Gaz : achats groupés et mécanismes de solidarité
Claude Turmes se félicite de la mise en place d’une plateforme d’achats conjoints de gaz à l’échelle européenne. Et plaide pour une montée en puissance de l’hydrogène renouvelable.
Le Conseil des ministres de l’Énergie de l’Union européenne, tenu à Luxembourg, a validé l’option de mécanismes et de principes solidaires pour pallier à l’urgence des prix élevés. Sur le gaz, en tout cas, la machine avance.
Le ministre de l’Énergie Claude Turmes se félicite de la mise en place d’une plateforme d’achats conjoints de gaz : « Cette formule permet une meilleure coordination des achats de gaz ; il faut maintenant aller de l’avant pour rendre ce système opérationnel le plus rapidement possible et agréger un volume significatif de demande. Le Luxembourg est prêt à prendre toute sa part dans ce mécanisme », commente-t-il dans un communiqué.
Le Conseil des ministres n’a pas fini de tourner plein gaz sur les sujets du marché énergétique, où des propositions restent sur la table - comme celle de découpler les prix de l’électricité et du gaz. Les travaux de la Commission, en gros pour faire face aux prix élevés de l’énergie, renforcer la sécurité d’approvisionnement et préparer l’hiver, avaient effectivement proposé l’achat conjoint de gaz et des mécanismes de limitation des prix de référence (sur une « bourse » du gaz, le Dutch TTF).
Il est aussi question de nouvelles mesures sur l’utilisation transparente des infrastructures, la solidarité entre les États membres ainsi que les efforts continus pour réduire la demande de gaz.
Un vecteur énergétique utile s’il est durable
Lors du Conseil à Luxembourg, les ministres en charge de l’énergie ont également échangé sur les règles relatives au marché de l’hydrogène dans le cadre du « Paquet gaz », présenté par la Commission en décembre 2021.
Et cela intéresse particulièrement le Luxembourg. Pour Claude Turmes, « l’Union Européenne doit monter en puissance sur l’hydrogène, qui est un vecteur énergétique utile à la décarbonation de secteurs pour lesquels l’électrification est difficile à mettre en place, comme une partie de l’industrie lourde ou encore le transport aérien et maritime. »
Le Grand-Duché, avec essentiellement l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, le Danemark ou le Portugal, considèrent que « seul l’hydrogène renouvelable est durable et doit bénéficier de soutien public ».
Le ministre Turmes s’est d’ailleurs clairement exprimé dans ce sens face à ses pairs. S’il plaide pour l’hydrogène vert et renouvelable, il est contre le « blending » de l’hydrogène avec le gaz naturel.
Explications du ministère luxembourgeois : « l’hydrogène est un produit à haute valeur ajoutée, les consommateurs industriels veulent avoir accès à un produit pur et non pas mélangé avec du gaz naturel. Le blending entraîne des effets négatifs sur le climat, étant donné qu’il perpétue une économie tournée sur les énergies fossiles. Le ministre de l’Énergie souligne qu’il faut développer un réseau dédié à l’hydrogène ».
Les différents types d’hydrogène sont classés en fonction du processus de production et des émissions de gaz à effet de serre qui en résultent. L’hydrogène renouvelable (ou vert ou propre) est produit par l’électrolyse de l’eau en utilisant de l’électricité provenant de sources renouvelables et n’émet aucun gaz à effet de serre pendant sa production.
Au printemps dernier, les parlementaires européens avaient d’ailleurs estimé, dans un rapport demandant une classification plus précise et homogène, que seul l’hydrogène vert produit à partir de sources renouvelables peut contribuer durablement à la neutralité climatique à long terme.
Alain Ducat
Photo : Adobestock