Quand l’économie circulaire rencontre la construction
Créé il y a une dizaine d’années, le Luxembourg CleanTech Cluster de Luxinnovation, nouveau nom du cluster Éco-innovation, encourage l’innovation aux niveaux des processus, produits et services, ainsi que les échanges commerciaux et la coopération intersectorielle. Il se concentre, comme son nom l’indique, sur les technologies propres et durables - plus particulièrement l’eau, les déchets, l’énergie - avec, en transversalité, le concept d’économie circulaire, essentiellement rapporté au monde de la construction. Construction dans laquelle le cluster a déployé différents projets.
Identifier des critères de circularité
Le premier de ces projets, nommé offre-demande, est parti du constat qu’entre 500 000 et 1 million de m2 de bâtiments à construire dans les années à venir auront des exigences de circularité. Concernant le volet « demande », des réunions et des workshops ont été organisés avec les acteurs publics pour identifier les critères de circularité à faire figurer dans les appels d’offres. Il en est ressorti 8 critères, parmi lesquels les plus notables sont la déconstructibilité, la mobilité et la création d’une banque de matériaux. Pour ce qui est de la partie « offre » des entreprises, des rencontres avec celles-ci étaient programmées, en 2020, à trois niveaux : architectes et bureaux d’études en lien avec l’OAI, PME via la Chambre des Métiers et la Fédération des Artisans, et grandes entreprises à travers la FEDIL. Mais, la crise COVID étant passée par là, le cluster a dû revoir ses ambitions à la baisse et il envisage, en 2021, de se concentrer sur les PME dans un premier temps « parce que ce sont elles qui ont besoin, du fait de la crise, de relais de croissance, notamment à travers l’économie circulaire », précise le manager du cluster, Charles-Albert Florentin.
Créer une plateforme de déconstruction physique et virtuelle
Le 2e projet consiste en la création d’une plateforme de déconstruction, à la fois virtuelle et physique. « Nous voudrions que, pour les anciennes constructions, on ne parle plus tant de déchets, que de produits et matériaux. Virtuel et physique sont nécessaires et se complètent. L’idée n’est pas d’en rester au virtuel, parce que cela soulèverait plusieurs problèmes : d’abord, les meilleurs produits et matériaux seraient vendus rapidement, les autres trouveraient difficilement preneurs et nous n’aurions pas réglé la question de l’évacuation d’un maximum de produits du chantier ; ensuite, le virtuel ne remplacera jamais le visuel, il faut pouvoir voir et toucher les matériaux », explique-t-il. Le cluster est allé puiser de l’inspiration en Belgique, à Anderlecht, où le bureau d’études Rotor a mis en place une installation profitable où sont stockés et réhabilités certains produits. « Pour que ce projet fonctionne, il y a deux conditions : trouver d’une part un porteur de projet et d’autre part une implantation peu coûteuse. Pour l’implantation, nous avons quelques idées et, pour le portage de projets, des discussions sont en cours, mais rien de concret encore », témoigne-t-il.
Préparer les entreprises à la circularité
Autre projet dans les cartons, le programme Fit4Circularity. Il s’articule en deux parties : un audit de circularité de l’entreprise réalisée par un consultant pour lequel les entreprises sont financées à 50 % par le ministère de l’Économie et, en fonction des recommandations émises par ce consultant, la mise en œuvre d’un projet d’innovation qui peut éventuellement être soutenu par l’État. « Ce projet a très bien fonctionné au niveau qualitatif, mais au niveau quantitatif, il a drainé peu d’entreprises. Nous avons donc réfléchi à une autre façon de procéder et avons décidé de le développer au niveau sectoriel : nous avons pris une chaîne de valeur, celle de la construction, et y avons identifié des groupes d’entreprises susceptibles de travailler sur des sujets précis liés à des flux, en l’occurrence le béton, le bois et le verre. L’étape suivante va consister en la définition d’instruments d’incitation pour stimuler les entreprises à s’engager dans cette voie. Nous y travaillons », poursuit le cluster manager.
Un nouveau projet : la gestion de l’eau
Pour ce qui est de la gestion de l’eau, les réflexions et travaux menés ces dernières années vont trouver leur concrétisation dans une réunion qui sera organisée avec les PME du secteur, en fin d’année. C’est une première au Luxembourg. « Avec le changement climatique, nous allons à terme devoir reconcevoir les infrastructures dans nos villes - trottoirs surélevés, bassins de rétention, réseaux plus résilients, etc. - et mettre en place des solutions de traitement compactes et des systèmes de gestion intelligente permettant, par exemple, une répartition homogène de l’eau dans le réseau de distribution de manière à absorber les pointes », affirme-t-il.
Mélanie Trélat
Rencontre avec Charles-Albert Florentin, manager du cluster CleanTech chez Luxinnovation
Article tiré du NEOMAG#35
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