Une coopération au profit d’une meilleure mobilité transfrontalière
La ministre Yuriko Backes, le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, et le préfet de la Moselle, Laurent Touvet, ont présenté les avancées de la collaboration transfrontalière entre le Grand-Duché du Luxembourg et la Région Grand Est, ainsi que les projets actuels et futurs pour améliorer la mobilité transfrontalière.
Ce partenariat exemplaire vise à répondre aux besoins croissants de la mobilité transfrontalière. Il repose sur des mesures définies dans le protocole d’accord de Paris de 2018 et l’avenant de Belval de 2021, en cohérence avec les efforts actuels de coopération frontalière et du développement du Plan national de mobilité 2040 au Luxembourg.
Des engagements financiers pour des projets structurants
Pour les projets situés en France, un cofinancement franco-luxembourgeois, réparti à parts égales (50%-50%), est prévu afin de renforcer la desserte transfrontalière.
Protocole initial de 2018 :
1. Augmentation de la capacité électrique
2. Allongement de quais des gares entre Hettange-Grande et Metz
3. Optimisation du cantonnement de part et d’autre de la frontière, création de nouveaux points de changement de voie et interconnexion des installations de signalisation à la frontière
4. P&R à Metzange, à Longwy et à Thionville
5. Reprise du plan de voies de Thionville
6. Suppression de passages à niveau entre Thionville et la frontière
7. Sas Fret : ajout d’une troisième voie côté français avant la frontière francoluxembourgeoise
8. Aménagement du nœud ferroviaire de Metz
9. Réalisation d’interventions complémentaires sur les infrastructures et gares existantes.
Avenant de 2021 :
10. Automatisation ou semi-automatisation de la conduite des trains, appelé ATO
11. Centre de maintenance à Montigny-lès-Metz.
Dans le cadre du protocole d’accord de 2018 et de son avenant de 2021, le Luxembourg a alloué une enveloppe de 230 millions d’euros, comprenant 220 millions d’euros pour les projets ferroviaires, et 10 millions d’euros pour les projets routiers. Ainsi, l’enveloppe franco-luxembourgeoise dédiée aux projets cofinancés en France atteint 460 millions d’euros.
Une mobilité ferroviaire renforcée
Quant à l’offre de mobilité transfrontalière ferroviaire entre les deux pays, les ambitions du protocole d’accord franco-luxembourgeois (2024-2025 et 2028-2030) prévoient à terme de faire circuler jusqu’à 10 trains par heure et par direction, dont un TGV et un train de marchandises.
Une première phase de développement permettra de faire circuler des trains de voyageurs d’une longueur pouvant aller jusqu’à 240 mètres, au lieu de trains de 80 ou 160 mètres actuellement. Pour ce faire, des travaux d’allongement des quais de sept gares (Hettange-Grande, Uckange, Hagondange, Walygator, Maizières-lès-Metz, Woippy et Metz-Nord) à 250 mètres ont été conduits et achevés début 2024, pour un montant 16 millions d’euros au total. Pour renforcer la composition des trains, la Région Grand Est a acquis 16 rames TER2N (5 caisses) auprès de la Région Normandie. L’achat de ce matériel roulant supplémentaire et son équipement ERTMS, représentent un investissement de l’ordre de 118 millions d’euros. L’entretien de ces 41 rames (25 TER2N – 3 caisses et 16 TER2N – 5 caisses) nécessite, toujours côté français, de construire un nouveau centre de maintenance à Montigny-lès-Metz (sud de Metz). 105 millions d’euros seront nécessaires pour une mise en service courant 2026 (hors raccordement ferroviaire).
Une seconde phase de développement permettra de faire circuler 2 TER supplémentaires, après réalisation des aménagements de l’infrastructure côté français, identifiés au protocole.
Ces mesures permettront une augmentation significative de la capacité en heure de pointe, multipliée par 2,5 par rapport à la situation avant le lancement des projets du protocole d’accord mentionné. En 2026, 13.500 places assises seront disponibles (une fois le nouveau matériel roulant en circulation et l’atelier de maintenance de Montigny-lès-Metz pleinement fonctionnel), et ce chiffre atteindra 22.500 places assises à l’horizon 2030, contre 9.000 places actuellement.
Le protocole d’accord de Paris prévoit également la mise en place de P+R, afin d’élargir l’offre de stationnement et de faciliter l’accès aux transports publics, tant sur route que sur rail. Trois parkings relais ont déjà été réalisés : à Thionville Metzange, à la gare de Longwy et à la gare de Thionville (ouverture prévue au 1er semestre 2025).
Pour faire face aux défis liés au manque de capacités et répondre aux demandes actuelles ainsi qu’à l’évolution future des besoins des voyageurs et du fret, la ministre Yuriko Backes a présenté les projets ferroviaires majeurs en cours au Luxembourg.
Moderniser les infrastructures transfrontalières
Le Luxembourg poursuit son investissement considérable dans l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire, avec un budget de 1,3 milliard d’euros pour la période 2021-2024, suivi d’un engagement de 1,7 milliard d’euros pour la période 2025-2028. À ceci s’ajoute l’acquisition de nouvelles automotrices Coradia, pour un montant de 400 millions d’euros, par les CFL. Les 34 automotrices seront livrées progressivement entre 2023 et 2026.
Parmi les projets ferroviaires d’envergure, l’intégration de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg revêt une importance capitale, car la nouvelle gare de Bettembourg deviendra le deuxième pôle d’échange ferroviaire du Luxembourg en termes de trafic voyageurs. Elle sera également rendue accessible aux cyclistes grâce à des rampes aménagées dans un souterrain et une passerelle. La mise en service de cette ligne est désormais prévue pour mi-2027, soit une avancée par rapport à la date initiale de 2028.
Concernant le secteur routier, la ministre Backes a également abordé le projet d’élargissement de l’autoroute A3 à 2x3 voies, accompagné d’un élargissement de la bande d’arrêt d’urgence. Les travaux ont débuté en 2022 et l’achèvement complet du projet d’élargissement de l’autoroute A3 est prévu pour la fin de l’année 2030. Ce projet revêt une grande importance pour l’avenir de la mobilité dans la région transfrontalière entre la croix de Gasperich et la frontière française, avec pour objectif de favoriser les transports en commun et le covoiturage et finalement d’augmenter la fluidité du trafic. À ce jour, les travaux entre la croix de Gasperich et l’aire de Berchem sont en phase finale, avec la mise en place de la signalisation prévue pour mars. Cette étape permettra l’ouverture du premier tronçon stratégique. En ce qui concerne l’élargissement et la réhabilitation simultanés du viaduc de Livange, il est prévu que ces travaux soient achevés avant le congé collectif d’été 2025. Quant à l’élargissement de l’A3 au niveau de l’échangeur de Livange, avec la construction de 4 nouvelles bretelles (Lot B2), le démarrage des travaux est prévu pour septembre 2025. Par ailleurs, le passage à faune à la frontière française, un apport écologique non négligeable, sera opérationnel début 2025.
Le président de la Région Grand Est, Franck Leroy, a quant à lui, rappelé que la Région était, depuis le 1er janvier 2025, gestionnaire de 525 kilomètres de routes, dont l’autoroute A31 (dans la partie non concédée) et souhaite étudier la création d’une mise à 2x3 voies, avec notamment une voie dédiée aux transports en commun (TC) et au covoiturage en continuité des aménagements réalisés côté luxembourgeois. Les travaux d’élargissement de l’autoroute au nord de Thionville et du contournement de Thionville seront échelonnés entre 2027 et 2035, en fonction des scénarios d’aménagement retenus.
La ministre a aussi rappelé l’importance de la coopération franco-luxembourgeoise dans le domaine de la planification. En effet, dans le cadre des futures planifications stratégiques, des enquêtes de mobilité coordonnées sont réalisées au Luxembourg et dans la région Grand Est. Mi-janvier, le Luxembourg a lancé la nouvelle enquête Luxmobil 2025, axée sur les comportements de mobilité des citoyennes et citoyens. Parallèlement, une enquête similaire est menée en France en coordination avec Luxmobil 2025 et dont le volet des travailleurs frontaliers est cofinancé par le Luxembourg.
Planification stratégique pour la mobilité de demain et Service express régional métropolitain
Les projets prévus dans le protocole d’accord et son avenant s’avèrent insuffisants, rendant nécessaire l’intégration de nouvelles idées. Ainsi, en 2024, l’élaboration du schéma des mobilités transfrontalières (SMOT) a été initiée conjointement par la France et le Luxembourg, avec pour objectif de concevoir des solutions visant à améliorer la mobilité de demain. En 2025, le SMOT -Stratégies de mobilité transfrontalières entre l’Allemagne, la Belgique et la France- aboutira à un schéma directeur pour 2030 et 2040, couvrant tous les modes de transport et s’appuyant sur les enquêtes et l’outil de modélisation du trafic routier et des transports en commun (MMUST). Début 2026, une stratégie collective et un schéma de mobilité partagé seront définis, accompagnés d’une liste de projets pour répondre aux besoins des frontaliers à court, moyen et long terme.
Le président de la Région Grand Est a présenté le projet de Service express régional métropolitain (SERM) Lorraine-Luxembourg qui vise à améliorer les mobilités du quotidien en Lorraine et avec le Luxembourg. Des études de préfiguration du SERM ont été engagées en février 2024 par la Région et l’État français, en associant les métropoles de Metz et Nancy. Ces études, financées par la Région et l’État, sont conduites avec la Société des grands projets, SNCF Réseau et SNCF Gares & Connexions.
Le périmètre d’étude du SERM de Lorraine-Luxembourg s’articule autour du sillon lorrain, recouvre les aires d’attraction des métropoles de Metz et Nancy ainsi que l’ensemble des territoires frontaliers du Luxembourg. Son influence concernera une très grande partie de la Lorraine. L’objectif du SERM est d’offrir une offre de mobilité de qualité, accessible et décarbonée qui s’appuie sur l’offre ferroviaire et les cars express, complétée par l’ensemble des autres modes de transport (cycles, covoiturage, transports en communs urbains, …) avec un haut niveau d’interconnexion au droit des pôles d’échanges multimodaux. Le SERM devra aussi proposer des services facilitant la vie des usagers.
Le Grand-Duché de Luxembourg est associé au dialogue territorial et aux instances de pilotage du SERM. Le ministère de la Mobilité et des Travaux publics est intégré à l’équipe de préfiguration élargie qui suit les études. Enfin, le projet de SERM est mené en coordination avec l’étude du SMOT (Schéma de mobilité transfrontalier).
Présentation du centre de maintenance ferroviaire de Montigny-lès-Metz
À l’issue de la conférence de presse, une présentation du projet du centre de maintenance ferroviaire de Montigny-lès-Metz a eu lieu. Dédié au matériel roulant Fluo Grand Est, ce centre représente un investissement global de 105 millions d’euros (hors raccordement ferroviaire), dont 50 millions sont cofinancés par le Luxembourg. Plus grand centre de maintenance de la Région (près de 12 hectares), il accompagnera le déploiement du matériel roulant supplémentaire sur le Sillon Lorrain jusqu’à Luxembourg. Au total, 41 rames à deux niveaux TER2N y seront entretenues et remisées (dont les 16 rames TER2N-5 caisses). Les travaux ont débuté fin 2024 avec pour objectif une mise en service opérationnelle au Service annuel 2027 (décembre 2026).
« Les infrastructures liées au train sont essentielles pour assurer une circulation sécurisée du train et offrir un service de qualité, à la hauteur des attentes de nos passagers actuels et futurs. Ce sont des investissements majeurs pour les travailleurs frontaliers qui empruntent cet axe quotidiennement. »
Yuriko Backes, ministre de la Mobilité et des Travaux publics
« Le centre de maintenance de Montigny-lès-Metz est un projet emblématique de notre engagement pour renforcer les transports transfrontaliers et répondre aux besoins croissants de nos usagers. Cette infrastructure de pointe permettra de garantir l’entretien et la disponibilité d’un parc de matériel roulant plus capacitaire, indispensable pour doubler à terme la capacité d’emport entre la France et le Luxembourg. C’est une réalisation qui illustre parfaitement la coopération entre la Région et le Grand-Duché de Luxembourg, et notre ambition commune d’une mobilité transfrontalière plus durable et performante. »
Communiqué par le ministère de la Mobilité et des Travaux publics et la Région Grand Est