« Nous sommes aux premières loges pour identifier les besoins des cyclistes »

« Nous sommes aux premières loges pour identifier les besoins des cyclistes »

Ce vendredi 18h, d’Haus vum Velo inaugure ses locaux dans la gare de Belval-Université. Interview de Jean Larock, président bénévole de cette association sociale et écologique.

D’où vient l’idée d’ouvrir d’Haus vum Velo ?

L’idée vient du Collectif citoyen pour le climat qui s’est développé dans le courant de l’année dernière. Il y a eu plusieurs réunions sur plusieurs axes et je participais au groupe de travail sur la mobilité. Nous nous sommes dit qu’il serait bien d’avoir un lieu permanent à Esch-sur-Alzette pour accueillir les cyclistes et promouvoir la pratique du vélo comme instrument de mobilité. Nous avons aussi discuté avec le collectif Vélorution qui existait depuis 6 ans à Esch et qui avait déjà organisé plusieurs manifestations cyclistes pour réclamer de meilleures infrastructures. C’est un peu le concept de masse critique qui existe dans plusieurs localités luxembourgeoises et européennes ; ça s’est fort développé ces dernières années.

Nous nous sommes ensuite inspirés de ce qui existe déjà dans les pays voisins. Nous avons visité des maisons du vélo en France et en Belgique. Cela nous a permis de nourrir notre réflexion. Fin 2023, nous avons constitué l’ASBL d’Haus vum Velo – composée d’une quinzaine de membres bénévoles -, structuré les activités et nous avons commencé à chercher un local.


« J’en profite pour lancer un appel, en dons pour ceux qui en ont les moyens, et en temps pour ceux qui souhaitent s’investir dans notre ASBL. Si vous êtes prêts à apprendre la mécanique, c’est encore mieux ! »

Jean Larock, président de d’Haus vum Velo

Vous êtes installés au cœur de la gare CFL de Belval, sur deux locaux. Comment avez-vous trouvé ces espaces ?

Nous espérions trouver un local dans le centre d’Esch, mais ça s’est avéré plus compliqué que prévu. Entre temps, nous avons eu un contact avec les CFL qui disposaient de ces locaux inoccupés depuis plusieurs années. Les contacts étaient très positifs, parce que les CFL ont cette conviction que le train et le vélo sont faits pour s’entendre et qu’il fallait jouer sur cette complémentarité pour la mobilité de demain. Ce sont des espaces assez restreints, mais comme il y en a deux, nous avons pu ouvrir l’atelier dans un, et utiliser l’autre pour le stockage des vélos à réparer, à vendre ou à louer. L’avantage c’est que c’est un lieu avec beaucoup de passage. Dès l’ouverture, ça a bien fonctionné.

Quelle est la principale mission de la Maison du Vélo d’Esch-Belval ?

Notre vocation est de former les gens. D’aider d’abord tous les usagers qui viennent à se débrouiller de plus en plus par eux-mêmes. On le fait grâce à cet atelier qui est ouvert à tous. C’est un atelier ouvert, cela signifie que vous venez avec votre vélo mais vous ne le laissez pas ici. C’est vous qui le réparez avec notre aide. Quand c’est plus compliqué, le propriétaire du vélo a plus un rôle d’observateur, mais toujours dans le but d’apprendre.


« Le projet a montré sa pertinence. Chaque jour, nous avons un peu plus de public et de travail aussi. Nous recevons beaucoup de compliments, parce que c’est quelque chose qui manquait. C’est une première au Luxembourg. »

Jean Larock, président de d’Haus vum Velo

Depuis l’ouverture, nous apercevons aussi la face cachée du Luxembourg, tous ces gens qui n’ont pas beaucoup de moyens et pour qui le vélo est le seul ou le principal moyen de locomotion. Et ces personnes n’ont pas des centaines d’euros à dépenser chez un vélociste. De notre côté, nous ne voulons évidemment pas nous mettre en concurrence avec eux. Nous n’avons pas la même démarche, mais nous offrons la possibilité aux gens qui le veulent, de venir se salir un peu les mains et d’avoir un service beaucoup moins cher.

Votre démarche entre aussi dans une logique d’économie circulaire…

Oui, nous récupérons des pièces de rechange de vélos hors d’usage, c’est un peu notre fonds de commerce. Beaucoup de vélos trainent dans les caves, nous invitons leurs propriétaires à venir les réparer s’ils souhaitent les utiliser, ou à nous les donner pour qu’ils servent à d’autres. Nous essayons de rentabiliser un peu ce capital dormant. Nous sommes aussi encore à la recherche d’un lieu de stockage dans la région.

Il nous tient aussi à cœur de remercier la Maison du Vélo de Metz, qui nous a donné de nombreuses pièces afin de démarrer nos activités.

Vos activités ne se limitent pas à la réparation de vélos…

Vincent est actuellement le seul mécanicien bénévole de la Maison du Vélo de Belval
Vincent est actuellement le seul mécanicien bénévole de la Maison du Vélo de Belval

Non, il y a quelques vélos à la vente. Ce sont pour la plupart des dons qu’on nous a faits et que nous avons remis en état. Cela fait partie de notre rôle social : on donne la possibilité aux gens de disposer de vélos vraiment peu chers.

Nous gardons aussi quelques vélos sous le coude, pour les louer ou pour faire du bike schooling, des sessions d’apprentissage du vélo pour ceux qui ne savent du tout en faire ou qui ne sont pas très à l’aise. Nous avons récemment appris à un groupe de femmes migrantes à faire du vélo. En 4 ou 5 séances, elles ont pris leur envol.

Des événements peuvent aussi être organisés avec les entreprises, les écoles, les communes… Nous leur proposons d’organiser un atelier mobile pour que les employés, lycéens, résidents… viennent réparer leur vélo, ou leur proposer un parcours d’habileté, une séance d’apprentissage, etc. Ce sont aussi ces activités annexes qui nous permettent de payer le loyer et d’investir dans les futurs projets.

Des futurs projets, en avez-vous déjà en tête ?

Nous sommes en train de discuter avec ProVélo du lancement d’un label Cycling-Friendly Employer. Ça existe au niveau européen mais pas encore à l’échelle du Grand-Duché. Cette certification a plusieurs niveaux qui impliquent de disposer d’un parking sécurisé - si possible protégé de la pluie -, de douches, vestiaires, etc. Notre volonté est d’insister sur la nécessité d’améliorer les infrastructures, non seulement pour le trajet, mais aussi une fois qu’on arrive à destination.

Les infrastructures cyclables actuelles, pour le coup, vous en pensez quoi ?

Nous mesurons et saluons les efforts, mais nous mesurons aussi l’étendue de ce qui reste à faire, et c’est considérable. Comme nous venons du mouvement de la masse critique, nous sommes prêts à conseiller les pouvoir publics, ou à être leurs partenaires. Nous sommes aux premières loges pour voir, identifier les besoins, non seulement pour nous en tant que cyclistes, mais de plus en plus avec les usagers qui viennent nous expliquer leurs problématiques.

Il faut des pistes cyclables confortables et sûres qui s’inscrivent dans un réseau cohérent. Il y a de très belles pistes qui vont d’un point A à un point B, mais après on ne sait pas ce qu’on doit faire. Dans le centre-ville d’Esch, on trouve un beau catalogue de ce qu’il ne faut pas faire, par exemple des arbres ou des abribus au milieu des pistes. De nuit, si vous ne connaissez pas l’endroit, vous risquez de faire un accident. On a l’impression que c’est tracé par des personnes qui ne veulent pas du vélo.

Les acteurs privés doivent aussi réagir. Certains centres commerciaux ont 1.000 à 1.500 places de voitures, mais rien ou presque rien pour les vélos. Pour nous, les emplacements vélos devraient arriver en 2e priorité, juste après les places PMR.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : infogreen.lu
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D’Haus vum Velo

Gare CFL Belval Université

  • Lundi 17h-20h
  • Mardi 17h-20h
  • Mercredi 17h-20h
  • Vendredi 17h-20h
  • Samedi 14h-18h
Article
Publié le jeudi 19 septembre 2024
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