Le co-fondateur du Mouvement Fairtrade, Francisco Van der Hoff, est décédé
C’est avec une profonde tristesse que le Mouvement Fairtrade a appris le décès de « Frans », Francisco Van der Hoff, co-fondateur du Mouvement Fairtrade, visionnaire à l’origine de la toute première initiative de certification Fairtrade, qui a abouti à un impact positif de la vie de millions de personnes en Afrique, Asie, Amérique latine et Caraïbes.
Missionnaire néerlandais, né en 1939 dans une famille d’agriculteurs pauvre aux Pays-Bas, Francisco s’était donné pour mission de promouvoir la solidarité et la justice, et de créer des modèles d’économies qui bénéficient avant tout aux personnes qui produisent les matières premières, et non aux seules entreprises qui les vendent.
Suite à l’obtention de son doctorat en économie politique et un autre en théologie, Francisco part travailler comme prêtre-ouvrier au Chili en 1970. Forcé de déménager au Mexique en 1973 suite au coup d’État, il intègre la communauté locale des Zapotèques dans la région de Oaxaca, où il est impliqué dans l’activité principale de la région, la cueillette de café. C’est ici qu’il prend conscience de la misère et des difficultés économiques des producteurs de café locaux. En 1981, Francisco assiste à une réunion d’une centaine de caféiculteurs qui veulent se constituer en coopérative dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de travail et de vie. Cette réunion jettera les bases de la création de l’Union des communautés indigènes de la région de l’Isthme (UCIRI), une coopérative de producteurs de café qui a souhaité créer une autre forme de commerce pour sortir de la misère, de l’exploitation et de l’exclusion. Sa collaboration avec l’économiste Nico Roozen et l’organisation Solidaridad a abouti au lancement de Max Havelaar, le premier label du commerce équitable, en 1988.
Francisco voyait le Mouvement Fairtrade comme une forme de « laboratoire social » pour développer et expérimenter de nouvelles idées et des moyens novateurs pour réglementer le commerce. Un système où l’on réussissait parce que les humains et la justice passaient toujours en premier. Pour lui, « les mesures des pays de Nord pour éradiquer la pauvreté étaient une voie sans issue et un moyen de dominer les pays pauvres ». Basé sur les principes de l’économie solidaire, le commerce équitable doit être à ses yeux « un effort collectif, en collaboration avec toutes les parties prenantes pour créer un capitalisme humain ».
« Nous n’avons pas le droit de vivre au détriment de l’autre »
Le Mouvement Fairtrade continuera à suivre son exemple et à s’appuyer sur son héritage pour créer un avenir plus juste pour tous. Sa philosophie résonne aujourd’hui plus que jamais au sein du Mouvement : « Le système économique actuel produit la misère, il crée un grand écart entre les riches et les pauvres, donc des conflits sociaux. Nous devons faire face à ces conflits avant que la situation ne s’aggrave. C’est une question de décence et de démocratie. Nous devons créer une nouvelle conception de l’économie dans laquelle les exclus sont inclus. N’oubliez pas que les solutions viennent d’en bas ! C’est cela l’origine du commerce équitable ! Car quelle que soit l’évolution du monde, nous aurons toujours besoin des retours d’expérience des producteurs sur les questions qui touchent à leurs moyens de subsistance et à la durabilité. »
Le Mouvement Fairtrade compte actuellement près de 2 millions de producteurs et de travailleurs réunis dans plus de 1 800 coopératives - réparties dans plus de 70 pays - qui commercialisent leurs produits sous le label co-créé par Francisco.
L’ONG Fairtrade Lëtzebuerg a eu l’immense privilège d’accueillir Francisco Van der Hoff au Luxembourg en juin 2015. Un séjour durant lequel il a pu échangé avec Son Altesse Royale le Grand-Duc Henri et de nombreux acteurs luxembourgeois lors de différentes actions organisées en son honneur.
Qu’il repose dans une paix éternelle.
Communiqué par Fairtrade Lëtzebuerg
Photo : Fairtrade