Un Luxembourgeois consomme au moins 130 litres d'eau potable par jour

Un Luxembourgeois consomme au moins 130 litres d’eau potable par jour

Alors que l’eau douce ne représente que 1 % de l’eau mondiale accessible, le Luxembourg gère efficacement cette ressource vitale. Avec 120.000 mètres cubes d’eau distribués quotidiennement, le pays applique une gestion durable de l’or bleu, une ressource à surveiller de très près.

Une ressource limitée et précieuse

L’eau douce constitue à peine 3 % des réserves hydriques de la planète, et la majeure partie est enfermée sous forme de glace (69 %) ou dans des sols profonds inaccessibles (30 %). Selon Romain Lavie, responsable des projets de recherche et innovation liés au cycle de l’eau auprès du Groupe Strane Innovation, « ce contexte laisse seulement 1 % de l’eau totale disponible pour l’humanité (0,975 %) et le vivant (0,025 %) comme les nappes phréatiques, les eaux de surface avec les lacs et les rivières, l’atmosphère et la biosphère qui comprend notamment les végétaux et les animaux ».

Au Luxembourg, chaque jour, 120.000 m³ d’eau potable sont distribués, dont en moyenne 130 litres par habitant (149 litres en France, 128 litres en Allemagne et 119 litres en Belgique). Lorsque les usages économiques sont inclus, ce chiffre grimpe à 200 litres. Ces volumes se maintiennent malgré la hausse constante de la population, notamment grâce à un taux de fuite exceptionnellement bas, inférieur à 5 % dans ses grands centres urbains comme Luxembourg-Ville, grâce à des infrastructures modernes et bien entretenues.

Une gestion locale et durable

Dans la capitale, 60 % de l’eau potable proviennent de sources locales situées dans des zones préservées comme Mühlenbach, Grünewald et Septfontaines. Les 40 % restants sont issus des eaux de surface, principalement du lac de la Haute-Sûre. Ces eaux, minutieusement traitées, garantissent une qualité conforme aux normes européennes.

Évolution de la fourniture en eau potable 2012-2022 (en litres)
Évolution de la fourniture en eau potable 2012-2022 (en litres) - © Ville de Luxembourg

À l’échelle nationale, la répartition est équilibrée entre ressources souterraines et eaux de surface traitées. Les 250 sources naturelles et 40 forages permettent de puiser de l’eau jusqu’à 100 mètres de profondeur, assurant une réserve stratégique. Ce modèle diversifié protège le pays des aléas climatiques tout en répondant aux besoins croissants de sa population et de son économie.

Une consommation modernisée et réfléchie

Dans les foyers de la capitale, la consommation moyenne s’élève à 160 litres par jour et par personne pour les besoins domestiques. Une différence de 30 litres par rapport à la moyenne nationale qui s’explique par une concentration importante d’habitants, contrairement à certaines zones plus rurales, nettement moins peuplées. Une part infime, soit 2 litres, est utilisée pour la boisson et la cuisson, tandis que le reste est réparti entre soins corporels, toilettes, lessives et usages divers comme le lavage des voitures ou l’arrosage.

Cette consommation, maîtrisée et réfléchie, résulte d’équipements ménagers modernes, moins gourmands en eau, et d’investissements massifs dans la détection des fuites. Ces efforts permettent au Luxembourg de garantir un approvisionnement fiable tout en limitant l’impact environnemental.

Au-delà de cette porte, vous plongez vers l'une des nombreuses sources de captage luxembourgeoises.
Au-delà de cette porte, vous plongez vers l’une des nombreuses sources de captage luxembourgeoises. - © Yves Tonnar

Des défis mondiaux à ne pas ignorer

Bien que le Luxembourg illustre une gestion maitrisée, la situation mondiale reste préoccupante : quelque 2,1 milliards de personnes, soit 30 % de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable et 4,4 milliards, soit 60 %, ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité. L’artificialisation des sols, la déforestation et les bouleversements climatiques perturbent le cycle de l’eau, notamment l’évapotranspiration, un mécanisme clé pour les précipitations.

Face à ces défis, le Luxembourg montre que l’innovation, l’investissement et la préservation peuvent faire la différence. Néanmoins, l’avenir de cette ressource précieuse requiert une vigilance collective.

Sébastien Yernaux
Photos : Yves Tonnar (Ingénieur – Responsable Télétransmissions / Ville de Luxembourg)
Article tiré du dossier thématique « Eau-delà »

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Publié le vendredi 24 janvier 2025
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