Liberté, égalité, complémentarité
D’ici 2035, nous voyagerons différemment et surtout, plus intelligemment. Plongée dans la mobilité du futur en compagnie de Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg asbl.
Liberté
Bouger, se déplacer, être mobile sont des signes indélébiles de liberté, de nos libertés. Nous nous sommes habitués, au fil des années, à nous déplacer un peu comme nous le voulons, quand nous le voulons. Mais la manière de bouger, principalement en produisant trop de CO2, exige que l’on change de méthode. De toute évidence, cette liberté doit rester et restera, même en 2035. Cette manière de bouger, d’être mobile, sera tout simplement différente. Plus précisément, celui qui se déplacera devra s’organiser, planifier autrement, sans toutefois perdre sa liberté.
À côté des changements dans la planification, les modifications au niveau de la fourniture en énergie, dont le passage des carburants fossiles vers l’électrique, feront aussi que nous serons plus libres dans notre choix d’approvisionnement. Finie la dépendance à la suite des coups de tête ou autres idées folles de certains dictateurs. Terminée l’exposition à la gourmandise des groupes pétroliers et à la spéculation boursière. Enfin, et de toute façon, le prix de l’électricité sera devenu imbattable par rapport à ceux de l’essence et du diesel.
L’énergie proviendra quasi directement des panneaux solaires vers la voiture. Idéalement, en tant qu’auto-consommateur, à partir des panneaux installés sur la toiture de la maison. Les voitures, bus, trams ou trains seront majoritairement électriques parce que c’est la meilleure technique, plus efficace en matière de transformation énergétique. Certains autres engins, ayant de grosses « cylindrées », fonctionneront à l’hydrogène vert. Sans oublier les hydrates de carbone et les lipides, le carburant essentiel aux muscles quand nous marchons ou roulons à bicyclette. Les types de déplacement les plus pratiques dans notre quotidien.
Égalité
La grosse cylindrée individuelle frimeuse perdra beaucoup de son statut compensatoire. Actuellement, un véhicule ne peut remplacer les qualités humaines. A l’avenir, il sera de moins en moins convoité, car l’envie de s’acheter sa propre voiture individuelle va diminuer progressivement. Pourquoi ? Tout simplement car son importance diminue progressivement dans les déplacements. Beaucoup auront compris qu’une voiture, qui n’est utilisée que par une personne seule, est davantage à l’arrêt qu’elle ne roule. De plus, elle sera de moins en moins utile parce qu’on planifiera ses déplacements autrement.
L’ingéniosité de la nouvelle mobilité consistera à faire rouler les voitures davantage parce qu’on les partage. Donc moins de voitures seront utilisées par plus de personnes. Finis les frais d’acquisition élevés. Grâce à l’argent épargné, on pourra vivre beaucoup d’autres belles aventures. Comme c’est le cas avec le streaming, on aura recours à un droit d’utilisation d’un véhicule via un système comparable au car-sharing ou au leasing. Ainsi, on oublie les contrôles techniques, les visites pour l’entretien, les rendez-vous pour les révisions, les changements de pneus ou de disques de freins : cette mission incombera au fabricant. Les frais d’assurance seront inclus dans le prix. On commandera sa voiture selon son besoin via une application mobile. Ce qui compte sera d’arriver à sa destination.
Complémentarité
La bonne méthode en mobilité est la complémentarité, avec comme objectif de déplacer des personnes et non pas des véhicules. On organisera son trajet en fonction de la distance, car cette dernière est le principal critère de planification qui décide du moyen de mobilité : les quelques dizaines de mètres seront effectués à pied, pour quelques centaines de mètres, on continuera à marcher ou on prendra son vélo. Un moyen de locomotion qui est également approprié pour plusieurs centaines de mètres, voire quelques kilomètres, surtout quand la météo est clémente. Si tel n’est pas le cas, l’autobus ou le tram prendront le dernier relais.
La complémentarité trouve son reflet dans les infrastructures. Il ne s’agira plus d’envisager une piste cyclable et/ou trois files pour les voitures, mais un mélange savamment dosé d’infrastructures sécurisées pour piétons, cyclistes, transport en commun et voitures.
La mobilité sera différente, mais elle sera.