« Sous les pavés, la nature » : à la découverte de la biodiversité urbaine

« Sous les pavés, la nature » : à la découverte de la biodiversité urbaine

Du 25 avril au 19 octobre 2025, le Musée national d’histoire naturelle présente « Sous les pavés, la nature ». L’exposition invite à découvrir les animaux et les plantes qui composent la biodiversité de nos villes, tout en apprenant comment participer à sa protection et à son développement.

Laura Daco et Thierry Helminger.
Laura Daco et Thierry Helminger. - © Fanny Krackenberger / Picto

La biodiversité est partout. Dans les forêts, les champs ou encore les cours d’eau qui composent le paysage luxembourgeois, mais on la retrouve aussi au cœur des villes du pays. À travers une nouvelle exposition, le Musée national d’histoire naturelle du Luxembourg (MNHNL) explore le sujet de la biodiversité au sein de l’espace urbain pour « amener le public à regarder au-delà du bâti et découvrir toute la diversité des espèces sauvages présentes en ville », déclare la biologiste Laura Daco, l’une des deux commissaires de « Sous les pavés, la nature ».

En plus de mettre en avant les plantes et les animaux qui peuplent les zones urbaines, souvent de manière discrète ou invisible, l’exposition apporte des réponses à plusieurs questions parmi lesquelles : Comment la biodiversité peut-elle s’épanouir en ville ? En quoi est-elle bénéfique pour les citadins ? Comment la construction peut-elle la favoriser ?

Vivre, nourrir et construire en harmonie

« Sous les pavés, la nature » témoigne par exemple de « l’importance de la connectivité entre les espaces verts urbains et des habitats plus naturels en dehors des villes », explique Thierry Helminger, responsable de la section botanique du musée et deuxième commissaire de l’exposition. La sauvegarde des populations d’animaux et de plantes sauvages dépend de ces corridors ou « trames » vertes (pour les espaces verts), bleues (milieux aquatiques) ou noires (obscurité) qui composent le maillage écologique d’un territoire.

Le biologiste souligne également le rôle des services écosystémiques (services qu’un écosystème fournit et dont les humains dépendent, comme défini par l’Union européenne) : « Une biodiversité riche est bénéfique pour la résilience climatique, elle abaisse les températures en ville, réduit le bruit et améliore la qualité de l’air. » Laura Daco ajoute qu’elle a « un réel impact sur notre santé physique et mentale. La présence de biodiversité améliore la qualité du sommeil, réduit le stress et elle est favorable à l’éveil et au développement des enfants. »

« Sous les pavés, la nature » présente notamment les animaux qui peuplent les zones urbaines et des exemples d'agriculture urbaine.
« Sous les pavés, la nature » présente notamment les animaux qui peuplent les zones urbaines et des exemples d’agriculture urbaine. - © Fanny Krackenberger / Picto

L’exposition se penche ensuite sur la fonction nourricière de la nature et présente quelques exemples d’agriculture urbaine. Les visiteurs pourront par exemple découvrir « des tours hydroponiques qui peuvent être une solution pour produire de la nourriture en ville, sur un espace réduit », illustre Thierry Helminger.

Il poursuit : « On se demande aussi ce qu’il est possible de faire dans la construction pour favoriser la biodiversité. Nous présentons des projets qui intègrent des façades et des toitures végétalisées. Un autre sujet innovant est celui de la Baubotanik, une méthode de construction encore conceptuelle dans laquelle les arbres vivants font partie intégrante de l’architecture et de la structure du bâtiment. »

Chacun·e a un rôle à jouer

« Sous les pavés, la nature » interroge les visiteurs sur leur rôle dans la préservation de la biodiversité urbaine. « Pour sensibiliser les gens à cette question, l’idée est de leur montrer l’impact de ce qu’ils peuvent faire à leur niveau », déclare Laura Daco, « et de leur demander s’ils seraient prêts à le faire. » Alors, accepteriez-vous de céder votre place de parking pour laisser place à une parcelle verte ? Seriez-vous prêt·e à tolérer un peu de verdure sauvage devant votre porte ? Même les petits gestes comptent. Laisser plus longtemps les feuilles au sol avant de les ratisser, tondre son gazon moins souvent, faire un trou dans sa palissade pour laisser passer les hérissons, installer des nichoirs pour les oiseaux... Les exemples sont nombreux !

Le MNHNL a imaginé la ville du futur.
Le MNHNL a imaginé la ville du futur. - © « Luxembourg xx » : Jan Kamensky

La meilleure chose à faire est parfois de ne rien faire du tout : la notion de réensauvagement est importante dans le contexte urbain. « Il faut laisser des parcelles sur lesquelles il n’y a aucune intervention humaine. Pour l’entretien des espaces verts, nous donnons plusieurs scénarios qui montrent quelles espèces se développent au fil des années si on arrête de tondre toutes les deux semaines pour passer à une fois par an, ou si on passe à l’écopâturage en installant un enclos avec des moutons, ou encore si on ne fait plus rien du tout. »

Pour aller plus loin dans la sensibilisation, le musée organise une série d’événements autour de l’exposition. « Il y aura des activités pour nos clubs de jeunesse, le Panda Club et le Science Club, mais aussi des conférences sur des sujets très divers, en lien avec la biodiversité ou encore sur comment imaginer notre futur. » Des activités musicales et de médiation seront l’occasion de redécouvrir le jardin du MNHNL qui vient d’être rénové. « Plusieurs spectacles auront également lieu. Il y aura par exemple un show multi-vision d’un photographe allemand qui fait de la macrophotographie de la nature et un spectacle de la comédienne Sofia Teillet intitulé ’De la sexualité des orchidées’ ».

Léna Fernandes