Des hydroliennes dans les fleuves ?
L’hydrolienne fluviale serait-elle LA réponse aux besoins en énergie renouvelable de certaines zones naturelles protégées ou de certaines régions dans des pays en voie de développement non encore entièrement raccordés à un réseau électrique ?
D’abord, qu’est-ce qu’une hydrolienne fluviale ? Cela ressemble à une plateforme, une barge amarrée en fait, sous laquelle se trouverait une sorte de ventilateur. Il s’agit donc d’une infrastructure légère (visuellement parlant), qui ne défigure pas le paysage (seule la plateforme est visible, la turbine étant immergée), ne perturbe en rien la navigation, est inoffensive pour la faune et la flore et, surtout, qui peut produire de l’énergie verte en permanence.
Cette technologie récente est le fruit d’années de recherche pour plusieurs PME européennes et nord-américaines. Parmi les défis technologiques à solutionner figuraient notamment la gestion des corps flottants qui risquent d’abîmer ou d’entraver la turbine, mais aussi l’optimisation du rendement du générateur grâce à de l’électronique de pointe. C’est aujourd’hui chose faite et le produit est en voie d’industrialisation.
Parmi les fabricants d’hydroliennes fluviales, la start-up française HydroQuest, fondée en 2010, dispose de 9 brevets fruits de 10 ans de recherche à l’Institut polytechnique de Grenoble. Elle a déjà installé une hydrolienne fluviale en Guyane et une autre sur la Loire à Orléans et se lance aujourd’hui dans le déploiement d’une ferme de 39 hydroliennes fluviales rassemblées sur 2 km en aval du barrage Génissiat dans l’Ain, près de la frontière suisse. La mise en service est annoncée pour 2018, « une première mondiale », d’après Ahmed Khaladi, chef de projet à la Compagnie nationale du Rhône (CNR), cité par Les Echos. Le projet, annoncé le 9 février dernier, est porté par un consortium entre le CNR, HydroQuest et les Constructions mécaniques de Normandie qui fabriqueront les hydroliennes dans leur usine de Cherbourg. Il est subventionné pour moitié par l’État français (6 millions sur les 12 que nécessite l’installation). Les turbines pourront produire 6.700 MWh par an en moyenne, « soit la consommation d’environ 2.700 habitants et l’équivalent de 2.000 tonnes d’émissions de CO2 évités par an », indique la CNR sur le site Web Energeek.
Bien que les grands groupes ne semblent pas intéressés par ces machines du fait de leur modeste puissance (80 kW par unité), « le marché est évalué à 15 milliards d’euros sur dix ans dans le monde », confiait Jean-François Simon, PDG d’HydroQuest à la revue Sciences et Avenir, il y a un peu plus d’un an.
Mélanie Trélat