Glyphosate interdit : le Luxembourg pionnier

Glyphosate interdit : le Luxembourg pionnier

C’est officiel, avec l’annonce confirmée ce jeudi par son ministre de l’Agriculture, le Grand-Duché deviendra le premier pays de l’Union européenne à interdire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à base de glyphosate à partir du 1er janvier 2021.

Le gouvernement s’y était engagé dans son acte politique de naissance. Le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, Romain Schneider, l’a confirmé ce jeudi de manière officielle. En bannissant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques à base de glyphosate sur les sols luxembourgeois, le Grand-Duché deviendra le premier pays à interdire cette substance active tristement célèbre, présente notamment dans un certain nombre d’herbicides.

Comme le prévoyait l’accord de coalition 2018-2023, ce sera « l’abandon de l’utilisation du glyphosate pour le 31 décembre 2020, dans le respect des dispositions légales pertinentes ». Selon le ministre Schneider, les acteurs concernés - agriculteurs, viticulteurs, maraîchers et autres titulaires d’autorisations - ont été informés au préalable par les services compétents.

Plus d’autorisation de mise sur le marché dès le 1er février

Les mesures prévoient un retrait total en trois phases : retrait de l’autorisation de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate à partir de ce 1er février 2020, un délai d’écoulement des stocks étant accordé jusqu’au 30 juin et un « délai de grâce » pour l’utilisation de ces produits par les utilisateurs professionnels ou privés, jusqu’au 31 décembre 2020.

Clairement, le glyphosate sera légalement rayé de la carte (et surtout des sols) du pays à partir du 1er janvier 2021. Le Luxembourg fera ainsi œuvre de pionnier, puisque, pour rappel, la substance tant décriée pour ses effets nocifs – mais dont les intérêts économiques sont manifestement bien défendus par d’actifs lobbyistes – reste permise au niveau européen, jusqu’au 15 décembre 2022.

Aux yeux de Romain Schneider, la décision du gouvernement luxembourgeois est un geste fort qui « a la capacité de produire un effet de levier important dans l’ensemble de l’Union européenne, sachant que d’autres pays, notamment l’Autriche, ont entamé des démarches similaires ».

Encouragement à anticiper

Mais ce n’est pas parce que le produit sera toléré jusque fin 2020 qu’on ne peut pas y renoncer avant… Certains exploitants se sont engagés volontairement depuis l’automne dernier, pour entamer l’année culturale 2019-2020. Et ils seront récompensés : « ils seront indemnisés dans le cadre de la prime à l’entretien du paysage et de l’espace naturel », confirme le ministre. « Les exploitants qui se sont engagés à respecter cette condition recevront une compensation supplémentaire par hectare de 30 € pour les terres arables, 50 € pour les terres viticoles et 100 € pour l’arboriculture fruitière ».

Romain Schneider tient d’ailleurs à saluer « l’engouement des agriculteurs » qui s’engagent à renoncer au glyphosate avant la date charnière du 31 décembre. De fait, à ce jour, 592 des 1005 exploitations agricoles ayant confirmé leur participation au programme de la prime à l’entretien du paysage et de l’espace naturel, s’engagent sur base volontaire dans cette action particulière, en anticipant la date butoir fixée.

Une avancée majeure

Romain Schneider salue également le fait que les vignerons luxembourgeois sont les premiers au sein de l’Union européenne à avoir renoncé volontairement, à 100%, à l’utilisation du glyphosate, dès cette saison 2019-2020. En outre, les viticulteurs qui s’engagent à bannir tout emploi d’herbicides dans leur vignoble seront indemnisés entre 500 et 550 Euros par hectare, selon la pente du terrain.

Pour le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, la sortie du glyphosate constitue « une avancée majeure qui s’inscrit dans l’engagement du gouvernement à réduire considérablement l’usage de produits phytopharmaceutiques en général ».

Le Plan d’Action national vise une diminution de moitié de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques d’ici à 2030, et une réduction de 30 % des « big movers » (les produits les plus dangereux, voire les plus utilisés), dont font partie les produits à base de glyphosate, à l’horizon 2025.

Alain Ducat

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Publié le vendredi 17 janvier 2020
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