue d’améliorer les conditions de vie des paysans et promouvoir une agriculture durable. FC organise des formations pour renforcer les compétences des agriculteurs. En 2023, 25 experts et 232 agriculteurs ont été formés à des techniques agricoles améliorées comme le lombricompostage et les engrais organiques. Ces efforts encouragent des pratiques durables favorisant une agriculture plus bénéfique pour les personnes et l’environnement

Au Burkina Faso, SOS Faim accompagne l’UBTEC (Union des Baoré Tradition d’Epargne et de Crédit) sur son volet agroécologie. Grâce à ce soutien, l’institution de microfinance a mis en place un bonus-malus écologique. Ainsi, un paysan qui s’engage à mettre en place des pratiques agricoles durables pourra profiter d’un taux de crédit plus favorable ou de diverses formations. Les agriculteurs utilisent les techniques de compostage, de production de biopesticides, l’association des cultures ou encore l’agroforesterie. Fin 2023, sur un volume de crédit en cours de 2 milliards de francs CFA, 85% étaient dédiés à des pratiques respectueuses de l’environnement. Parallèlement, 660 producteurs ont profité des formations sur des pratiques agroécologiques. L’UBTEC joue un rôle clé dans la transition agroécologique du pays.


« Des actions concrètes sont impératives pour aider les populations agricoles et tous les acteurs impliqués dans la gestion des pesticides chimiques […]. Cela concerne non seulement les utilisateurs directs, mais aussi les consommateurs, tout en tenant compte des effets de ces produits sur les sols, l’eau et la biodiversité. Parallèlement, il est essentiel de rechercher des alternatives durables à l’utilisation des pesticides chimiques afin d’inverser les tendances actuelles et préserver l’environnement ainsi que la santé des populations. »

Pascal Gbénou, 2023 : Étude « Pesticides chimiques de synthèse non homologués en agriculture dans la Basse Vallée de l’Ouémé au Bénin : Constats et regards croisés des acteurs ». Porto-Novo : Editions Populaires Africaines, 198 p.

Communiqué par SOS Faim
Photos : © SOS Faim

Contribution partenaire in4green
Publié le mardi 10 septembre 2024
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires