Budget 2021 : relance durable, accents verts et solidarité

Budget 2021 : relance durable, accents verts et solidarité

Malgré un contexte de crise qui pèse sur les politiques et les chiffres, le budget 2021 de l’État – qualifié d’exceptionnel- maintient des accents responsables. Le Luxembourg envoie aussi un signal clair vis-à-vis de son ambition climatique. Et le budget met l’accent sur cinq priorités : les investissements pour la relance, la solidarité, le logement abordable, la compétitivité et l’économie durable.

Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a donc déposé mercredi à la Chambre des députés « le projet de loi concernant le budget des recettes et des dépenses de l’État pour l’exercice 2021 », pour reprendre l’appellation officielle. Le parcours budgétaire 2021 est ainsi lancé, et le marathon politique a des airs de steeple-chase dont les haies seraient estampillées « Covid »… Mais manifestement, le gouvernement Bettel veut garder le cap.

Le Premier ministre avait donné le ton, la veille, dans son annuel – et toujours très attendu, et très scruté - discours annuel sur l’état de la Nation. Très orienté sur la crise sanitaire et socioéconomique, il a bien sûr défendu la politique du gouvernement, à l’aune des défis et des mesures d’urgence. Mais Xavier Bettel a aussi imprimé les accents sociaux et environnementaux dans son discours. Pour lui, plus que taxer ou épargner, « c’est le moment d’investir pour remettre notre économie sur les rails ».

Ambition climatique

Les accents sont verts aussi. Et puisque la planète est en danger, Xavier Bettel martèle : « Il n’y a pas de temps à perdre ». Le Luxembourg réaffirme son ambition climatique et le gouvernement rappelle qu’il entend faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 et porter à 25% la part des énergies renouvelables dans la consommation du pays.

Comme en écho, le Premier ministre annonce une augmentation assumée, en 2021, de quelque 5 cents, du prix des carburants routiers.

Le ministre des Finances a lui déposé un « budget dans la continuité des actions pour lutter contre le COVID-19 ». Dans la foulée du paquet « Neistart Lëtzebuerg », les actions budgétaires gouvernementales s’articulent autour de quelques axes prioritaires pour « accompagner une relance durable » : maintenir les investissements à des niveaux élevés, assurer la solidarité, favoriser le logement abordable, renforcer la compétitivité du pays et promouvoir une économie durable.

Investissements records

Pierre Gramegna parle d’investissements « à un niveau record », en l’occurrence 2,7 milliards d’euros pour 2021.

Les infrastructures et la mobilité font partie des priorités, avec notamment un plan de création de 285 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires, de nouvelles rames de trains pour renforcer le parc actuel ou l’extension du tram vers Merl et Cessange.

48% des dépenses au budget 2021 vont aux prestations sociales, subsides et autres subventions dans le domaine social. Le ministre des Finances souligne en particulier la hausse des fonds nécessaires pour renforcer le système sanitaire public et les services de soins. De même, le « Fonds pour l’emploi » et le « Fonds pour les investissements socio-familiaux » se verront dotés des moyens nécessaires pour leur permettre de soutenir le marché du travail et aider les plus démunis à faire face aux défis liés à la crise.

Favoriser le logement abordable...

Si la question récurrente de l’accès au logement ne relève pas de la formule miracle, le Premier Bettel parle d’une série de mesures, confirmées par son grand argentier : le budget du Logement est augmenté de 11% en 2021 et le fonds spécial pour le logement sera doté de 150 millions d’euros, pour favoriser l’émergence du « logement abordable ».

Il y a aussi un coup fiscal porté aux spéculateurs et aux propriétaires : une imposition de 20% des loyers et plus-values immobilières réalisés par les fonds d’investissement dans le pays, plusieurs mesures pour lutter contre la spéculation foncière…

D’autres mesures veulent inciter à la rénovation énergétique, pour les immeubles affectés au logement locatif.

... et les finances durables

Globalement, le budget 2021 prévoit une enveloppe de 547 millions d’euros pour des investissements dans le domaine de la mobilité et du climat. Et aussi une taxe d’abonnement réduite pour les fonds d’investissements durables, qui « permettra de stimuler davantage les investissements verts et à caractère social » dont la Place financière s’est fait une spécialité.

Notons encore, rayon recettes, une taxe CO2 – application du principe pollueur/payeur - à hauteur de 20 euros la tonne, qui sera progressivement augmentée à 30 euros la tonne d’ici 2023.

Dans les grandes lignes, le ministre des Finances table sur un déficit de 1,7 milliard d’euros pour 2021, certes en amélioration par rapport à un solde nominal de l’Administration publique qui devrait s’établir à -4,4 milliards d’euros pour 2020, mais assez loin des marges confortables des années précédentes. Corona et cie sont passés par là : les recettes 2020 s’annoncent en recul, de -5,5%, en 2020. Mais le gouvernement croit à la relance, durable donc, et mise sur une croissance des recettes à +7% en 2021.

Bref, comme le dit Pierre Gramegna : « Un budget exceptionnel pour une époque exceptionnelle ».

Alain Ducat

Photo : Xavier Bettel et, à l’avant-plan, Pierre Gramegna – © SIP / Emmanuel Claude

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Publié le jeudi 15 octobre 2020
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