Transition vers 2050 : repenser un territoire (I)

Transition vers 2050 : repenser un territoire (I)

Le Luxembourg, idéalement avec ses voisins, dans une logique de territoire et de bassin de vie, doit penser son avenir. Enjeux : réduire les émissions, changer la consommation, protéger la biodiversité, favoriser la résilience alimentaire, garantir un cadre de vie durable… La transition semble en marche. Infogreen se penche sur des initiatives. Aujourd’hui : la « consultation internationale urbano-architecturale et paysagère » promulguée par le gouvernement.

Dans le contexte « coronarien », l’annonce n’a pas eu trop d’écho. Pourtant le ministre de l’Aménagement du territoire (entre autres charges gouvernementales) Claude Turmes a annoncé fin octobre la reprise d’une grande « consultation internationale urbano-architecturale et paysagère » dans le cadre de « Luxembourg in Transition ».

Elle a été lancée le 16 juin 2020 par le Département de l’aménagement du territoire (DATer) du ministère. Elle est censée rassembler les « visions territoriales pour le futur décarboné et résilient de la région fonctionnelle luxembourgeoise », en clair l’espace transfrontalier qui correspond à un bassin de vie. Elle vise, pour rependre les termes ministériels, à « réunir des propositions stratégiques d’aménagement du territoire » et à « produire des scénarios de transition écologique à l’horizon 2050 pour le Grand-Duché de Luxembourg et ses territoires frontaliers. Elle s’inspire des grandes consultations menées telles que celles du Grand Paris ou du Grand Genève ».

Il y a trois ans, un plan d’action citoyen…

On notera que le processus ne se revendique pas d’une inspiration luxembourgeoise. Il place pourtant cette action-consultation « dans la continuité des deux éléments d’orientation d’envergure établis pour l’avenir du pays, que sont l’étude stratégique de la Troisième Révolution Industrielle, communément appelée Rapport Rifkin, et les résultats du processus de participation citoyenne relatif à la refonte du PDAT (Programme directeur d’aménagement du territoire) menée entre 2017 et 2018 ».

En effet, il y a trois ans - conférence de presse du 24 octobre 2017 – le collègue ministériel et colistier écologiste François Bausch présentait l’avancement des travaux de refonte du PDAT, prévue dans l’accord de coalition du gouvernement.

Ces travaux avaient commencé avec l’année 2016 par la constitution du groupe de travail interministériel, s’étaient poursuivis en novembre 2016 avec un débat impliquant les forces vives, car le gouvernement souhaitait « inscrire les travaux de refonte du PDAT, qui se situent dans la discussion plus fondamentale sur le modèle adéquat de croissance, dans un large processus participatif associant la société civile et les travailleurs frontaliers ».

Suivant une méthodologie de « changement collaboratif, inclusif et décentralisé », la participation citoyenne devait mener à une nouvelle « charte nationale de l’aménagement du territoire ».

Des ateliers régionaux ont été organisés, en 2018 et 2019, à travers le pays et ils ont impliqué au total près de 300 participants, dont les avis ont été actés et débattus, en vue d’un plan d’action citoyen servant de point d’appui à une nouvelle vision territoriale du Luxembourg…

2030, 2050, urgence

En cette fin 2020, le gouvernement est toujours dans le cadre de la refonte de son PDAT. Il s’attache désormais au Pacte Vert de l’Union européenne, un « green deal » qui entend rendre l’économie européenne durable, vise la neutralité carbone, l’ambition de faire des acteurs européens des leaders en technologies propres, dans la volonté de « transformer les défis climatiques et environnementaux actuels en autant d’opportunités dans un vaste ensemble de domaines d’action et en garantissant une transition écologique juste et inclusive pour l’ensemble des citoyens du continent européen ». Le tout cadre avec les 17 Objectifs de développement durable (ODD) établis par les Nations unies, à atteindre à l’horizon 2030.

Le Luxembourg vise 2050 mais entend « reconsidérer en profondeur ses stratégies dans les domaines du logement, de la mobilité, du travail et des loisirs ». Repenser le territoire, son fonctionnement et sa planification dans sa globalité doit permettre, de fait, de « garantir un cadre de vie résilient face aux divers défis – social, territorial et environnemental – imposés par le changement climatique ». L’urgence est manifeste… et elle concerne toute la société.

Le Département de l’aménagement du territoire a donc lancé un nouveau processus, qui sonne comme un appel, baptisé CI-LIT (consultation internationale - Luxembourg in Transition), à une autre échelle, en s’adressant à des équipes pluridisciplinaires.

La rédaction d’Infogreen va tenter, dans une série d’articles, de décrypter les enjeux et les moyens de cette quête d’un territoire résilient. Prochain rendez-vous : les acteurs autour de la table.

Alain Ducat

Photo principale : © Carlo Wies / Inspiring Luxembourg

Photos & Illustrations : SIP/Archives - MEAT/Dater

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Publié le lundi 9 novembre 2020
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