Un pavillon à empreinte minimale pour un effet maximal
Du 13 avril au 13 octobre 2025, au moins 120 pays se retrouveront à l’exposition universelle d’Osaka. Le Luxembourg y aura un pavillon, une construction zéro carbone pensée selon les principes de l’économie circulaire.
Lors d’une conférence de presse en mai 2022, le ministre de l’Économie Franz Fayot annonçait que le pavillon luxembourgeois qui accueillera les visiteurs de l’Expo 2025 Osaka devra avoir une « empreinte zéro en matière d’émissions de carbone ». Suivant un cahier des charges strict et précis, il reflétera le désir du pays de s’orienter « vers la circularité, la durabilité, vers une économie qui sera décarbonée, digitale et résolument circulaire ».
C’est également la volonté affichée de l’exposition, dont le slogan « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain », repose d’une part sur les objectifs de développement durable (ODD) pour 2030 – soit 5 ans seulement après l’expo – et d’autre part sur la stratégie nationale japonaise 5.0, centrée sur l’humain et insistant encore sur les ODD.
Suite à l’appel lancé plus tôt par le ministère de l’Économie, 12 projets ont été soumis et délibérés. Le concept retenu a été dévoilé en juin. C’est celui développé par le cabinet d’architectes luxembourgeois SteinmetzDeMeyer, en collaboration avec le scénographe allemand Jangled Nerves et les bureaux Ney & Partners, Betic, +Impakt, SECO, le LIST, l’agence japonaise Mikan, Benoît Jacquet (spécialiste en architecture japonaise), Service for Creatives (Séverine Zimmer) et YOStudio.
« Empreinte minimale, effet maximal »
Une « boîte à outils pour un projet circulaire et durable » permet d’aisément identifier l’orientation circulaire des choix pris. Autant de critères appliqués à l’ensemble des processus de construction, d’opérabilité et de déconstruction du pavillon, comme l’indiquent plus précisément les informations suivantes, reprises du dossier de présentation du pavillon « Doki-Doki Lux, The Luxembourg Multiverse ».
La conception passe par une optimisation maximale des ressources utilisées, dans une structure la plus légère possible. Le ratio de la surface nette par rapport à la surface brute a été maximisé pour atteindre 91%. Chaque matériau utilisé devra être accompagné d’un PCDS (Product Circularity Data Sheet), document de référence luxembourgeois à vocation internationale.
La construction sera entièrement réversible grâce à son montage par assemblages mécaniques. L’édifice sera composé d’un ensemble de petits pavillons de tailles diverses, mais réfléchies, puisqu’elles se basent sur les dimensions du tatami japonais, correspondant aux besoins de toute construction standard.
L’utilisation de produits standards japonais – assemblés sans découpes ni percements – favorise encore le réemploi à l’échelle locale à l’issue de l’événement. Par exemple, la couverture des volumes sera réalisée avec des profilés de tôle de voiture standard et le bardage en panneaux de coffrage en bois bakélisé standard. Les éléments seront sélectionnés sur place avec des partenaires locaux, faisant de la proximité un atout majeur pour ce pavillon circulaire. Des partenariats qui privilégieront la location à court terme pour les produits disponibles, et en tout cas certainement pour les bureaux, les équipements scénographiques et la citerne d’eau.
Afin d’afficher le savoir-faire luxembourgeois, les pavés reliant les pavillons seront 100% circulaires, composés de sable, de concassé de grès de Luxembourg et d’argile compressés, suivant un processus mis au point par une start-up sur base de déchets de chantier de construction.
Une toiture globale – « 5e façade du bâtiment » – collectera l’eau de pluie qui sera utilisée dans les sanitaires (le besoin en eau de rinçage des toilettes couvert par eaux pluviales est estimé à 46,9%), pour le nettoyage et l’arrosage. L’emplacement – en hauteur – du réservoir d’eau favorise un remplissage gravitaire des réservoirs de toilette, sans surpresseur. Puisque la pluviométrie locale ne permet pas de combler 100% des besoins, des urinoirs secs sont prévus en complément.
Des arbres placés dans des bacs mobiles accueilleront les visiteurs à l’ombre de leurs branches. Ils seront déplacés tout au long de la journée en fonction des besoins des événements et de l’ensoleillement. En fin de journée, ils regagnent un alignement qui ferme le pavillon.
L’aspect bioclimatisme se poursuit avec le grand voile / toit qui protège les pavillons de l’ensoleillement direct, réduisant les températures surfaciques élevées des toitures. En été, le climat d’Osaka est chaud et humide, présentant des pics de 35° voire plus, mais également des périodes de mauvais temps en raison de la mousson. Pour le confort des visiteurs, le niveau d’humidité dans les pavillons sera diminué en été : d’abord de façon suffisante mais accessoire dans les groupes de ventilation installés en toiture, et ensuite par des groupes de ventilation séparés et propres à chaque pavillon. Le traitement de l’air est réalisé de manière individualisée afin que les équipements utilisés puissent, eux aussi, être facilement réintégrés dans d’autres projets. Pour réduire les consommations électriques et énergétiques, le débit d’air sera adapté en fonction de l’affluence par sonde CO2 et monitoring permanent.
Enfin, la production d’électricité par panneaux photovoltaïques a été étudiée pour perdurer. Au lieu d’être posés sur des toitures temporaires, ils seront vraisemblablement installés à l’extérieur du site : le pavillon luxembourgeois continuera donc à produire de l’électricité verte, des années encore après son démontage, laissant ainsi une empreinte durable positive derrière lui.
Convaincu de l’importance d’une transition du linéaire vers le circulaire, le gouvernement luxembourgeois a d’ailleurs décidé de l’intégrer dans sa scénographie : « le thème de l’économie circulaire étant un élément principal dans la conception et la construction du pavillon, il en devient également un thème à part entière dans l’exposition ». Plus d’informations sur les thèmes et la scénographie dans le document de présentation du pavillon.
Marie-Astrid Heyde
Illustrations : SteinmetzDeMeyer, jangled nerves, Ney & Partners, Betic