
L’IA : un indéniable apport
Récemment, les pays baltes se sont déconnectés du réseau électrique russe. Après une très courte période de transition en autarcie, ils ont rejoint le réseau européen sans difficulté majeure. L’intelligence artificielle (IA) et les technologies associées ont largement contribué à cette transition fluide.
Ce qui a été réalisé à grande échelle entre plusieurs pays se produit aussi au quotidien, à plus petite échelle, dans notre propre gestion énergétique. L’IA et les technologies connexes facilitent la circulation des flux d’énergie, aussi bien à l’échelle locale que domestique.
IA et gestion des ressources énergétiques
À l’origine, le réseau électrique a été conçu pour acheminer l’énergie des producteurs vers les consommateurs. Désormais, avec la multiplication des unités de production, grandes et petites, un flux bidirectionnel s’impose. Cette nouvelle dynamique nécessite une gestion optimisée.

Les énergies renouvelables ne coïncident pas toujours parfaitement avec la demande, car leur production est parfois décalée dans le temps ou, au contraire, excédentaire. C’est là qu’intervient l’IA : elle permet d’analyser et d’optimiser la gestion des flux énergétiques en traitant de vastes quantités de données. Parmi ces données figurent les prévisions météorologiques (ensoleillement, couverture nuageuse, vitesse du vent) ainsi que l’activité des principaux consommateurs, tels que les véhicules électriques, les pompes à chaleur et les batteries domestiques.
Cette meilleure précision dans la gestion des flux énergétiques ne profite pas uniquement au réseau lui-même. Elle a aussi un impact direct sur les prix. Lorsque l’énergie manque, elle est achetée sur le marché de l’électricité (marché spot), où les coûts varient selon l’offre et la demande. Des prévisions plus précises permettent de mieux anticiper la mise en service des unités de production supplémentaires, limitant ainsi l’exposition aux fluctuations du « merit order » et réduisant la dépendance aux énergies fortement émettrices de CO₂. Moins les fournisseurs d’énergie ont besoin de faire appel à des prévisions incertaines, plus les bénéfices sont importants, tant pour eux que pour les consommateurs qui en assument le coût.
IA et consommation optimisée
La refonte des tarifs d’utilisation du réseau électrique incitera les consommateurs à repenser leur consommation d’énergie. L’un des objectifs est d’encourager une utilisation plus équilibrée de l’électricité, notamment en incitant les usagers à privilégier les périodes où l’énergie est moins chère (« flatten the curve »).
Si cette prise de conscience peut être bénéfique pour chacun, particulier ou entreprise, l’IA et les technologies associées jouent un rôle clé dans l’optimisation de cette consommation. Elles permettent, par exemple, d’automatiser la programmation de certains appareils énergivores : recharge des véhicules électriques, utilisation des sèche-linges ou lave-vaisselles aux heures les plus avantageuses, etc. Grâce à des algorithmes avancés, l’énergie est utilisée de manière plus rationnelle, et les batteries sont gérées de façon optimale.
Ces nouvelles habitudes, rendues possibles par l’IA, ne se limitent pas à une simple question de confort ou d’économie : elles contribuent aussi à réduire l’empreinte carbone des bâtiments existants et futurs. Outre les initiatives comme Smarty+, le protocole KNX s’impose comme un standard global pour l’automatisation des bâtiments. Il permet de centraliser et de piloter de manière intelligente tous les systèmes d’un bâtiment : éclairage, ventilation, sécurité, chauffage, etc. L’IA, en ajustant ces paramètres en temps réel, maximise l’efficacité énergétique tout en améliorant le confort des occupants. Cette approche doit être adoptée non seulement dans les nouvelles constructions, mais aussi dans les projets de rénovation énergétique.
IA et facture énergétique allégée
Les bâtiments connectés jouent un rôle essentiel dans la transition énergétique au Luxembourg. Grâce aux solutions de gestion automatisée, les résidences et bureaux peuvent surveiller et ajuster leur consommation en temps réel. Les systèmes d’optimisation du chauffage, de l’éclairage et de la ventilation s’appuient sur des capteurs pour limiter le gaspillage énergétique.
L’IA et les technologies associées prennent en charge ces tâches fastidieuses, tout en aidant à réduire les coûts énergétiques. En accélérant les processus d’apprentissage et en automatisant la gestion de l’énergie, elles permettent surtout de consacrer plus de temps aux choses essentielles de la vie.
L’IA est donc, sans aucun doute, un indéniable apport.
Texte de Paul Zens, président Eurosolar Lëtzebuerg a.s.b.l.
Photos : © Eurosolar Lëtzebuerg a.s.b.l.