Marche pour la Terre : s'engager pour un renouveau de la mobilisation climatique

Marche pour la Terre : s’engager pour un renouveau de la mobilisation climatique

Entre cris d’alerte et célébration de la planète, la Marche pour la Terre veut ancrer le 22 avril dans les esprits. Appels à l’action, témoignages et ambiance festive ont rythmé cette édition, centrée sur la justice climatique et l’urgence d’agir à l’approche de la COP30.

Après les Fridays for Future et une mobilisation assez forte de la jeunesse ces dernières années, les manifestations pour le climat ont marqué le pas avec la crise sanitaire.

« Même si on a beaucoup de défis aujourd’hui au niveau géopolitique, l’urgence climatique devrait toujours être aussi au premier plan », explique Anna Topliski de CELL, Citizens for Ecological Learning Luxembourg. « Ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas que ça n’existe pas, et que ce n’est pas une réalité avec laquelle on doit vivre et qu’on doit affronter. »

Debora Paolini, CELL
Debora Paolini, CELL - ©Picto


« Ces deux dernières années ont été les plus chaudes, aussi au Luxembourg. On pense que ce problème n’est pas encore perçu correctement. C’est une marche pour la Terre, mais aussi une marche pour la justice climatique. Il est important de se souvenir qu’il n’y a qu’une humanité, même si on ne perçoit pas les problèmes qui se passent de l’autre côté du monde. »

Debora Paolini, CELL

Faire du 22 avril une date symbolique

La date n’a pas été choisie au hasard pour ce rassemblement initié par une vingtaine d’organisations de la société civile, dont CELL, ASTM, Greenpeace Luxembourg, Kliko, SOS Faim, Handicap International Luxembourg et la Fondation Partage.

Anna Topliski précise : « Il y a vraiment l’idée de pouvoir pérenniser cette Journée internationale de la Terre nourricière, du 22 avril, pour qu’elle devienne une date marquée dans les calendriers, comme la marche du 8 mars par exemple, pour les femmes. »


« C’est un choix que nous avons fait au sein du réseau Votum Klima, d’utiliser cette date du 22 avril pour essayer de ranimer le mouvement climatique qui, avant le Covid, était quand même fort. On essaie de rassembler les gens qui s’engagent pour cela, et d’avoir un impact dans les médias, sur les gens. Nous souhaitons montrer qu’il y a des groupes qui travaillent sur ce sujet, qui veulent que le Luxembourg collabore à des solutions aux problèmes actuels, qui sont quand même énormes. Même si le Luxembourg n’a qu’un petit rôle à jouer, qu’il le joue ! »

Raymond Klein, ASTM (Action Solidarité Tiers Monde)

Pour ancrer cette date dans les habitudes des résidents et des frontaliers, plusieurs éditions seront sans doute nécessaires, ainsi qu’un engagement constant des ONG organisatrices. Très investies, ces dernières peinent toutefois à mobiliser massivement : un peu plus de 150 personnes étaient présentes ce mardi soir.

Témoigner pour conscientiser

Anna Topliski, CELL
Anna Topliski, CELL - ©Picto

L’événement s’est ouvert sur un musée climatique vivant et éphémère : « C’est une cérémonie symbolique. C’est l’histoire de nos vies, l’histoire de notre génération qui vit cette crise climatique. C’est important de raconter, d’archiver, pour nous et pour les prochaines générations », contextualise Anna Topliski.

Les participants ont partagé des expériences vécues, au Luxembourg et au-delà. Un Malgache a évoqué les cyclones de plus en plus violents qui le mettent en état d’alerte ; un Espagnol, les pluies meurtrières qui ont fait 228 victimes à Valence en octobre 2024.


« Notre maison au Luxembourg, au bord de l’Alzette, a été inondée en 2021. L’année suivante, le canyon du Verdon, qui alimente le lac près de notre maison familiale, s’est complètement asséché. J’observe désormais les oiseaux, les arbres et les insectes avec une forme d’inquiétude, de peur de les voir disparaître. »

Marie-Béatrice Noble, ambassadrice du EU Climate Pact

Une attente politique forte autour de la COP30

Raymond Klein, ASTM
Raymond Klein, ASTM - ©Picto

Belém (Brésil) accueillera, en novembre prochain, la COP30, conférence internationale des Nations unies sur le climat. Pour Raymond Klein, représentant de l’ONG ASTM et du réseau Votum Klima, cet événement doit marquer une nouvelle étape historique : « On parle tout le temps de Paris, en 2015. Ce n’était pas parfait mais c’était un grand pas en avant par rapport à ce qui se passait. Et là, on aurait une fois de plus besoin d’un grand pas en avant. Or ce n’est pas certain du tout que ça se fasse. Nous avons donc une attente à court terme, qui est que le gouvernement se positionne de manière ambitieuse lors des négociations de la COP30. »

À plus long terme, le Luxembourg devra poursuivre ses efforts sur son propre territoire,
« mais aussi intervenir et mettre l’argent sur la table pour des mesures dans le Sud global. C’est quelque chose qui ne fait pas assez du tout pour le moment ». La dette climatique du pays reste élevée, malgré sa petite taille.

Votum Klima espère pouvoir participer à la COP30 sur place, mais rien n’est encore garanti, faute de place disponible. « Qu’on y aille ou non, nous allons dans tous les cas suivre cela de très près, en tant qu’ONG accréditée, et en collaboration avec nos partenaires du Sud. »

Un appel clair à l’action

Dans son communiqué, CELL a réaffirmé les demandes portées par les manifestants :

  • une sortie accélérée des énergies fossiles,
  • une justice climatique mondiale reconnaissant l’impact disproportionné sur les populations du Sud,
  • une transition juste, qui n’exclut personne,
  • une responsabilisation ferme des pays industrialisés à la COP30.

Une marche militante et festive

Le cortège est parti du ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, appelant à des actions concrètes. À l’arrivée, place Guillaume II, les messages d’alerte ont laissé place à une ambiance plus légère, rythmée par des DJ sets.

La Marche pour la Terre est aussi une célébration : celle d’une planète exceptionnelle et de ses huit milliards d’occupants.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Picto

À l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière, la rédaction d’infogreen.lu a sorti son dossier du mois « inTERREdépendance ».

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Publié le mercredi 23 avril 2025
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