Plan d’urgence en phase 2, sans cote d’alerte
Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a présenté la mise à jour du plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel. Pour l’instant, il n’y a pas de niveau de crise atteint.
« Il existe un risque réel de rupture totale de l’approvisionnement en provenance de Russie ». Le Luxembourg, comme l’Europe et une partie du monde, fait de la RealPolitik. En tout cas, le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a présenté la mise à jour du plan d’urgence relatif à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel du Luxembourg.
On sait que les États membres de l’Union européenne s’étaient entendus sur une réduction − dans une première phase de nature volontaire − de 15% de la demande de gaz naturel sur la période de référence allant du 1er août 2022 au 31 mars 2023. Actuellement, le Luxembourg atteint son objectif de la consommation.
Claude Turmes le rappelle : « Les chiffres actuels montrent que tout le monde - l’État, les communes, les entreprises, les citoyens - répond à l’appel et économise de l’énergie de manière conséquente. Je réitère mes remerciements et ceux du gouvernement, à chacun pour sa contribution. Mais il faut rester prudent : si l’hiver devait être très froid, la consommation de gaz liée au chauffage irait probablement en croissant de façon notable. On en appelle donc toujours fortement aux efforts d’économie d’énergie ! »
Affûter la préparation, assigner des priorités
L’heure n’est donc pas au relâchement mais, au contraire, à un passage en « phase 2 », à une mise à jour des plans d’urgence, pour renforcer la préparation face aux risques qui se posent déjà dans le secteur du gaz naturel et qui pourraient être d’autant plus élevés en cas de rupture réelle et brutale de l’approvisionnement.
Les États membres de l’UE avaient également convenu de cette actualisation des plans d’urgence et de la procédure coordonnée pour y parvenir.
Au Luxembourg, un premier plan d’urgence avait été mis en place dès 2017 et mis à jour en 2020. Le contexte géopolitique, orchestré par l’agression russe en Ukraine et à la guerre qui se joue aussi sur le terrain économique, a fait changer les choses et a affûté les niveaux de préparation. Les autorités ont élaboré cette stratégie avec les fournisseurs d’énergie notamment, et même l’ensemble des parties prenantes.
« La mise à jour contient une définition précise des clients protégés et des niveaux de priorités assignés », explique le ministre.
4 catégories de clients se détachent, face aux différentes mesures à adopter en fonction de la situation.
Les clients protégés sont tous les clients résidentiels, les services essentiels (soins de santé, aide sociale de première ligne, services d’urgence et de sécurité) ainsi que les installations de chauffage urbain, « dans la mesure où elles fournissent du chauffage à des clients protégés, et uniquement pour les volumes nécessaires pour le chauffage de ces clients protégé »s.
Selon le plan, « toute mesure est à prendre afin d’éviter le délestage des clients protégés ». Lesquels sont néanmoins sollicités et invités à contribuer à la réduction de la consommation dans la mesure du possible.
Et des niveaux de priorité sont assignés aux catégories de clients en fonction de la situation.
(le niveau 4 correspond à celui à délester en premier, le niveau 1 à délester en dernier) :
- N4 : clients non résidentiels directement connectés au réseau du GRT ; sont exclus les clients protégés, les établissements scolaires et les centrales de production d’électricité et de cogénération ;
- N3 : clients non résidentiels ayant une capacité installée ou souscrite supérieure à 2 MWh/h ou une consommation annuelle supérieure à 1 GWh/an ; sont exclus les clients protégés, les établissements scolaires et les centrales de production d’électricité et de cogénération ;
- N2 : centrales de production d’électricité et de cogénération ;
- N1 : clients protégés, établissements scolaires ainsi que clients non résidentiels ayant une capacité installée ou souscrite inférieure ou égale à 2 MWh/h et une consommation annuelle inférieure ou égale à 1 GWh/an.
3 niveaux de crise
Des niveaux de crise ou d’alerte ont aussi été définis, auxquelles correspondent une série de mesures à chaque pallier. « Les mesures ne sont pas strictement liées au niveau de crise, mais peuvent elles être prises à chaque étape, en fonction de la situation spécifique », précise le ministère.
- Alerte précoce : lorsqu’il existe des informations concrètes, sérieuses et fiables, selon lesquelles un événement peut se produire, qui est de nature à nuire considérablement à l’état de l’approvisionnement et susceptible d’entraîner le déclenchement du niveau d’alerte ou d’urgence ;
- Alerte : lorsqu’il y a une rupture d’approvisionnement ou que la demande en gaz est exceptionnellement élevée, ce qui nuit considérablement à l’état de l’approvisionnement, mais que le marché est encore en mesure de faire face à cette rupture ou cette demande sans qu’il soit nécessaire de recourir à des mesures non fondées sur le marché ;
- Urgence : en cas de demande en gaz exceptionnellement élevée ou d’interruption significative de l’approvisionnement ou d’autre détérioration importante de l’état de l’approvisionnement et au cas où toutes les mesures pertinentes fondées sur le marché ont été mises en œuvre sans que l’approvisionnement en gaz soit suffisant pour satisfaire la demande en gaz restante, de sorte que des mesures supplémentaires, non fondées sur le marché, doivent être mises en place, en vue, en particulier, de préserver les approvisionnements en gaz au profit des clients protégés.
« Actuellement, la sécurité d’approvisionnement du Luxembourg est assurée et aucun de ces trois niveaux nationaux de crise n’a donc été activé ».
Pour le ministre Claude Turmes, la mise à jour du plan d’urgence met surtout à disposition des autorités « une boite à outil qui doit permettre de réagir à différents scénarios avec des mesures adaptées, et ce avec l’objectif absolu de garantir la sécurité d’approvisionnement ».
Alain Ducat
Photo MEA