La 3D débarque sur les chantiers !
Réalité virtuelle et réalité augmentée sont deux technologies qui ont déjà fait leurs preuves dans plusieurs secteurs comme la médecine ou l’armée. Elles arrivent aujourd’hui sur les chantiers de construction où chacune a son propre intérêt suivant la finalité visée.
Interview de Mehdi Halal, gérant chez BIMCONSULT et BIM Specialist
Réalité virtuelle/réalité augmentée, quelle est la différence ?
La réalité augmentée permet d’ajouter une dimension supplémentaire au réel en y superposant des données ou des images virtuelles.
La réalité virtuelle, c’est l’immersion complète dans un environnement numérique 3D au moyen d’un casque d’immersion.
À quoi ces technologies peuvent-elles servir dans le secteur de la construction ?
On utilise la réalité augmentée pour réaliser des vues à 360 degrés de pièces ou de locaux, ce qui permet par exemple de visualiser les installations techniques présentes sous un faux plafond ou derrière une cloison, simplement par le biais d’une tablette tactile que l’on déplace dans toutes les directions. On peut ainsi vérifier en situation « réelle » qu’une gaine est bien placée et qu’elle n’entre pas en conflit avec un autre élément ou bien que ce qui a été réalisé est conforme à ce qui a été dessiné. Il existe aujourd’hui également des casques de chantier qui combinent le monde virtuel et le monde réel à travers l’apparition, sur la visière, de contenus digitaux (tels qu’une notice d’utilisation, des données géographiques ou encore la température de certains tuyaux) qui se superposent avec la réalité.
La réalité virtuelle permet, quant à elle, de s’immerger virtuellement dans le chantier. Comme on le ferait lorsqu’on joue à un jeu vidéo, on place le casque d’immersion sur sa tête et on se retrouve plongé dans un environnement modélisé en 3D en faisant abstraction complète de la réalité. Ceci permet de visualiser de manière très réaliste ce qui n’existe pas encore : on peut, par exemple, voir à quoi ressemblera un local technique encore vide d’éléments de chauffage, de ventilation et d’air conditionné, une fois que tous les équipements auront été installés.
Mais là où je vois le principal avantage de la réalité virtuelle, c’est en tant qu’outil de commercialisation. Elle permet au futur acheteur d’une maison ou d’un appartement qui n’est pas encore construit de le visiter comme s’il s’y trouvait physiquement. Ses mouvements sont reproduits dans la maquette. Il peut donc s’y promener, interagir et se rendre compte de certains paramètres qu’il ne pourrait pas apprécier sur un plan : la proximité du vis-à-vis, la vue qu’il a quand il est assis sur son canapé, la luminosité de la pièce en fonction de l’heure et de la saison, par exemple. C’est beaucoup plus vendeur !
C’est beaucoup plus vendeur certes, mais cela a aussi un coût. Quel est le rapport entre le bénéfice pour le vendeur/l’acheteur et les frais liés au développement ?
À partir du moment où l’on travaille en BIM, le développement ne représente pas un travail supplémentaire important dans la mesure où la réalité virtuelle et la réalité augmentée sont un des 21 cas d’usage du BIM, au même titre que la coordination des maquettes numériques de l’architecte, de l’ingénieur Structure et de l’ingénieur Techniques spéciales, ou que la 4D qui consiste en la planification des différentes phases du projet dans le temps. Réalité virtuelle et réalité augmentée font donc partie intégrante du processus BIM et sont juste des éléments à prendre en considération au moment de la modélisation de la maquette numérique. Il suffit alors de quelques clics pour la transformer en modèles exploitables en réalité virtuelle ou augmentée. Que ce soit pour des maisons ou, a fortiori, pour des appartements qui font partie d’ensembles résidentiels où plusieurs logements ont la même configuration, les frais sont donc amortis. Et ce, d’autant plus que modéliser, même si cela demande du temps, coûte toujours moins cher en travail et en matériaux que de construire réellement un appartement type, pour un résultat tout aussi convaincant !
Il manque cependant une dimension pour un acheteur potentiel qui est de voir et de sentir les textures des matériaux. C’est la prochaine étape ?
Il est vrai qu’on ne peut pas encore sentir les choses, mais il est fort probable que cela arrive bientôt. Le cinéma propose déjà des expériences sensorielles, alors pourquoi pas la réalité virtuelle ?
Mélanie Trélat
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