Égalité des genres : entre progrès réalisé et à concrétiser

Égalité des genres : entre progrès réalisé et à concrétiser

Même si les mentalités évoluent favorablement, les femmes et les hommes ne sont pas encore traités d’égaux à égaux. Cela se vérifie autant sur le plan professionnel que privé. Pourtant, arriver à une équité a un impact positif sur l’économie d’un pays.

Comme le souligne le rapport d’activité 2022 de l’Observatoire de l’égalité, « si l’indépendance économique est un but en soi pour toute personne, elle est également une condition préalable à la réalisation de la croissance économique, de la prospérité et de la cohésion sociale d’un pays. Les indicateurs dans le domaine de l’emploi sont importants pour mesurer les inégalités relatives au taux d’emploi, au chômage, à la prépondérance par secteur d’activité de l’un ou l’autre sexe, ainsi que pour mesurer les différences au niveau de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.
Accroître la participation des femmes dans l’emploi ainsi que l’indépendance économique des femmes et des hommes est un des objectifs de la stratégie en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes 2020-2025 de la Commission européenne. L’augmentation du taux d’emploi des femmes permet de faire plein usage des talents et ressources disponibles.

Selon une étude réalisée par McKinsey, une réduction des inégalités dans le secteur professionnel pourrait doubler la contribution des femmes à la croissance du PIB global entre 2014 et 2025. Actuellement, même si elles représentent la moitié de la population en âge de travailler, elles génèrent seulement 37 % du PIB. La réduction des inégalités au niveau du taux d’emploi permettrait par ailleurs de réduire le risque de pauvreté des femmes, et plus précisément la pauvreté des femmes âgées, celles-ci contribuant elles-mêmes pour leur pension. Une participation plus importante des femmes dans le monde du travail bénéficierait aux pays dont la population vieillit de plus en plus et faisant face à une pression du pool des personnes en mesure de travailler. »

Même si le Luxembourg est un bon élève en termes d’équité, force est de constater qu’il existe tout de même encore des écarts dans certains domaines. C’est notamment le cas pour le travail à temps partiel où 77 % des personnes ayant opté pour cette solution sont des femmes. Constat identique pour le chômage où on observe une majorité de femmes. Enfin, au niveau de la population active (20-64 ans), le taux d’emploi est de 68 % pour les femmes et 77 % pour les hommes (67 % et 79 % au niveau européen).

Équilibre vie professionnelle / privée

Aujourd’hui, bien que les femmes soient de plus en plus présentes sur le marché du travail, elles assument toujours une part disproportionnellement élevée des tâches ménagères et de soins. Mais cet écart diminue de manière significative, notamment grâce aux nombreuses mesures prises en faveur des pères qui peuvent ainsi plus délaisser leur vie professionnelle en faveur de leur vie privée.

Au Luxembourg, les réformes sur le congé parental, la mise en place du congé de paternité rémunéré, le chèque-service accueil ou encore la gratuité de l’éducation non formelle témoignent de cette évolution. Ces initiatives gouvernementales visent, pour les femmes, une croissance de l’emploi, une augmentation de leurs revenus et la progression de leur carrière. Pour l’économie, on s’attend à un pool de main d’œuvre et de talent plus élevé ainsi qu’à un absentéisme moins important.

Dans le même temps, on constate une augmentation significative du congé parental pris par les hommes. Il est d’ailleurs plus important que chez les femmes, pour les pères de 35 ans et plus. Ce qui prouve que les mentalités ont changé, notamment dans l’investissement en faveur de l’éducation et de la participation aux tâches ménagères.

Évolution du nombre de congés parentaux
Évolution du nombre de congés parentaux

Les revenus

Même si le combat est encore long, les études démontrent que l’écart entre la rémunération horaire brute moyenne a tendance à se réduire. Le Luxembourg fait d’ailleurs office de bon élève européen. Toutefois, certains secteurs comme les finances et les banques ont encore de très gros efforts à produire pour réduire cet écart défavorable aux femmes.

L’égalité salariale entre hommes et femmes a fait des progrès très importants au Luxembourg pour en arriver à un écart de rémunération de 0,7 % en 2020, tandis que l’écart de rémunération en UE est de 12,7 %. Que le Luxembourg se positionne ainsi montre que le marché de l’emploi luxembourgeois est atypique. Les causes potentielles des différences restantes pourraient être le temps partiel et son influence négative sur l’accès à l’emploi, les augmentations de salaire et progressions de carrière.

Sébastien Yernaux, sur base du rapport d’activité 2022 de l’Observatoire de l’égalité
Tableaux : ©Observatoire de l’égalité
Article tiré du dossier du mois « Regards de femmes »

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Publié le mardi 23 janvier 2024
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