Cinq ans de COVID-19 : sommes-nous vraiment prêts pour la prochaine pandémie ?

Cinq ans de COVID-19 : sommes-nous vraiment prêts pour la prochaine pandémie ?

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la Covid-19 comme une pandémie. Cinq ans plus tard, une question se pose : La communauté internationale a-t-elle tiré les bonnes leçons ? Serait-elle mieux préparée en cas d’une nouvelle pandémie ? Le point de vue de Médecins Sans Frontières.

« Oui et non », affirme Melissa Scharwey, experte en santé mondiale de Médecins Sans Frontières (MSF) en Allemagne : « D’une part, le monde est mieux préparé aujourd’hui car la Covid-19 a sensibilisé à la nécessité de règles plus efficaces pour la prévention et la réponse aux pandémies », déclare Scharwey. « Un autre aspect important est que le Règlement sanitaire international de l’OMS, juridiquement contraignant, a été renforcé, notamment en intégrant l’accès équitable aux fournitures médicales comme principe central. De plus, la communauté internationale est actuellement en train de négocier un traité sur les pandémies pour mieux coordonner la préparation et les réponses futures. »

Cependant, les efforts restent insuffisants. La pandémie de Covid-19 a mis en lumière la distribution inégale des ressources médicales.

« Pour répondre efficacement à la prochaine pandémie, il faut faire beaucoup plus pour résoudre les inégalités structurelles dans l’accès aux médicaments et aux vaccins », explique Scharwey.

Le Dr Amrish Baidjoe, Directeur de l’unité de recherche opérationnelle de MSF au Luxembourg (LuxOR), partage ces préoccupations et souligne l’échec de la coopération mondiale pour assurer un accès équitable aux fournitures de protection et aux vaccins :


« La pandémie de Covid-19 nous a montré comment nous pouvions travailler ensemble en tant que communauté mondiale. Cependant, elle a également révélé notre incapacité à créer un terrain de jeu équitable en matière d’accès aux outils essentiels pour combattre une crise de cette ampleur. Les pays où MSF opère étaient les derniers sur la liste des priorités pour recevoir du matériel de protection, comme des masques, des équipements de diagnostic et, surtout, des vaccins. »

Dr Amrish Baidjoe, Directeur de l’unité de recherche opérationnelle de MSF au Luxembourg (LuxOR)

Amrish Baidjoe avertit également que peu de progrès ont été réalisés pour résoudre ces disparités :

« Cinq ans plus tard, nous n’avons pas progressé en tant que communauté mondiale sur ces bonnes intentions. Les récents épisodes de Mpox l’ont une fois de plus illustré. Cela souligne la nécessité d’un engagement plus fort en faveur du développement d’outils sous licences ouvertes, pouvant être produits dans le monde entier.

Je crains qu’une nouvelle crise sanitaire majeure ne survienne, non seulement parce que nous n’avons pas progressé dans la mise en place de mécanismes de partage des outils et technologies vitaux, mais aussi parce que nous avons perdu beaucoup de confiance de la part des communautés. »

À Yaoundé, les équipes de MSF ont pris en charge les patients infectés à l'hôpital de Djoungolo, où Epicentre a également mené des activités de recherche opérationnelle sur l'efficacité des tests de dépistage, en partenariat avec le centre national des opérations d'urgence. Cameroun, 2021
À Yaoundé, les équipes de MSF ont pris en charge les patients infectés à l’hôpital de Djoungolo, où Epicentre a également mené des activités de recherche opérationnelle sur l’efficacité des tests de dépistage, en partenariat avec le centre national des opérations d’urgence. Cameroun, 2021 - © Vanessa Fodjo/MSF

La confiance, selon Dr Baidjoe, est un élément essentiel de la préparation aux pandémies : « Les épidémies, qu’elles soient de petite envergure ou qu’elles aient un potentiel pandémique, commencent et se terminent au sein des communautés. Pourtant, dans de nombreuses régions du monde, les intervenants en santé doivent faire face à un déclin de la confiance des communautés. Or, cette confiance est essentielle à notre travail en tant que prestataires de soins, mais aussi pour prévenir les maladies et assurer aux patients l’accès aux traitements appropriés. Face à la désinformation omniprésente, il est plus important que jamais de redoubler d’efforts pour renforcer nos liens humains avec les populations et les communautés. »

Melissa Scharwey ajoute que les mécanismes de réponse internationale aux pandémies n’ont pas été suffisamment efficaces. « À l’époque, les pays ont réagi principalement au niveau national à un problème mondial. La solution apportée par la communauté internationale n’a pas été suffisamment efficace », explique-t-elle. Il y a eu des tentatives de partage des vaccins avec tous les pays, « mais celles-ci étaient toujours insuffisantes et dépendaient de la bonne volonté des nations individuellement. »

Si nous ne voulons pas répéter les erreurs de la pandémie de Covid-19, le traité sur les pandémies doit donner la priorité non seulement à l’efficacité et à la transparence, mais aussi à l’équité et à la solidarité », insiste Scharwey.

Cela signifie, entre autres, que pendant une pandémie, les monopoles de marché ne devraient pas être protégés et que tous les fabricants qualifiés devraient être autorisés à produire des vaccins et des médicaments. Pour y parvenir, les connaissances, les technologies et la propriété intellectuelle doivent être partagées. De plus, les personnes ayant participé aux essais cliniques pour le développement des vaccins devraient avoir la garantie d’un accès au produit final.

Enfin, un dernier point doit être priorisé pour l’avenir : la protection des soignants et des autres groupes à haut risque dans le monde entier. Sans leur sécurité et leur confiance, une réponse efficace aux pandémies restera hors de portée.

Communiqué par MSF Luxembourg
Photo : ©Mariana Abdalla/MSF

Contribution partenaire in4green
Publié le jeudi 13 mars 2025
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