L’aiguilleur
La Chambre des Métiers a engagé une vaste réforme visant à faire en sorte que le Brevet de Maîtrise reste le diplôme de référence qu’il est aujourd’hui, notamment en y intégrant la juste dose de digitalisation, et elle s’est associée à l’IFSB et aux Centres de Compétences pour proposer une offre de formation continue pertinente dans l’intérêt du secteur de la construction.
Quelle est l’importance de la formation pour la Chambre des Métiers ?
La formation est un pilier central de nos missions, puisque l’artisanat a besoin de plus en plus de personnel bien formé et qualifié. Cette tendance est liée à l’augmentation de la taille des entreprises qui engendre de nouveaux défis pour les salariés, ainsi qu’aux évolutions technologiques et à la digitalisation qui ont des répercussions sur l’organisation. Le sujet est non seulement important pour ceux qui travaillent déjà dans le secteur, mais aussi pour les futurs artisans. C’est pourquoi nous nous sommes engagés dans une vaste réforme des Brevets de Maîtrise.
En quoi consiste-t-elle ?
Nous allons passer de 37 Brevets de Maîtrise, soit un brevet par métier tous secteurs confondus, à une douzaine, soit un brevet par domaine. Ce qui signifie, par exemple, qu’à l’avenir, les brevets Électricien, Chauffage-sanitaire et Électronicien seront rassemblés sous un seul et même Brevet de Maîtrise Génie technique du bâtiment et que le Brevet de Maîtrise Toiture remplacera les brevets Charpente et Couvreur.
À quelle échéance cette réforme entrera-t-elle en vigueur ?
Un 1er brevet est opérationnel depuis la rentrée 2017-2018. Il s’agit du Brevet de Maîtrise Artisan en alimentation qui regroupe les métiers de traiteur, boucher et boulanger-pâtissier. Nous avons mis 10 mois pour élaborer ce projet. Les réflexions ont été menées avec les chefs d’entreprise, les fédérations et les enseignants pour aboutir à un profil et à un programme. Les travaux pour le Brevet de Maîtrise Génie technique du bâtiment ont commencé en janvier 2018 et ceux pour le Brevet de Maîtrise Toiture débuteront en septembre. Ces brevets seront organisés de façon plus modulaire, avec tous les outils pédagogiques qui existent, et bien sûr avec la dose de digitalisation nécessaire, sachant que cela peut varier d’un secteur d’activité à l’autre. La Chambre des Métiers est très impliquée avec le ministère de l’Éducation nationale dans ce sens.
Comment accompagnez-vous les entreprises artisanales dans la digitalisation ?
Nous avons mené une enquête auprès du secteur, fin 2017, pour évaluer où il se situe par rapport à la digitalisation. Il en ressort que 68 % des entreprises ont conscience des enjeux liés à la digitalisation, mais qu’elles n’en ont pas une vue d’ensemble et qu’elles n’ont pas d’aperçu de l’offre qui existe pour les accompagner dans sa mise en œuvre.
Cette étude révèle aussi très clairement un manque de ressources et de compétences, surtout dans les petites structures. Partant de ce constat, nous avons mis en place e-handwierk, un service qui sensibilise les entreprises qui ont « la tête dans le guidon » et ne voient pas ce qui est en train d’arriver, informe celles qui sont intéressées et les guide vers les acteurs dont elles ont besoin pour évoluer. Nous jouons le rôle d’un aiguilleur. Pour ce faire, nous avons constitué une équipe de 3 personnes qui se rendent sur le terrain, dans les entreprises, depuis le 2 janvier 2018. Cette équipe reçoit beaucoup de demandes, des questions simples et comme des questions plus complexes. Pour y répondre, nous sommes en train de construire un réseau de partenaires, qui sont, par exemple, la MPME pour les finances, les Centres de Compétences et l’IFSB pour la formation, ou encore Luxinnovation. Nous organisons également des worshops thématiques sur des sujets très pointus comme la facture électronique. Notre site Internet propose des fiches d’information et met en avant les best practices d’entreprises qui sont avancées dans le processus de digitalisation. Précisons que le niveau de digitalisation dans l’artisanat va de l’entreprise qui a tout juste une adresse mail à l’entreprise qui a un drone pour mesurer une toiture et calculer combien de tuiles seront nécessaires pour la refaire.
Quelle est l’offre de la Chambre des Métiers dans le domaine de la formation continue dédiée au secteur de la construction ?
La Chambre des Métiers, l’IFSB et les Centres de Compétences Parachèvement et Génie technique du bâtiment se sont associés pour proposer l’offre la plus complète et la plus complémentaire possible, en faveur du secteur. Ceci a abouti à la publication d’une brochure commune, dans laquelle les formations Artisan maison passive, ainsi que celles qui sont liées à la rénovation énergétique restent toujours très prisées.
https ://www.cdm.lu/formation-continue/
agenda-des-formations
Photo : Marie-De-Decker / Interview de Tom Wirion,
Directeur de La Cambre Des Métiers Luxembourg
Mélanie Trélat
NEOMAG#15
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