Devoir de mémoire : 15 Luxembourgeoises racontent l'histoire de leur grand-mère

Devoir de mémoire : 15 Luxembourgeoises racontent l’histoire de leur grand-mère

L’asbl Femmes Pionnières du Luxembourg présentait ce 7 novembre son livre intitulé Eis Groussmammen : 15 Enkelinnen erzählen von ihren Großmüttern.

Femmes Pionnières du Luxembourg a pour principaux objectifs de « rendre visibles les histoires des femmes et leurs réalisations au Luxembourg, ainsi que valoriser la contribution des femmes dans notre société ». Expositions, conférences, tables rondes et même un film présenté lors de l’Exposition universelle à Dubai en 2022… L’association multiplie les canaux pour sensibiliser aux sujets qui lui tiennent à coeur.

C’est à présent à travers un livre qu’elle poursuit sa mission. L’ouvrage a été initié par Sandie Lahure, Joëlle Letsch, Colette Mart, Netty Thines et Josiane Weber, administratrices de l’asbl. La conception graphique et la mise en page ont été réalisées par l’agence Médiation.

Dans son introduction et dans la préface du livre, Joëlle Letsch, présidente, précise le cheminement qui a mené à ce livre : « Le fait que, dans notre pays, il existe peu de témoignages sur les projets de vie des femmes, nous a motivées à publier un livre sur l’identité féminine et la féminité du siècle dernier et sur les personnalités de ces grands-mères ».


« Ces histoires montrent également l’évolution des rôles féminins au fil du temps. Les petites-filles offrent un aperçu fascinant du passé, des événements familiaux et des expériences personnelles. Elles décrivent les conditions sociales de l’époque, les défis auxquels les femmes sont confrontées dans leur vie quotidienne, mais aussi leurs opportunités et possibilités. Les histoires de ce livre parlent d’amour et de perte, de tradition et de progrès, de force et de persévérance. »

Joëlle Letsch, présidente de Femmes Pionnières du Luxembourg

Joëlle Letsch, présidente de l'asbl / Les petites-filles et les grands-mères, en couverture du livre
Joëlle Letsch, présidente de l’asbl / Les petites-filles et les grands-mères, en couverture du livre

L’écriture a donné l’occasion aux autrices et petites-filles, de revivre l’histoire de leur grand-mère en prenant un certain recul, marqué par leur maturité et par les changements sociétaux, les menant à remettre en questions certaines actions ou décisions prises par leurs ancêtres.

Lors de la présentation officielle du livre, organisée par l’agence Médiation au sein de la boutique Ernster du centre commercial Cloche d’Or, une bonne partie des autrices était présente pour présenter leur contribution et leur point de vue sur l’émancipation de la femme au fil du temps.

Josiane Weber :

« Le lycée de jeunes filles a été aménagé seulement en 1909 et le droit de vote des femmes 1919, mais pendant longtemps il n’y a eu qu’une seule femme à la Chambre des députés. Aujourd’hui au Luxembourg, les femmes peuvent être libres, de faire ce qu’elles veulent, de travailler, d’étudier, elles ne sont pas forcées de se marier et d’avoir des enfants.

Ma grand-mère, Josephine Kaslel-Irrthum était une femme très forte. Elle a passé 4 années à Paris en tant que bonne. À son retour, elle a refusé de se marier et a étudié deux ans dans une maternité pour devenir sage-femme. Elle a finalement été mariée, dans un mariage arrangé, mais, je dois dire, très heureux. Elle a travaillé comme sage-femme indépendante toute sa vie et a été très présente pour ses enfants et petits-enfants. »

Josiane Weber et Christiane Kremer lors de la présentation du livre à la Cloche d'Or
Josiane Weber et Christiane Kremer lors de la présentation du livre à la Cloche d’Or

Christiane Kremer :

« J’avais 18 ans quand ma grand-mère, Anne Kremer-Feyder, est décédée. En m’intéressant à sa vie, en discutant avec ma tante et mon oncle qui vivent encore, j’ai remarqué que je ne la connaissais pas comme elle était vraiment. Je la trouvais toujours très calme et gentille, mais elle était aussi quelqu’un d’énergique quand il fallait prendre des décisions, même quand cela allait à l’encontre de son mari ou de sa famille. Lorsqu’elle a épousé mon grand-père, elle est allée vivre dans sa famille et ça ne se passait pas très bien. Elle a alors décidé de rentrer chez ses parents . En 1930, elle a osé faire cela. Finalement cela s’est arrangé. Elle était très engagée pour sa famille. Par exemple, la tradition voulait que le fils aîné reprenne la ferme familiale. Elle a dit ‘non’, car il étudiait très bien. Elle s’est battue pour qu’il puisse poursuivre ses études. »

Sur les 15 témoignages du livre, 4 sont en français. Il s’agit des témoignages de

  • Corinne Cahen sur Salomé Ackermann-Loriner (1904-1981) : En souvenir de ma grand-mère
  • Claudine Konsbruck sur Nelly Konsbruck-Hartmann (1914-2006) : Une femme dans l’ombre
  • Claudie Reyland sur Marguerite Greisch-Biwer (1914-2011) : Mumi, mon intrépide grand-mère : un héritage compliqué
  • Anouk Bastian sur Marie-Claire Bastian-Spiegel (1925-2008) : Femme de vigne, femme de coeur et de caractère

Eis Groussmammen : 15 Enkelinnen erzählen von ihren Großmüttern est en vente, entre autres dans les librairies Ernster, au prix de 45 euros.

Marie-Astrid Heyde

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Publié le vendredi 8 novembre 2024
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