Les élections passent, l’impact carbone reste
L’action gouvernementale a hissé les dernières années au niveau qui s’impose vu l’urgence du dérèglement climatique. Même si le Luxembourg est un petit pays dont l’impact carbone est minime par rapport aux émissions mondiales, il ne se trouve pas dans un monde parallèle où il est permis de s’amuser encore un peu aux frais et dépens des générations.
Ce malentendu, ou cette ignorance de l’urgence de la situation, est trop souvent alimenté par des groupes d’opinion pratiquant à grande échelle la désinformation. Alors qu’il est scientifiquement établi que le dérèglement climatique et ses conséquences ne sont pas à prendre à la légère et que les solutions techniques pour en remédier existent. Nous sommes tous concernés et acteurs.
Il y a 250 millions d’années, le climat planétaire s’était réchauffé de 5 C°, 96 % de la vie sur Terre s’était éteinte. De nos jours, le taux de carbone dans l’atmosphère augmente au moins dix fois plus rapidement que jadis, sa cadence s’accélère et les conséquences se font ressentir partout : les pays du sud de l’Europe s’embrasent lors des sécheresses sévères, des pluies torrentielles avec leurs inondations meurtrières - là où on les croyait impossibles -, sont de plus en plus fréquentes. Les hydrocarbures et leur impact carbone ont conféré à la gente humaine une incommensurable puissance destructrice.
D’où l’importance que le nouveau gouvernement continue à respecter le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat du Luxembourg (PNEC). Ce dernier définit, non seulement les trajectoires, mais aussi les politiques et les mesures de la politique climatique et énergétique du Grand-Duché. Arrêté par le gouvernement sortant, il présente les objectifs climatiques et énergétiques nationaux à l’horizon 2030. L’urgence climatique ne permet ce ralentissement ni par les nostalgiques du statu quo, ni par le nouveau gouvernement.
Le remplacement des hydrocarbures par des énergies renouvelables est une des mesures dans la lutte contre la crise climatique. Elle sont simples à mettre en œuvre. Les solutions technologiques existent, comme celles à partir de ressources naturelles présentes localement (ici essentiellement le soleil et le vent). Elle continuent à produire de l’électricité et nous permettent d’avoir chaud quand il fait froid. Jusqu’il y a peu, nous n’avions pas de problème d’expertise ou de savoir-faire, mais surtout un problème de passage à l’acte à grande échelle. Ensuite, les aides étatiques ont permis de provoquer une véritable dynamique, surtout chez les personnes privées, notamment pour l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des habitations. Il faut continuer dans cette voie, les entreprises et industries doivent suivre.
Le Luxembourg se distingue par son mode de vie extravagant et son ultra consommation par tête de pipe. Nous sommes énergivores, ce qui équivaut de disposer d’un grand potentiel pour s’engager dans une voie vers la sobriété énergétique. Le domaine du transport produit à lui seul presque deux tiers du CO2. Le plan national mobilité (PNM 2035), présenté par le Ministre de la Mobilité sortant, François Bausch, montre sur base des différents scénarios, les voies (cyclables) qu’il faut prendre pour améliorer l’impact carbone dans le domaine du transport.
L’autre domaine -gros pollueur non négligeable en terme d’impact carbone- est celui de la construction. Il comprend le bâtiment, mais aussi l’urbanisme de manière générale. Il faut tout d’abord utiliser d’autres matériaux de construction que ceux que nous avons pris l’habitude d’utiliser jusqu’à maintenant. Les matériaux habituels sont néfastes au niveau emprunte carbone à cause de leurs besoins énergétiques pour leurs processus de production, surtout le ciment, mais il faut aussi améliorer la gestion des ressources. En effet, il faut passer du linéaire, qu’on s’est habitué à faire par facilité, insouciance et gourmandise, au circulaire, plus sage et reflétant mieux les limites de la planète, sans parler de sa force créatrice d’emplois.
Finalement, il ne faut pas se priver de profiter des moyens que la nature nous offre pour réguler l’empreinte carbone à savoir les arbres dans les forêts, mais également dans les agglomérations et au centre-ville. Compenser ce moyen puissant que nous détruisons lors de l’artificialisation de l’espace demeure de rigueur. Le bon moment pour réduire notre impact carbone, et donc pour continuer la transition énergétique, est maintenant.
Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg asbl
Portrait : ©Eurosolar Lëtzebuerg asbl
Article tiré du dossier du mois « INCO₂MPATIBLES »