Législatives 2023, le réveil douloureux du mouvement de la transition
Le mouvement de la transition - via le CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg) s’exprime à la suite des résultats des élections législatives, communiqués le 9 octobre.
On ne va pas vous mentir, le réveil du lundi 9 octobre a été compliqué pour le mouvement de la transition. Au lendemain des élections législatives au Luxembourg, beaucoup d’entre nous ont vécu certains choix électoraux comme un véritable rejet des valeurs écologiques et sociétales qui font l’essence de l’action de CELL depuis plus de 10 ans. Cela dit, nous savons que vous êtes nombreux.ses à nous soutenir, à vouloir changer les choses. Il faut maintenant analyser la situation, tirer les leçons de ces élections, reprendre notre souffle et aller de l’avant.
Climat : le grand perdant ?
C’est avec tristesse, mais sans réelle surprise que CELL a suivi le dépouillement des votes des élections législatives du 8 octobre dernier.
Quelques semaines avant les élections, à travers les plateformes Votum Klima et One Planet dans lesquelles CELL est active, nous avions pu analyser, confronter et comparer les programmes des différents partis politiques en lice.
Sans donner de recommandation ni consigne de vote, pour nous, il était clair que deux partis, déi Lénk et déi gréng, avaient une vision cohérente et holistique pour réduire les impacts des crises climatique et de la biodiversité. Ces deux partis ont perdu des électeur.rices.
Toutefois, de nombreux partis ont intégré la notion de protection du climat et de l’environnement dans leur programme de façon plus (LSAP) ou moins (DP, Piraten, CSV) poussée ; aussi, nous ne ferons pas l’analyse simpliste de penser que les personnes ayant accès au vote n’ont pas une pensée pour les générations futures. Mais plutôt que les changements que demandent la situation dans laquelle nous sommes [pour rappel, la 6e limite planétaire, l’eau, a été franchie il y quatre semaines] ne semblent pas une priorité au regard de la crise financière notamment. Force est de constater que les partis majoritairement soutenus, sont ceux qui n’ont pas proposé de changements de fond.
Ce choix du « business as usual » avec une pointe de vert nous interroge... Nous n’avons plus le temps pour ça !
Marre de l’écologie ?
On entend ça et là dire que « les gens en ont marre de l’écologie ». Nous avons le sentiment, très injuste, que d’aucuns inputent aux acteurs (politiques ou non) de l’écologie la responsabilité de tous les maux de notre société, de toutes les crises – économique, sanitaire, mondiale...- qui se sont multipliées ces dernières années. Les écolos ont bon dos ! Or, c’est justement en reléguant la cause climatique au dernier plan, que nous conduisons le monde à la catastrophe.
Très vite vient la culpabilité. N’a-t-on pas suffisamment communiqué ? N’a-t-on pas, nous organisations environnementalistes, suffisamment dit l’urgence ? N’a-t-on pas suffisamment proposé des alternatives qui donnent envie ? N’a-t-on pas assez insisté sur le fait que plus la transition sera rapide, moins le coût financier, social et l’effort en terme de changement d’habitude sera lourd à porter ?
L’espèce de mi-cuit dans lequel nous stagnons impose des coûts, celui d’un système que nous peinons à lâcher sans pour autant arriver à nous lancer complètement dans l’alternative souvent trop coûteuse pour être fait à petite échelle. Et à force de ne pas faire ce choix, nous bénéficions peu des avantages de ces alternatives, noyons les gens d’informations contradictoires, moquons les personnes qui expérimentent.
Prenons l’exemple de l’agriculture, l’impact de l’agriculture en termes de santé, de qualité des sols, de biodiversité est prouvé scientifiquement, pourtant les politiques (largement sous influence des lobbys) peinent à prendre des décisions d’un changement de modèle vers une agriculture biologique. Les coûts cachés, les subventions à la pelle, le mal être des agriculteur.rices,… ne parviennent pas à influencer le prix du produit et, à la fin de la chaîne, le consommateur ne parvient plus à faire le choix du bio. La poignée de mangeurs bio ne parviendra pas à faire revenir les abeilles et les vers de terre… L’impact visible est très faible par rapport au coût.
Quelques pas à droite...
À côté de tout ça, nous nous interrogeons : doit-on penser que la population votante ne semble pas avoir peur de cette détérioration de notre planète, mais plutôt des êtres humains les plus vulnérables qui l’habitent ?
La droitisation, la libération de la parole xénophobe, raciste nous font peur.
La simplification à outrance des discours alors que la réponse est complexe, nous font peur.
L’augmentation des violences à l’encontre de personnes qui se sont engagées pour défendre la planète et celles et ceux qui l’habitent nous font peur.
Et lundi matin nous nous sommes réveillés avec une boule de peur au ventre. Nous ne voulons pas de cette haine, elle ne permettra pas de construire le monde de demain.
... et quelques pas vers l’avant
Nous mettrons donc toute notre énergie, comme nous le faisions déjà mais avec une plus grande urgence encore, à ouvrir des espaces, à soutenir des initiatives, à mettre en place des actions permettant la transition écologique citoyenne.
Des espaces qui permettent aux citoyen.nes d’être acteur d’un futur durable, résilient et joyeux !
Avec l’espoir un peu fou que ces élections soient un électrochoc, et que nous soyons toujours plus nombreux.ses à imaginer et créer des alternatives vers une société respectueuse du vivant et inclusive.
Communiqué par le CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg)