Re:USE, la 1re plateforme digitale luxembourgeoise dédiée au réemploi de matériaux de construction

Re:USE, la 1re plateforme digitale luxembourgeoise dédiée au réemploi de matériaux de construction

En 2020, on enregistrait 9 millions de tonnes de déchets issus des activités de construction, démolition et déconstruction au Luxembourg. Re:USE a pour ambition de réduire ce chiffre alarmant en permettant de récupérer des matériaux issus de bâtiments à démolir pour les intégrer dans de futurs projets architecturaux.

Re:USE est une plateforme online qui permet à ses utilisateurs de visiter virtuellement dans un bâtiment voué à la déconstruction et d’y réserver des objets – cloisons, menuiseries, luminaires ou meubles, par exemple – qui pourront être réutilisés dans un projet ultérieur.

Cette solution s’inscrit à 100 % dans une approche circulaire : « L’objectif est de mettre les bâtiments en ligne le plus en amont possible de leur déconstruction pour prévenir les personnes intéressées – particuliers ou professionnels - qu’un gisement de matériaux va arriver et pour qu’elles puissent ainsi anticiper la réutilisation de certains éléments dans leur nouveau projet. Cela permet de gérer la temporalité qui existe entre la déconstruction et la construction du futur projet sans avoir à déplacer l’objet et à le stocker pour ensuite le redéplacer.

L’idée du réemploi étant de limiter l’empreinte carbone, si l’on commence à transporter des objets avec des camions, on rogne - pour ne pas dire on annule – l’effet positif de la démarche. Le fait de réserver un ou des objet(s) avant la déconstruction permet aussi d’optimiser les travaux de déconstruction en ne sélectionnant que les produits qui ont obtenu un marché », explique Jean-Yves Marié, le CEO de BIM-Y, société spécialisée dans la digitalisation des bâtiments qui s’est chargée de développer la plateforme en collaboration avec le LIST, le bureau d’études Schroeder & Associés et le Fonds de compensation.

Pour la version test de Re:USE, lancée le 14 février – ce qui correspond au jour du dépassement au Luxembourg -, le Fonds de compensation a mis à disposition un de ses bâtiments dont la démolition est prévue pour septembre. Un 2e bâtiment, lui appartenant aussi, suivra en mai. Au sein de ce partenariat, le LIST s’occupe du calcul de la réduction de l’empreinte carbone réalisée grâce au réemploi et Schroeder & Associés apporte son expertise d’ingénieur et son statut d’organisme agréé nécessaire à la réalisation de l’inventaire.

BIM-Y s’est chargé de scanner le bâtiment pour en tirer un modèle dans lequel il est possible de naviguer à la manière de Google Street View et d’« accrocher » des données géoréférencées à chaque objet grâce à l’algorithme et aux modèles d’intelligence artificielle développée par BIM-Y. « Dans le bâtiment actuellement en ligne, près de 4.400 objets ont été identifiés en moins de 2 heures. Quant au scan, il a pris une trentaine d’heures, soit 5 jours. Nous scannons entre 8.000 et 12.000 m2 par jour en moyenne. Le plus laborieux a été d’aller chercher toutes les informations techniques dans les classeurs du client. Notre but est de fournir un maximum de données dès la réception du bâtiment, de faire vivre cette information pendant tout son cycle de vie jusqu’à la réutilisation et d’apporter une certaine traçabilité, ceci pour valoriser davantage le produit », indique-t-il.

La prochaine étape est la création d’un espace membres qui permettra aux utilisateurs d’être alertés lorsque des objets susceptibles de les intéresser auront été reconnus dans les futurs bâtiments scannés.

Les concepteurs sont également à la recherche d’une plateforme physique qui sera dédiée aux objets à fort potentiel, propices au réemploi, qui seront identifiés dans les prochains bâtiments. « Nous voudrions pouvoir les stocker, les tester, les nettoyer, voire les revaloriser, et les mettre à disposition dans un dépôt-vente ou auprès des distributeurs type magasins de bricolage. L’idée est de mettre davantage de matériaux de réemploi à disposition des particuliers. Nous envisageons de nous associer à un organisme de réinsertion sociale, par exemple, pour ’traiter’ ces objets, ce qui nous permettrait d’avoir un impact sociétal positif en plus de l’impact environnemental que nous avons grâce au réemploi de matériaux », souligne-t-il.

Enfin, BIM-Y a signé un partenariat avec Saint-Gobain Recherche pour aller plus loin dans l’identification des objets. « Aujourd’hui, nous sommes capables de reconnaître et d’inventorier automatiquement un objet. Demain, nous reconnaîtrons les matériaux », conclut Jean-Yves Marié.

Mélanie Trélat
Photos : Marie Champlon
Extrait du dossier du mois « Circul’ère »

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Publié le jeudi 20 avril 2023
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