Écologie pour les riches, survie pour les pauvres : la fracture durable
Dans un échange riche en réflexions, marqué par une perspective pragmatique et réaliste, Alexandra Oxacelay, invitée du podcast One Planet, 20 Futures, aborde une question centrale : comment une société peut-elle prétendre être durable lorsqu’une personne sur cinq vit en situation de précarité ?
Dans la salle à manger d’une petite entreprise durable au Solarwind, au Windhof, on a installé un petit studio plus ou moins improvisé pour enregistrer cet onzième épisode du podcast One Planet, 20 Futures. Notre host, Cédric Reichel s’assoit sur l’une des chaises de bar avec son invitée du jour, Alexandra Oxacelay. Même si elle est nerveuse, celle qui est directrice de la Stëmm vun der Strooss depuis 25 ans sait de quoi elle parle.
Après une petite introduction, les deux interlocuteurs plongent dans les thématiques de la justice sociale, la pauvreté et la richesse, des sans-abris, des drogues et évidemment de la durabilité. « La pauvreté a changé », constate Alexandra. « Elle ne concerne plus uniquement les sans-abris visibles dans les rues, mais aussi ceux qui travaillent beaucoup sans pouvoir joindre les deux bouts ». C’est surtout depuis la crise du Covid que la pauvreté a pris un nouveau visage. De plus en plus de gens viennent en voiture à la Stëmm pour un plat chaud le midi, car ce n’est plus faisable autrement pour eux. « L’accès au travail, et donc à un revenu digne, est indispensable pour l’inclusion sociale », rappelle la directrice. « Ce n’est pas suffisant de fournir aux gens un revenu d’inclusion sociale, il faut surtout faciliter l’accès au travail. »
Quand Cédric lui demande si « un pays où un cinquième de la population est concerné par le risque de la pauvreté peut être durable », elle estime que non, ce n’est pas possible. La durabilité reste une proccupation pour les riches, qui peuvent se permettre d’acheter des produits plus durables et donc plus chers, même si ce sont eux qui émettent le plus de CO₂ au final. Le changement climatique renforce les injustices sociales et creuse un écart de plus en plus important entre les riches et les pauvres. Mais, « pour qu’une société soit durable, les styles de vie responsables doivent devenir accessibles à tous. » conclut Alexandra.
Un projet qui permet justement d’atteindre cet objectif est le « Caddy » de la Stemm vun der Strooss, grace auquel on évite le gaspillage alimentaire, crée de l’emploi et fournit des plats chauds pour les personnes nécessiteuses. Cet après-midi-là, je sors de l’enregistrement avec une phrase d’Alexandra qui me reste dans la tête, une phrase presque trop simple mais vraie : « Une société juste, c’est une société qui ne laisse personne derrière. »
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Article de Nathalie Schroeder, pour le Conseil supérieur pour un développement durable