COP29 : des milliards en promesse, des divisions en héritage

COP29 : des milliards en promesse, des divisions en héritage

La COP29 à Bakou s’est achevée sur un accord financier controversé. Promettant 300 milliards de dollars par an pour aider les pays vulnérables d’ici 2035, l’engagement est jugé insuffisant par nombre de participants. Ce sommet, marqué par des tensions sur le financement et l’inaction climatique, laisse un sentiment d’inachevé.

La 29ᵉ Conférence des Parties (COP29) s’est conclue à Bakou par un accord financier controversé, marqué par de vives tensions entre pays riches et nations vulnérables. Après douze jours de négociations ardues, un engagement a été pris pour mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 afin d’aider les pays en développement à faire face aux conséquences du changement climatique. Cependant, ce montant est jugé largement insuffisant par de nombreux participants, notamment les États insulaires et les nations les plus pauvres, qui réclamaient le double.

Les critiques ont été particulièrement virulentes. L’Inde, par la voix de sa déléguée Chandni Raina, a qualifié l’accord de « dérisoire » et a reproché à la présidence azerbaïdjanaise une gestion chaotique des négociations. Des représentants africains et insulaires ont exprimé leur désarroi face à un financement jugé trop tardif et flou dans sa mise en œuvre. Pour Mohamed Adow, de l’organisation Power Shift Africa, cet accord est une trahison des pays riches qui ne prennent pas sérieusement leurs responsabilités climatiques. De même, Tina Stege, émissaire des îles Marshall, a dénoncé un texte inadéquat, adopté malgré des protestations véhémentes.

Absence de clarté pour certains

Les divisions ont également émergé sur la transition énergétique. Contrairement aux attentes, le texte final ne mentionne pas explicitement la sortie des énergies fossiles, un acquis difficilement obtenu lors de la COP28. Au contraire, il inclut une mention favorable au rôle des combustibles de transition, notamment le gaz naturel, ce qui constitue une victoire pour les pays pétrogaziers comme l’Arabie saoudite. Cette absence de clarté a déçu les Européens, qui espéraient des mesures plus ambitieuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Bien que certains, comme le président américain Joe Biden et le commissaire européen Wopke Hoekstra, aient salué cet accord comme un progrès significatif, d’autres, notamment le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ont exprimé des sentiments mitigés, espérant un résultat plus ambitieux. Le sommet a révélé une fracture persistante entre les attentes des pays les plus vulnérables et les concessions des nations développées, laissant un lourd travail pour la prochaine COP à Belém, au Brésil.

En somme, cet accord, considéré par beaucoup comme un compromis insuffisant, reflète les défis persistants des négociations climatiques internationales, où les intérêts divergents compliquent la recherche d’un consensus véritablement ambitieux.

La COP29 : point de vue du gouvernement luxembourgeois

Au terme de négociations difficiles et laborieuses, les 195 Parties à l’Accord de Paris sur le climat, dont la délégation luxembourgeoise menée par le ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité Serge Wilmes, ont réussi à adopter un accord sur le nouvel objectif collectif quantifié de financement climatique (NCQG). Celui-ci prévoit la mise à disposition de 300 milliards de dollars par an d’ici à 2035 pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts en matière d’atténuation, d’adaptation et de pertes et dommages. Ce nouvel objectif représente une augmentation substantielle par rapport aux 115,9 milliards de dollars que les pays développés ont fournis et mobilisés en 2022, selon les chiffres compilés par l’OCDE.


« L’accord sur le NCQG à la COP29 de Bakou a marqué le début d’une nouvelle ère pour le financement climatique international. Les pays développés ont non seulement triplé leurs engagements d’ici à 2035, ils ont également réussi à inviter d’autres pays comme la Chine et les États arabes du Golfe à contribuer à ces mêmes efforts. À Bakou, l’Union européenne unifiée a pris son rôle de leader en rassemblant beaucoup de pays en développement autour d’un projet commun afin de rendre possible cet accord. »

Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité

Cependant, la COP29 n’a malheureusement pas pu conclure sur la question du suivi des décisions concernant la réduction globale des émissions et l’abandon progressif des énergies fossiles. Sans décision sur ces points, les discussions concernant les efforts pour limiter le réchauffement mondial à 1,5 degrés continueront l’année prochaine.

Ensemble, le consensus de Dubaï et le NCQG de Bakou fournissent une base solide aux pays signataires de l’Accord de Paris qui devront soumettre de nouvelles « contributions nationales » suffisamment ambitieuses avant la COP30, qui se tiendra l’année prochaine au Brésil.

La COP29 a également adopté une série de décisions concernant l’article 6 de l’Accord de Paris relatif aux marchés de carbone. Ceci autorise, standardise et rend transparent les échanges mondiaux de crédits carbone, permettant ainsi de finaliser un aspect central de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Lors du discours national, le ministre Serge Wilmes a annoncé la nouvelle enveloppe luxembourgeoise pour le « financement climatique international » de 320 millions d’euros pour la période 2026-2030, adoptée par le Conseil de gouvernement le 15 novembre. Il s’agit d’une augmentation significative et généreuse qui confirme l’engagement international du Luxembourg dans la lutte contre le changement climatique et affirme son caractère de leader au moment crucial des négociations sur le nouvel objectif collectif quantifié.

Rencontres de nombreux partenaires internationaux

Parallèlement au processus de négociation de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la délégation luxembourgeoise a également rencontré plusieurs partenaires internationaux dans le cadre d’échanges bilatéraux, apporté son soutien aux jeunes participant.e.s luxembourgeois.es et suivi un programme de conférences au pavillon représentatif mutualisé entre les pays Benelux et la Banque européenne d’investissement (BEI).

Pour la première fois cette année, deux jeunes déléguées au climat luxembourgeoises, Natasha Lepage et Frida Thorsteinsdottir, faisaient partie de la délégation luxembourgeoise. Elles ont participé à un programme spécifique dédié aux jeunes négociateurs, ont conseillé les membres de la délégation sur les priorités climatiques de la jeunesse et ont participé activement aux négociations.

Le Luxembourg a invité à deux événements parallèles dans le cadre du « bouclier mondial contre les risques climatiques (Global Shield) », une initiative qui vise à renforcer la position des pays en développement vulnérables au changement climatique et à améliorer leur protection financière pour prévenir, minimiser et traiter les pertes et les dommages causés par les effets néfastes du changement climatique. Le Luxembourg a jusqu’à présent contribué 5,5 millions d’euros au Bouclier mondial, dont 2,5 millions d’euros dans la Facilité de financement du Bouclier mondial.

Par ailleurs, les quatre premiers projets issus de l’incubateur Resilient Landscapes Luxembourg, lancé en collaboration avec CIFOR-ICRAF et qui vise la mobilisation de capitaux privés à fort impact dans les solutions fondées sur la nature, ont été présentés.

Sébastien Yernaux

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Publié le lundi 25 novembre 2024
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