Romain Poulles : « Ne ratons pas cette occasion »

Romain Poulles : « Ne ratons pas cette occasion »

Le CSDD – Conseil supérieur pour un Développement durable – est doté d’une équipe renouvelée. Avec des enjeux non négligeables, notamment pour la sortie de crise et pour préparer l’avenir. Romain Poulles, élu président de cette instance pluridisciplinaire où il poursuit son mandat, nous livre ses premières impressions.

Romain Poulles, vous vous retrouvez à la tête d’un CSDD que vous connaissez bien et qui aborde un nouveau mandat.. Quelle est votre conception de la mission ?
« Nous avons plusieurs missions en fait. Celle qui est directement prévue par la loi invite le Conseil à donner des avis sur demande du gouvernement.

Mais dans l’avenir nous allons plus nous auto-saisir et fonctionner comme « Think Tank ». Ce laboratoire d’idées entend donner des impulsions sur des orientations à long terme pour une politique durable. Il produit des rapports sur des problèmes de fond, et donc des propositions concrètes sur des stratégies politiques, pour l’avenir du pays.

Nous allons aussi être plus actifs dans la sensibilisation des acteurs publics, de la société civile et du grand public, sur les grands enjeux, sur l’approche holistique et systémique nécessaire à une véritable approche socio-économique durable ».

Pouvez-vous dire un mot de la nouvelle équipe en place ?

« Les nouveaux membres sont Georges Bock, Gaby Damjanovic, Christina Ehlert, Marc Elvinger, Véronique Faber, Patrick Losch, Claude Muller, Jacques Pir, Rachel Reckinger et Andrea Rumpf.

Cinq membres du conseil poursuivent leur mission, dont moi-même, à qui la présidence a été confiée. Claudine Lorang et Norry Schneider me seconderont en tant que vice-présidents.

Je pense que la nouvelle équipe est particulièrement bien choisie. Elle est multidisciplinaire, et présente une qualité et une diversité d’expertises, avec parité et équilibre. Le développement durable doit être vu de façon systémique, toutes les disciplines doivent donc être couvertes et tous les angles de vue représentés. Avec la nouvelle équipe en place, nous avons tous les prérequis et des secteurs bien représentés : recherche, éducation, environnement, social, finance, urbanisme, juridique… »

Quel positionnement donner au CSDD ?

« Il est en en partie décrit par la loi. Le CSDD veut avoir une place dans le paysage politique et public, un apport d’expertises indépendants et d’impulsation d’idées. Le CSDD veut de ce fait participer activement à orienter notre société vers un avenir durable. »

Voyez-vous des éléments émerger ou se renforcer dans la ligne de conduite ?

« Beaucoup de choses seront explorées. On peut citer la place trop importante du PIB dans nos décisions stratégiques et comment donner de l’importance au PIB du bien être. Il y a l’empreinte écologique, le footprint national mais aussi le handprint : quels sont les impacts positifs que nous créons à travers nos actions et comment les augmenter ? C’est un enjeu, comme l’est clairement une économie plus résiliente, inclusive et circulaire, qui ne va pas sans une société plus égalitaire.

Et à très court terme, nous nous penchons sur les leçons à tirer de la crise sanitaire et sur quelles mesures durables prendre pour relancer l’économie ».

Quelle est votre vision personnelle, votre message ?

« Le développement durable est l’affaire de tous. Ensemble nous porterons les conséquences négatives de notre système actuel (certainement à des degrés différents) et ce n’est qu’ensemble – tous les secteurs, tous les acteurs de la société civile et la encore à des degrés différents - que nous pouvons changer ce système, pour créer un avenir durable.

Nous sommes en train de vivre une crise qui nous touche tous. Et nous vivons actuellement à petite échelle, en comparaison aux autres crises (climatique, pollution, finitude des ressources, inégalités croissantes, etc), ce que veut dire phénomène exponentiel ou inertie entre action et réaction.

Cette expérience devrait nous permettre de revoir collectivement notre modèle. Ne ratons pas cette occasion. »

Propos recueillis par Alain Ducat

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Publié le jeudi 20 août 2020
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