Quand les déchets industriels mettent le design à la portée de tous

Quand les déchets industriels mettent le design à la portée de tous

L’industrie française rejette plus d’un tiers de la matière première qu’elle utilise dans ses processus de production, soit 24 millions de tonnes de matériaux perdus chaque année ! Partant de ce constat, trois jeunes diplômés d’écoles de design et de commerce parisiennes ont eu l’ingénieuse idée de développer du mobilier fabriqué avec ces ressources inexploitées.

C’est ainsi qu’est née Maximum, une manufacture de mobilier design en série. Design, car c’est le déchet qui permet une forme et inspire les lignes, en passant le plus simplement possible du déchet à l’objet. En série, car le déchet industriel a le triple avantage d’être disponible en quantités… industrielles, d’être produit de manière récurrente, et dans la durée.

Table Clavex - Crédit : Maximum
Table Clavex - Crédit : Maximum
Chaise Graven - Crédit : Maximum
Chaise Graven - Crédit : Maximum

Bien que les modèles soient produits en série, leur histoire confère une particularité à chaque pièce. « L’un des trois meubles de la première collection est une table dont le plateau est réalisé à partir de cloisons vitrées de bureaux qui ont été déposées et dont les pieds sont fabriqués à partir d’échafaudages hors d’usage. Le plateau étant en verre trempé, il n’est pas découpable. Ses dimensions dépendent donc des arrivages. Même principe pour la couleur des pieds : peints avec le surplus de poudre de peinture époxy tombé dans les bacs de récupération lors de la cuisson des montants, leur couleur est dictée par les commandes des clients de la fabrique d’échafaudage », raconte Armand Bernoud, gestionnaire de la manufacture. Le passage du produit d’origine à l’objet se veut le plus simple possible afin de profiter de l’usinage réalisé en amont sur les déchets par l’industriel les générant.

Dans la première collection, on trouve aussi un fauteuil. Cette fois, l’assise en polyéthylène moulé est moulée à partir de poudre de plastique colorée issue de la perte de production d’un fabricant. « Quand le producteur passe d’une couleur à l’autre, les 100 premiers kilos sont pollués par la couleur précédente. Ils seraient donc perdus si nous ne les récupérions pas », explique-t-il. Quant aux piétements, lorsqu’ils sont en métal, ils sont faits de chutes de production et, lorsqu’ils sont en bois, d’anciennes lames de parquet d’immeubles haussmanniens en chêne massif bicentenaire.

Tabouret Roteman - Crédit : Maximum
Tabouret Roteman - Crédit : Maximum

Le même fabricant produit un tabouret pour Maximum. « Avant qu’un plastique soit envoyé à un client, celui-ci doit subir une série de tests qualité. Ces exercices étaient jusqu’à présent effectués sur des moulages en forme de planches, qui étaient ensuite jetés alors que leur fabrication requérait du temps, de la matière, un opérateur qualifié, une machine énergivore… Les planches étaient jetées après observation, emportant avec elles dans la benne tout le travail qu’elles avaient nécessité. Nous avons donc proposé à l’industriel de redessiner son moulage-test et de placer l’exercice sur une forme de tabouret, afin de donner à l’objet une fonction pérenne. Cette histoire explique pourquoi le tabouret est tatoué des marquages permettant le test du plastique », indique Armand Bernoud.

La ligne s’enrichira bientôt d’un canapé composé de barrières de sécurité cassées récupérées auprès de la Police nationale et de chutes de mousse et de tissu provenant de chez un équipementier automobile, d’une lampe fabriquée à partir de néons usagés servant d’abat-jour qui sont enfichés dans un polystyrène issu de ratés de production, et d’une étagère construite avec des planchers d’avion A350 en carbone mis au rebut lors de l’assemblage de l’avion.

Photo principale : L’atelier - crédit : Maximum

Mélanie Trélat

DDM Infogreen Ce déchet mon ami

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Publié le mardi 24 juillet 2018
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