Plus de 95 % de l’acier est aujourd’hui recyclé
Interview d’Olivier Vassart, directeur général ArcelorMittal global R & D Long Carbon – centre de recherche métallurgique
Comment l’acier va-t-il évoluer dans les années à venir ?
L’acier est en innovation permanente qu’il s’agisse du matériau lui-même ou des solutions constructives qui l’intègrent. On produit aujourd’hui des aciers qui ont une résistance mécanique, une résistance à la corrosion et une ductilité plus importantes que par le passé. Cette évolution va se poursuivre dans les prochaines années, où les changements porteront surtout sur la manière dont l’acier sera mis en œuvre dans les bâtiments.
On a souvent associé l’acier à la corrosion. Est-ce encore d’actualité ?
La corrosion de l’acier n’est plus un problème car des solutions techniques ont été trouvées que ce soit pour l’acier structurel ou pour l’acier en façade. Nous sommes aujourd’hui en mesure de fournir des éléments de façade qui ont une durée de vie de 30 ou 40 ans. Dans certains cas même, l’aspect corrodé de l’acier est recherché pour son esthétique. C’est l’acier Corten, utilisé notamment pour le pavillon du Luxembourg érigé pour l’exposition universelle de Shanghai en 2010.
Idée reçue numéro 2 : l’acier constitue un danger en cas d’incendie. Qu’en dites-vous ?
L’acier est un matériau non combustible qui, lorsqu’il est dessiné et mis en place correctement, répond à toutes les exigences de sécurité en cas d’incendie. Au début du siècle dernier, on a, dans de nombreux bâtiments, remplacé les charpentes en bois par de l’acier pour des raisons liées au risque d’incendie justement.
Un des atouts de l’acier est d’être recyclable, mais est-il réellement recyclé ?
Il l’est, d’abord parce qu’il est très facile à séparer des autres matériaux au moyen d’un simple électroaimant grâce à ses propriétés électromagnétiques intrinsèques, ensuite parce que la ferraille (donc l’acier en fin de vie) a une valeur commerciale depuis les années 1980. Celle-ci sert de matière première à la fabrication d’acier après avoir été fondue dans un four électrique. Plus de 95 % de l’acier en fin de vie, tous marchés confondus, est aujourd’hui recyclé. Le fait de ne pas devoir passer par la transformation de minerai permet de réduire très fortement l’impact environnemental de la production d’acier.
Les filières de recyclage existent elles au Luxembourg ?
Oui. Nos deux aciéries de Belval et de Differdange travaillent en 100 % filière électrique et elles utilisent de la ferraille qui provient d’un périmètre d’environ 300 km autour du Luxembourg.
Quel rôle l’acier joue-t-il dans la réutilisation des matériaux dans une optique circulaire ?
Les structures en acier sont par définition des assemblages et le matériau a un ratio poids/résistance très intéressant, il est donc possible de démonter la solution, de la transporter sur quelques centaines de kilomètres et de la réutiliser. Plusieurs exemples existent déjà, notamment pour des parkings aériens à structure métallique.
Peut-on construire tout type de bâtiments avec l’acier ?
L’acier est souvent employé pour la construction de halls parce qu’il permet des portées très grandes, qu’il est léger et facile à assembler, mais il permet également de réaliser des immeubles administratifs, et même des petites résidences. Cela se fait dans d’autres pays européens, comme l’Angleterre, par exemple.
En ce qui concerne les bâtiments de bureaux, le futur siège d’ArcelorMittal qui sera érigé au Kirchberg d’ici l’automne 2021 montrera ce qu’il est possible de faire avec des solutions acier. Le matériau, 7 000 tonnes au total, sera mis en œuvre dans les structures, les façades et les planchers. Le bâtiment a été dessiné par Wilmotte & Associés pour être déconstructible : 90 % de l’ensemble seront constitués à partir de 5 pièces seulement. Une véritable prouesse !
Mélanie Trélat
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