Pour une coopération de sortie de crise
Les Assises de la Coopération luxembourgeoise ont acté les grands défis persistants. Le pays et les acteurs de la coopération au développement s’engagent vers un modèle qui se veut innovant, plus inclusif et plus durable, en appuyant sur des stratégies ciblant les questions de genre, de l’environnement et du climat, mais aussi de la finance inclusive.
« De grands défis persistent. Il nous fallait explorer des pistes de sortie de crise et réfléchir à comment adapter notre manière de mener nos actions de développement », commentait Franz Fayot, ministre en charge de la Coopération et de l’Action humanitaire, à l’issue des Assises de la Coopération luxembourgeoise. « Nous avons notamment pu présenter trois nouvelles stratégies transversales, dans les domaines du genre, de l’environnement et du climat, mais aussi de la finance inclusive et innovante. »
Comme le souligne le communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères et européennes et de la Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire, les Assises 2021 étaient d’autant plus importantes qu’elles se tenaient pour la première fois depuis deux ans, ces 17 et 18 mai.
Conférence-phare réunissant tous les acteurs de la coopération au développement du Luxembourg, ces assises avaient d’emblée choisi pour thème de cette édition-retrouvailles « Vers une coopération plus innovante, plus inclusive et plus durable ».
Un monde chahuté
La pandémie est évidemment passée par là et, bien plus qu’un agenda ou des projets, elle a bousculé – et chahute encore - le monde entier : une crise sanitaire, une crise économique, entraînant une augmentation de la pauvreté et de la faim… Ce sont des années de progrès à pas comptés dans les pays en voie de développement et émergents qui risquent d’être anéantis.
Face à l’urgence, la Coopération luxembourgeoise, via son agence de développement LuxDev, ses partenaires et la société civile engagée aux côtés des acteurs de terrain, a su réagir de manière rapide et efficace. C’est le principe retenu pour un « nouveau modèle » appuyé par la Coopération luxembourgeoise, afin d’avoir cette souplesse, cette adaptation et, surtout, de veiller à aller plus loin dans l’action ciblée.
Les Assises ont ainsi insisté sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes. Non seulement c’est un droit fondamental et un prérequis pour espérer l’éradication de la pauvreté et le développement durable, mais en plus les faits, durant la pandémie notamment, ont montré que les femmes avaient souvent la clé de nouvelles pistes de développement, pour l’éducation sanitaire, le travail des enfants, des formes nouvelles de travail engagé, productif, solidaire… Conclusion des réflexions : « Tout futur investissement de la Coopération luxembourgeoise prendra ainsi en compte l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans tous les secteurs ».
Un rôle pour la Place
Et puis les défis climatiques et environnementaux pèsent, encore et toujours, de plus en plus sans doute sur les pays du Sud. « Les crises climatiques et environnementales constituent un autre obstacle majeur à la réduction de la pauvreté, renforcent notamment les inégalités de genre et risquent d’anéantir les résultats positifs de plusieurs décennies de coopération au développement », observe la Coopération, qui s’engage sur cet autre terrain prioritaire.
Le financement du développement constitue un troisième défi important. « En synergie avec nos secteurs d’intervention traditionnels comme la santé, le développement rural ou la formation professionnelle, renforcer le domaine de la finance inclusive et innovante devient logique, en cherchant à tirer parti de l’avantage comparatif que fournit la place financière », souligne le ministre Fayot.
La Place s’est en effet clairement spécialisée dans une finance éthique, verte, vertueuse, avec des modèles d’investissements durables et de finance inclusive.
Ajuster les méthodes
Apparaît aussi évidente la nécessité de travailler de manière encore plus transversale, face à des défis liés, afin d’assurer la durabilité des activités de coopération. Il s’agit de contribuer aussi à l’amélioration socio-politique et de générer de opportunités socio-économiques, « tout en infléchissant les trajectoires de développement des pays d’intervention à l’aune de ces nouveaux paramètres ».
Les participants aux Assises ont entendu Susanna Moorehead, présidente du Comité d’aide au développement de l’OCDE, sur les engagements concrets qu’il faudra mettre en œuvre pour atteindre le « build back better and greener » recherché.
Et le Cercle de coopération des ONGD du Luxembourg en a profité pour organiser un panel de discussion sur, justement, l’ajustement des méthodes de travail de la coopération au développement dans le contexte de l’après-crise. Car c’est d’abord sur le terrain que ça se passe...
Alain Ducat
Photo : MAEE