Région Grand Est et le Grand-Duché de Luxembourg mobilisés pour une mobilité transfrontalière
Lors d’une conférence de presse en date du 28 juin 2023, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, et le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, ont présenté les projets en cours et à venir de mobilité permettant d’améliorer la mobilité transfrontalière entre la France et le Luxembourg.
Le Plan national de mobilité (PNM) 2035 luxembourgeois est un concept global capable de gérer 40 % de déplacements supplémentaires par rapport à 2017 en passant d’une logique de rattrapage à une logique d’anticipation de la future demande de mobilité. Afin d’anticiper cette demande, il est nécessaire d’étudier le déplacement des personnes plutôt que des véhicules. Le PNM se décline en trois axes :
- Déterminer le nombre de personnes se déplaçant et leurs besoins,
- Renforcer les modes de transport les mieux adaptés au contexte,
- Mobiliser les quatre acteurs de la mobilité, c’est-à-dire l’État luxembourgeois, les communes, les employeurs et les citoyens.
Par conséquent, le PNM 2035 met un accent fort sur les modes plus durables, tels que les transports publics, le vélo et la marche à pied, afin de résoudre les problèmes de mobilité. Il préconise également un recours plus important au covoiturage pour réduire davantage le nombre de véhicules sur les routes.
En ce qui concerne plus spécialement la mobilité transfrontalière entre le Luxembourg et la France, les états luxembourgeois et français ont défini une série de mesures, retenues dans le protocole d’accord de Paris, permettant d’améliorer de façon considérable la mobilité transfrontalière, par la mise en place d’une multitude de projets :
- En ce qui concerne les projets en France, un cofinancement franco-luxembourgeois à raison de 50%-50% est prévu pour ces projets afin de permettre une desserte transfrontalière renforcée (cf. liste des projets en annexe 1). L’enveloppe financière engagée par le Luxembourg dans le cadre du protocole d’accord de 2018 et de son avenant de 2021 est de 230 millions d’euros (110+110 millions pour le ferroviaire et 10 millions pour le routier) portant ainsi l’enveloppe franco-luxembourgeoise réservée aux projets cofinancés en France à 460 millions d’euros. Comme les études de plusieurs de ces projets ne sont pas encore suffisamment avancées, l’enveloppe financière finale n’est pas encore définitivement fixée.
- En ce qui concerne les projets au Luxembourg, l’État luxembourgeois finance à 100% des projets permettant d’assurer la bonne arrivée des trains français au Luxembourg (cf. liste des projets en annexe 2).
- Quant à l’offre de mobilité transfrontalière ferroviaire entre les deux pays, le développement de celle-ci est défini par le protocole d’accord et prévoit à terme de faire circuler jusqu’à 10 trains par heure de pointe et par sens dont 8 TER (avec un cadencement augmenté pour devenir un RER métropolitain : en heure de pointe et par direction il y aura 6 trains entre Metz et Luxembourg-Ville ainsi que 8 trains entre Thionville et Luxembourg-Ville), 1 TGV et 1 train de marchandises. Une première phase de développement permettra de faire circuler des trains de voyageurs avec une longueur allant jusqu’à 240 mètres, au lieu des trains de 80 ou 160 mètres. Pour renforcer la composition des trains, il est nécessaire côté français de construire un nouveau centre de maintenance à Montigny-lès-Metz permettant l’entretien de ces rames et d’aménager l’accès au réseau ferré français. 110 millions d’euros seront nécessaires pour une mise en service en 2026, hors acquisition du matériel roulant et son équipement ERTMS (European Rail Traffic Management System / Système européen de gestion du traffic ferroviaire) financé à 100 % par la Région (118 millions d’euros). Des travaux d’allongement des quais de 7 gares (Hettange-Grande, Uckange, Hagondange, Walygator (gare du parc aventure de Maizières-lès-Metz), Maizières-lès-Metz, Woippy et Metz-Nord) à 250 mètres sont actuellement menés pour permettre d’accueillir ces nouvelles rames (16 millions d’euros au total). Une seconde phase de développement permettra de faire circuler 2 TER supplémentaires, après réalisation des aménagements de l’infrastructure côté français, identifiés au protocole (cf. annexe 1).
Toutes ces mesures permettront ainsi de procéder à une montée en puissance conséquente en multipliant la capacité horaire par 2,5 par rapport à l’état avant le lancement des projets du protocole d’accord susmentionné (13 500 places assises en 2025, puis 22 500 places assises en 2030 par rapport à 9 000 places actuellement).
Le protocole d’accord de Paris prévoit également la mise en place de P+R découlant de la coopération transfrontalière franco-luxembourgeoise et permettant d’accroître l’offre de stationnement afin de faciliter l’utilisation du transport public sur route et sur rail (trois parkings relais P+R, en travaux ou réalisés, sont concernés : Thionville Metzange, de la gare de Longwy et de la gare de Thionville).
Pour faire face aux défis liés au manque de capacités et répondre aux demandes actuelles ainsi qu’à l’évolution future des besoins des voyageurs et du fret, le ministre Bausch a présenté ensuite les importants projets ferroviaires en cours au Luxembourg, notamment le projet d’extension de la gare de Luxembourg et la construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg, qui représentent des éléments clés.
Les travaux d’extension et d’adaptation de la gare de Luxembourg, où convergent toutes les lignes principales, revêtent une grande importance pour améliorer la qualité des services en rendant le trafic plus fluide. Dans le cadre du nouveau concept d’exploitation national global, l’état d’avancement des travaux de la nouvelle ligne ferroviaire entre Luxembourg et Bettembourg vise à soutenir les activités en plein essor. Cependant, il est tout aussi crucial d’assurer une intégration des nouvelles voies et une exploitation optimale par la suite du réseau dans sa globalité.
Au niveau des travaux de construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg, quatre des huit ouvrages d’art prévus le long de la ligne ont déjà été achevés.
Le ministre Bausch a également rappelé le projet de la mise à 2x3 voies de l’autoroute A3, avec un élargissement supplémentaire de la bande d’arrêt d’urgence, dont les travaux ont débuté en 2022 et dont la finalisation est prévue pour 2030. Le projet prévoit une priorisation substantielle du transport public routier et du covoiturage. Les modalités techniques de ces priorisations (allocations des voies, contrôles etc.) restent à clarifier par les services compétents luxembourgeois et français.
Le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, a quant à lui, rappelé que la Région allait devenir gestionnaire de l’autoroute A31 (dans la partie non concédée) et souhaite étudier la création d’une voie dédiée aux transports en commun (TC) et au covoiturage en continuité des aménagements réalisés côté luxembourgeois. Les travaux d’élargissement de l’autoroute au nord de Thionville et du contournement de Thionville seront échelonnés entre 2027 et 2035, en fonction des scénarios d’aménagement retenus. Il a également présenté le projet de réalisation d’un schéma des infrastructures de mobilités du territoire lorrain sur la période 2030-2050, piloté par le pôle métropolitain du sillon Lorrain, ainsi qu’une mission exploratoire sur le financement de ces grandes infrastructures.
Cette mission permettra de disposer d’une vision actualisée de l’équipement, des services actuels et projetés du territoire lorrain à l’horizon 2030-2050 en matière d’infrastructures de transport pour la mobilité, d’examiner l’opportunité de nouveaux projets au regard de ces besoins et de mettre en lumière les mécanismes de financements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. Une société de projets pourrait ainsi voir le jour pour poursuivre l’augmentation de l’offre et définir une solution globale pour répondre aux enjeux des mobilités sur cet axe.
Communiqué par le ministère de la Mobilité et des Travaux publics / Région Grand Est
Photo : ©Jean-Luc Stadler