Mariage forcé des enfants au Népal – 1re partie
On estime à 750 millions le nombre de femmes mariées avant leur 18e anniversaire dans le monde entier. Ce chiffre énorme englobe des situations extrêmement différentes. Parmi elles, de trop nombreuses jeunes filles sont mariées trop tôt et certaines seront victimes de négligences, violences et d’abus sexuels. Ces violences amèneront certaines à tomber dans l’exploitation sexuelle.
Au Népal le mariage forcé des enfants est illégal, mais la réalité sur le terrain est différente ! Bien que le Népal ait souscrit aux différents engagements en matière de protection de l’enfant (légalement, l’âge du mariage pour les filles est de 18 ans avec le consentement des parents, et de 20 sans), force est de constater que le Népal se classe malheureusement en 3e position du « top 10 » des pays avec 52 % des filles mariées avant 18 ans (l’UNICEF, 2013). Les garçons qui épousent des jeunes filles au Népal sont également victimes bien que moins nombreux que les filles. Selon une étude réalisée par notre partenaire népalais sur place, on constate que le nombre des filles mariées avant 18 ans dans la région d’intervention d’ECPAT Luxembourg est supérieur à la moyenne nationale. L’étude relève que dans les deux districts ruraux, (Dailekh et Bardiya) 6 % des hommes et 17 % des femmes se sont mariés avant l’âge de 15 ans et 50 % des hommes et 65 % des femmes se sont mariés entre 15 et 19 ans. En d’autres termes, 82 % des filles et des femmes de Dailekh et Bardiya sont mariées à l’adolescence.
Les causes de la pratique
Lorsque les jeunes filles atteignent la maturité sexuelle, leur vulnérabilité quant aux violences, notamment aux violences sexuelles, augmente, et les inquiétudes de leurs parents concernant leur sécurité croissent également. Au sein des communautés traditionnelles ou défavorisées népalaises, il est souvent attendu des jeunes filles d’endosser très tôt le rôle de mère et d’épouse. La phase de puberté coïncide alors souvent avec les abandons scolaires suivis des unions matrimoniales alors que les filles sont encore des enfants mineures. Les parents procédant au mariage de leurs enfants avant l’âge légal sont le plus souvent motivés par des normes sociales prédéterminées, mais également par une situation de pauvreté ou des crises humanitaires récurrentes. Confrontés à un tel cadrage normatif et à des difficultés familiales, les parents peuvent être amenés à penser que le mariage est une forme de protection qui épargnera leurs enfants de la misère, de l’insécurité alimentaire dans laquelle se trouve la famille, et finalement les parents succombent aux pressions sociales et économiques, et font marier leurs filles au plus tôt pour les protéger contre les risques de l’exploitation et l’abus sexuels. Les causes de donner son enfant en mariage sont multifactorielles, et le maintien et l’application des croyances anciennes comme vecteurs sociaux et culturels d’une communauté ne doit pas être mis à l’écart des réflexions portant sur l’analyse des réticences pour l’application du cadre protecteur juridique universel.
« Sano Umerma Kanyadaan Garda Punya Kamainchha. »
Si j’offre ma fille en mariage quand elle est jeune et encore vierge, j’aurais fait un acte sacré et pur.
Communiqué par ECPAT Luxembourg