Les premières baskets 100% circulaires : crowdfunding en cours
Our Choice, start-up d’origine suédoise « incubée » à l’Université du Luxembourg depuis 2 ans, a lancé ce lundi matin une campagne de financement participatif pour mettre en vente les premières « sneakers » circulaires.
Au moment de publier ces lignes, l’objectif minimum est atteint à 76% (mise à jour mardi 24/11 : l’objectif est atteint mais la vente est loin de s’arrêter pour autant ! Vous pouvez donc poursuivre votre lecture). La somme demandée, 4.300 euros, n’est pas énorme pour un tel projet : fabriquer des baskets 100% circulaires, de vraies chaussures écologiques, sans plastique et réparables.
Leur inventeur Filip Westerlund, interviewé à distance après une nuit blanche à peaufiner les détails pour la mise en ligne de la vente, est déjà ému par les réactions du public et les retours positifs reçus. Il nous confie qu’il a investi tout son fonds de retraite dans ce projet, qui était donc jusqu’à présent 100% autofinancé.
Le constat
En moyenne, une personne achète trois paires de baskets (« sneakers ») par an. Faites de plastique, ces chaussures confortables s’usent rapidement et ne sont pas réparables. Résultat, au niveau mondial, ce sont annuellement 25 milliards de baskets usées qui finissent pour la plupart dans les décharges.
« Même les marques qui annoncent produire des chaussures ‘éco’ utilisent du plastique, on les paye plus cher en espérant bien faire mais elles s’usent très rapidement et sont impossibles à récupérer », déplore Filip.
Or, en achetant une paire de baskets en moins par an, on ferait épargner à la Terre environ 115 millions de tonnes de CO2 chaque année…
La réflexion
Pendant près de 2 ans, avec son équipe, il a recherché et testé de nombreux matériaux pour mettre au point une chaussure solide – qui supportera nos pas durant plusieurs années – qui soit également entièrement réparable et recyclable. Le but étant d’éviter tout gaspillage et donc toute surproduction, seules les chaussures vendues via un système de précommande seront fabriquées.
En tant qu’étudiant en psychologie - en Suède et ensuite au Luxembourg -, il est également bien conscient que les jeunes n’ont pas le budget pour des chaussures écologiques à un prix élevé. Il a donc cherché des solutions pour les proposer à un tarif abordable.
Il y a deux ans, lorsqu’il est arrivé au Grand-Duché pour son master, l’étudiant n’a pas attendu une semaine avant de frapper à la porte de l’incubateur de l’Uni à Belval qui l’a accueilli à bras ouverts. « Ils ont été d’un incroyable support dès le premier jour. J’ai rejoint le programme VMS (Venture Mentoring Service). Une équipe de mentors de l’écosystème luxembourgeois m’a accompagné, nous nous rencontrons toutes les 4 à 5 semaines, et discutons des difficultés que je peux rencontrer. Démarrer sa propre entreprise est plein de surprises et j’ai toujours besoin de bons conseils ! »
La conception
D’un design simple, classique et indémodable, les chaussures sont réalisées en cuir de veau d’Italie, tanné de manière végétale, et de semelles en latex naturel. Ses lacets sont en coton biologique. Toutes ces matières sont entièrement biodégradables et recyclables.
La fabrication se fait au Portugal, dans des usines garantissant une rémunération équitable et un environnement de travail sûr et non toxique. « Nous avons rendu visite à tous nos partenaires pour nous assurer qu’ils travaillaient en accord avec nos valeurs », précise le jeune éco-concepteur. « Il n’a pas été facile de trouver les fournisseurs adéquats. »
De l’achat à la réparation
Les Super Early Birds – comprendre les 50 acheteurs les plus rapides – profiteront d’une réduction de 30% à l’achat d’une paire, soit 99 euros au lieu de 140. Le prix est, en effet, plutôt abordable. Les 150 paires suivantes seront à 109 euros, et ensuite 119 euros jusqu’à la fin du crowdfunding, prévue le 11 janvier prochain.
« Les 24 premières heures sont décisives, car l’algorithme de Kickstarter récompense les porteurs de projets qui ont atteint leur objectif dans ce laps de temps, ce qui justifie également la somme raisonnable que nous avons décidé de viser pour ce premier crowdfunding », indique-t-il.
Les concepteurs s’attendent à ce que la chaussure s’use après 2 ou 3 ans, selon l’usage qui en est fait. Hors de question bien sûr de les jeter ensuite, le souhait étant de créer « une relation personnelle avec sa chaussure ». Our Choice a donc mis en place un système de réparation au prix de 70 euros : on renvoie les chaussures dans le sac reçu à la livraison et elles reviendront équipées d’une nouvelle semelle, de lacets neufs et auront été cirées – et les émissions de CO2 liées aux trajets seront compensées. « Grâce à la grande qualité des matériaux, nous pouvons désassembler les sneakers. Si j’essayais de faire cela avec des chaussures en plastique, tout se déchirerait. »
Petit plus : pour chaque basket vendue, Our Choice nettoie et recycle un kg de plastique issu de l’océan en collaboration avec Empower.eco.
« Réaliser quelque chose de la bonne manière, c’est tellement gratifiant. Et j’ai le sentiment que c’est ce que nous avons fait ! »
Pour en savoir plus ou pour soutenir Our Choice en commandant votre propre paire, rendez-vous sur le site de Kickstarter.
Marie-Astrid Heyde
Photos : Our Choice