Boucler la boucle
Vendredi 18 mars, à l’invitation de M. Marcato, Infogreen visite les installations de biométhanisation gérées par la société BaKoNa à Itzig.
Quelle ne fut pas notre surprise devant la présentation de ce nouveau projet mené par TereGroup Luxembourg.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore, BaKoNA est la société qui gère la station de bio-méthanisation située aux abords de la ville de Luxembourg, à Itzig. BaKoNa hérite entre autres des déchets de cuisine et déchets organiques de la capitale et d’autres communes… Une solution écologiquement responsable.
Les bio-déchets organiques y sont convertis, par fermentation, principalement en bio-méthane qui sera directement injecté dans le réseau de gaz naturel de Creos.
Au final, il ne reste plus qu’un engrais organique appelé digestat. Plusieurs tonnes de ce digestat sont ici produites chaque année, l’engrais organique sec servira par la suite à l’agriculture comme fertilisant et tout comme le résidu liquide. Ce procédé est maîtrisé, simple et répandu assez largement… Mais ce n’est pas ce qui nous a amenés à Itzig.
Dernier point, il faut noter que la centrale rejette aussi une quantité non négligeable de CO2… plus ou moins 5.000 tonnes par an…
Nous rencontrons donc M. Marcato. Cet homme est animé par un esprit novateur, un aventurier des temps modernes qui souhaite dépoussiérer notre conception de la production d’énergie.
Et justement, à l’heure où le gouvernement avec le ministère de l’Economie et l’IMS lancent la grande réflexion sur la Troisième révolution industrielle, l’opportunité de rencontrer ici un électron libre qui pourrait bouleverser le champ des possibles nous a fortement intéressés.
L’idée est très simple : collecter ce digestat, collecter ce CO2 et par un coup de baguette magique le transformer… en bio-carburant.
Passer du rêve à la réalité ? Comment ?
Les solutions sont dans la nature, la maison-mère de TereGroup, basée en Italie, a découvert, presque fortuitement d’ailleurs, une micro-algue monocellulaire qui se nourrit de CO2 et de digestat ! Et cette micro-algue convertit la matière première en bio-carburant nous déclare M. Marcato.
Nous voilà dans le vif du sujet, passons les détails trop techniques, passons la présentation un peu trop commerciale et allons gaiement dans le projet.
On parle maintenant d’une véritable centrale, industrielle de production de bio-carburant à base d’une technologie innovante, un brevet est d’ores et déjà déposé. Un regard lumineux se pose sur nous… celui de M. Marcato qui s’empresse de nous affirmer Oui, une installation simple. Sur une superficie totale de deux hectares pas plus .
Effectivement, sur le papier, 1 hectare pour la serre et les bioréacteurs, 1 hectare pour les bâtiments administratifs, locaux techniques et voies d’accès.
Le principe
1 serre abrite 2.500 bioréacteurs autonomes et connectables en réseau. Sorte de tubes à essai larges de 60 centimètres et hauts de 4 mètres bien alignés. A l’intérieur de ces tubes, de l’eau, environs 3 millions de litres principalement d’origine pluviale et des micro-algues.
En journée, les algues stimulées par la lumière se nourrissent du CO2 collecté sur les cheminées de la centrale de bio-méthanisation. Au soir, les bioréacteurs sont vidés à 90 %. L’eau dans un circuit fermé est filtrée, purifiée et remplie à nouveau les réacteurs. Cette opération de vidage/remplissage dure 8 heures et se fait de nuit. Au matin, le système est à nouveau opérationnel pour la production.
Après avoir vidé ces réacteurs, on sépare l’eau des micro-algues. Les algues sont mises 4 jours dans des fermenteurs au nombre de 4. Elles sont nourries avec des nutriments et le fameux digestat liquide qui sera au besoin complété avec d’autres intégrateurs alimentaires. Au final, on obtient du bio-carburant.
Si l’on résume cette installation de 2 hectares pourraient produire 3.500 tonnes de bio-carburant par an ! L’équivalent de 1.400 hectares de colza cultivés pour la production d’huile ! Et valoriser près de 10.000 tonnes de CO2 et 10.000 tonnes de digestat chaque année ! renchérit M. Marcato.
Aujourd’hui le projet avance bien. Nous préparons nos dossiers pour autorisation auprès du ministère de l’Economie et de l’ITM. Le LIST a aussi pris connaissance de notre projet , termine-t-il. 2 sites sont en lice pour le Luxembourg à Itzig et Kehlen.
Les perspectives semblent exceptionnelles. Gageons qu’en pratique il en sera de même... A suivre !
Rédigé par FL