Lancement du magazine 4X3 : l’événement de l’engagement
Donner la parole aux acteurs du changement pour faire bouger les lignes. L’événement reflète les valeurs de l’édition déclarée d’utilité publique. Les murs des Ateliers du Tricentenaire ont résonné de fructueux échanges autour de la finance durable et de la mobilité douce. Flux et reflux autour d’alternatives efficaces.
Vous n’étiez pas au 23e coup d’envoi 4X3 ? Voici le résumé de ses meilleurs moments.
En préambule, Christophe Lesuisse, Directeur général du Tricentenaire Groupe s’est remémoré le lien fort qui unit le magazine 4X3 et la société coopérative.
Pour la 2e fois, les superbes et fonctionnelles installations de Bissen, entre Mersch et Ettelbruck, accueillaient un événement 4X3, 5 ans après le premier. Un bout de chemin, main dans la main.
Le Groupe Tricentenaire, 45 ans d’existence, a répondu en 2005 aux exigences de la commune de Bissen pour la création d’un bâtiment tampon entre le village et le zoning artisanal. Aujourd’hui les locaux accompagnent 100 à 110 personnes en situation de handicap vers une inclusion professionnelle épanouissante.
Au rez-de-chaussée, destiné aux activités thérapeutiques, s’ajoute entre autres : une imprimerie artisanale, une agence de voyage et les incontournables chocolats du cœur. N’hésitez pas à passer vos commandes en prévision des fêtes de fin d’année ! Les ingrédients sont tous issus du commerce équitable, Fairtrade.
Frédéric Liégeois, fondateur et directeur d’infogreen.lu et du magazine 4X3 a mentionné le projet de renaturation et les essences arboricoles plantées par sa société d’impact sociétal (SIS) autour du site du Tricentenaire, une autre manière de tisser un lien pérenne au fil des cernes annuelles de l’arbre.
Il a ensuite ouvert les débats sous le signe d’une expression née des monnaies « battues » par les seigneurs d’autrefois « frappé au coin du bon sens », un leitmotiv que devrait adopter chaque organisation, avant d’évoquer le projet humanitaire qui est au centre du 23e magazine et qui ne l’a pas tout à fait laissé intact.
Les équipes d’infogreen.lu ont accompagné AEIN (Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal) au Népal pour mener à bien des missions de terrain : sécurité alimentaire, accès à l’eau, éducation, développement social, autonomisation des femmes, etc.
« Un tel voyage est une manière d’aller vers l’autre mais aussi d’aller vers soi. C’est le temps de l’introspection, les réponses sont d’abord en nous et c’est ce chemin que je vous invite à suivre ».
Une transition parfaite avec les trois protagonistes d’une autre finance, plus équitable et plus durable, souvent, à l’attention de pays en voie de développement.
« L’âme de fonds », plongée au cœur de la finance durable
Nicoletta Centofanti, Manager général pour Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) a commencé par détailler les missions de cet organe consultatif indépendant, fruit d’un partenariat mixte (public et privé) : « sensibiliser, promouvoir et aider à développer des initiatives de finance durable au Luxembourg ».
« Nous sommes tous des épargnants » et notre argent peut ainsi servir des projets vertueux. Le LSFI plaide pour la prise en compte et l’application des critères ESG dans les mouvements financiers auprès de l’ensemble des parties concernées :
- Secteur financier
- Recherche et innovation
- ONG
- Société civile
Pour Nicoletta Centofanti, si le secteur financier estime que « la finance durable est en croissance constante, il s’agit de savoir exactement de quoi on parle ». La taxonomie européenne qui tente de définir la durabilité d’un produit financier apportera peut-être des éléments de réponses.
À sa suite, Anne Bastin, Directrice du réseau InFINe.lu (Inclusive Finance Network Luxembourg) a symbolisé le besoin de finance inclusive par le chiffre de la Banque Mondiale : « sur la planète, 2,5 milliards de personnes n’ont aucun accès aux services financiers ».
L’écosystème InFINe et ses 37 membres se servent du Luxembourg comme d’une plateforme d’excellence pour résoudre cette inégalité, dans les pays du sud comme dans les pays du nord et le Grand-duché. Ainsi, ils mettent en place des solutions d’accession à l’épargne, au crédit, de micro-assurance et de transfert d’argent que la POST Luxembourg vient de rendre gratuit.
« La finance inclusive est le digne successeur de la microfinance apparue dans les années 70 et d’un de ses précurseurs, Muhammad Yunus, instigateur de la première institution de microcrédit », contextualise Anne Bastin. Aujourd’hui, elle indique que la protection des clients est venue s’ajouter aux services habituels. « En Afrique, certains systèmes pyramidaux font des ravages, notre rôle est aussi d’assurer une régulation ».
Deux évènements emblématiques sont inscrits à l’agenda d’Anne Bastin : « la semaine africaine de la microfinance au Togo du 16 au 20 octobre » et « la semaine européenne de la microfinance (SEM) qui se tient à l’Abbaye de Neumünster du 15 au 17 novembre.
ADA (Appui au développement autonome), la plus grande ONG basée au Luxembourg est un membre du réseau InFINe.lu. Des valeurs communes transitaient donc du discours d’Anne Bastin à celui de Mathilde Bauwin, responsable gestion des connaissances ADA.
Cette dernière a introduit une notion qui depuis dix ans bouleverse le champ d’action de la finance inclusive : le changement climatique. « Les personnes sans accès aux services financiers sont aussi les plus exposées aux dérèglements climatiques. Il faut donc prendre en compte l’enjeu environnemental dans nos aides au développement ».
Outre les lignes de crédits ouvertes pour soutenir une agriculture durable, ADA équipe les petites exploitations agricoles des pays du sud avec des équipements alimentés par les énergies renouvelables.
Parmi les services d’ADA, Mathilde Bauwin a extrait celui d’assurance indirecte, qui permet de déclencher une indemnisation automatique en cas de sinistre, sans expertise préalable.
Mathilde Bauwin a admis que pour les grandes institutions financières, « la finance inclusive reste une niche » mais que les « besoins de ressources pour alimenter leurs portefeuilles » poussent des investisseurs dans cette direction.
De plus, les synergies dans la finance durable vont crescendo. Si autrefois, tout se déroulait en silo, désormais, on tend vers plus d’intégration et ce, de plus en plus avec les acteurs financiers luxembourgeois.
Nicoletta Centofanti appuie à cet instant sur l’importance de faire partager les expériences d’ADA et d’InFINe pour que « le voyage (vers la finance responsable) soit plus rapide ».
L’autopartage ou carsharing comme feuille de route
Sébastien Berthelot, fondateur et CEO de Moovee, a usé d’une expression pleine d’à-propos : « les stigmates de la mobilité au Luxembourg et dans la Grande Région ».
Il a concédé que la mobilité luxembourgeoise est un « vrai sujet historique de positionnement social » et qu’il est par conséquent difficile de modifier les habitudes.
De ce constat, pour soulager ces symptômes, Moovee propose une solution de carsharing flexible et intelligente.
Pour contrer l’autosolisme ancré dans les mentalités, il oppose un partage institutionnalisé dans les entreprises et les administrations. Le véhicule d’entreprise ne doit plus être attitré.
Sébastien Berthelot a analysé un sondage sur les raisons de cet entêtement : « 70 % des interrogés répondent que leur dépendance à la voiture est liée au confort. » Pas le confort matériel, mais le confort du déplacement et de sa liberté.
Ainsi, le covoiturage se heurte encore aux contraintes horaires pour nombre de collaborateurs, ce que l’autopartage peut résoudre. Tout comme les problèmes de stationnement. « Au Luxembourg, 1 seul employé sur 6 possède une place de parking professionnelle ».
Pour répondre aux attentes, l’entreprise peut mettre à disposition sa flotte professionnelle pour des déplacements individuels. Les mêmes véhicules pour un usage privé, en soirée ou en week-end.
De plus, la mutualisation des besoins et la délégation de service entraînent une gestion facilitée pour l’entreprise, ainsi qu’une meilleure maîtrise des coûts.
« L’autopartage n’a pas d’impact fiscal particulier. Les employés sont invités à payer une compensation salariale à hauteur de leurs besoins de mobilité. C’est une source de revenus supplémentaire pour l’entreprise », précise le fondateur de Moovee. « Les prix sont compétitifs, de 30 % à 50 % inférieurs (à ceux pratiqués habituellement) ».
Quand il lui a été demandé un exemple concret et réussi de flotte autopartagée, il cite Arendt & Medernach Luxembourg, le cabinet indépendant d’avocats d’affaires. La gestion dynamique du temps de partage a permis une inversion du modèle traditionnel dans un milieu socioprofessionnel généralement très attaché à la propriété. De cette expérience, il distingue cependant un vrai différentiel générationnel. Les moins de 30-35 ans sont bien plus enclins à adopter ce nouveau système.
Une dernière question à l’attention de Sébastien Berthelot : « comment faire quand on doit recharger son véhicule électrique ? ».
Voici la réponse qu’il a donnée : « la recharge se fait dans l’entreprise. Aujourd’hui, l’autonomie des véhicules électriques suffit pour combler les déplacements privés du quotidien. En cas de voyages, des cartes d’accès permettent l’utilisation des bornes de recharge partout en Europe ».
Dans les mots de Sébastien Berthelot, la solution carsharing n’a jamais semblé souffrir d’un seul inconvénient.
Chaîne de solidarité pour SOS Villages d’Enfants Monde
Certaines habitudes ne sont pour autant jamais banales. À chaque évènement du magazine 4X3, Frédéric Liégeois met en lumière une ONG, une asbl et plus particulièrement un projet de cœur, et lui remet un chèque de 1000 euros, fruit d’une chaîne de solidarité sur les réseaux sociaux.
3500 impressions et 260 engagements sont venus combler les attentes, apportant ainsi une contribution à un projet de résilience axé sur le développement communautaire à Tanandava, Madagascar.
Cette initiative a pour but de fournir de meilleures conditions d’apprentissage à 500 élèves. L’éducation des filles en est la priorité.
Anne Schweizer, Responsable Partenariats chez SOS Villages d’Enfants Monde au Luxembourg a par ailleurs souligné que toutes les actions avaient comme perspective, la défense des droits de l’enfant et son bien-être : « si nos projets touchent le monde adulte, c’est toujours au bénéfice de l’enfance ».
Les actes ont laissé la place aux mots dans un networking convivial autour d’un cocktail dînatoire offert par TRIDOC, le service de restauration et de livraison de repas des Ateliers du Tricentenaire, et des stands de nos partenaires SWIO et Halternatives.
Frédéric Liégeois, Infogreen, In4Green, 4x3 SIS et Picto Communication Partner tiennent à remercier les mécènes de l’événement : IFSB/CDEC, Fiducie Consult, Betic, Coeba, TK Elevator Luxembourg, ainsi que l’ensemble des annonceurs et sponsors.
Restez connectés sur les réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn et Instagram) pour découvrir les vidéos de l’événement et suivre toutes les actualités et les actions solidaires autour du développement durable. Une information positive pour une action positive.
L’équipe 4x3 affûte ses prochains dossiers et vous donne déjà rendez-vous en octobre pour la parution du 24e numéro du magazine !
« Ny fianarana no lova tsara indrindra / L’éducation est le plus beau des héritages »
Un proverbe malgache repris par SOS Villages d’Enfants Monde
Par Sébastien MICHEL
Photos : Fanny Krackenberger