Plus que jamais, la pratique
La crise sanitaire a nécessité un grand travail d’adaptation de la part de l’IFSB, qui a mis cette situation à profit pour accélérer l’utilisation des outils digitaux dans ses formations et s’appuyer sur les possibilités qu’ils offrent pour renforcer le volet pratique, que ce soit au niveau des techniques ou au niveau de la sécurité.
Interview de Patrick Nemry, Chef département sécurité-engins et Alexis Sikora, Chef du département construction à l’IFSB
Quels ont été les développements clés au cours de cette dernière année si particulière ?
Alexis Sikora : Une des évolutions a été la mise en ligne d’une série de formations digitales qui sont désormais dispensées sur notre plateforme d’e-learning. Je pense notamment à la formation BREVET Q - qualité béton qui est suivie à distance par les stagiaires et qui combine des modules auto-utilisables sans l’intervention d’un formateur, mais aussi des cours donnés par un formateur depuis une salle à l’IFSB à des stagiaires qui sont chez eux ou en entreprise.
Patrick Nemry : Avec la crise sanitaire, nous avons instauré un protocole permettant d’accueillir les stagiaires dans les meilleures conditions possible. Un des éléments sur lesquels repose ce protocole est la réduction du nombre de personnes par session de formation. Ça a été un déclencheur pour mettre en ligne de nombreuses formations, mais aussi pour déployer encore davantage de nouveaux outils pédagogiques avec lesquels nous travaillons déjà depuis plusieurs années, comme l’immersion 3D ou les serious games. Ces outils permettent aux stagiaires d’appréhender certains risques sans se mettre en danger : par exemple, le stagiaire se trouve immergé dans une tranchée virtuelle non blindée et tout à coup la tranchée s’effondre sur lui, d’où l’importance de blinder une tranchée pour éviter le risque d’effondrement. L’utilisation des nouvelles technologies dans le domaine de la sécurité et santé au travail apporte donc un nouveau visage à la pédagogie.
Avez-vous d’autres exemples de l’orientation pratique qui est donnée aux formations à l’IFSB ?
A S : Nous avons développé sur notre site, avec les différents fabricants présents au Luxembourg, un pôle de formation technique de coffrage industriel qui nous permet de réaliser la pose de coffrages dans des conditions réelles, c’est-à-dire en intégrant les problématiques liées au travail en hauteur, à la coactivité, au transport des charges, à la fixation des différentes structures, etc.
Par ailleurs, nous menons, depuis des années, un projet avec l’ADEM qui vise à former des grutiers, conducteurs d’engin, assembleurs, coffreurs, bancheurs, etc., en fonction des besoins de différentes entreprises qui sont prêtes à les embaucher dès la fin de la formation. Ce processus de réinsertion fonctionne plutôt bien et il remplit une double mission : celle de remettre des demandeurs d’emploi au travail et celle de répondre aux besoins des entreprises de construction qui sont en recherche de nombreux salariés.
Voyez-vous apparaître de nouveaux métiers ces dernières années ?
A S : On voit apparaître de plus en plus d’entreprises intégrer plusieurs corps de métier et devenir des entreprises générales, car il faut aujourd’hui avoir de multiples compétences non seulement pour pouvoir gérer des chantiers de construction neuve de A à Z, mais aussi pour réaliser des rénovations qui doivent désormais atteindre des standards énergétiques très poussés.
P N : La tendance est aussi clairement à aller vers la préfabrication en atelier d’éléments structurels en béton, bois, métal ou composite que l’on transporte et assemble ensuite sur chantier. Forcément, cela a un impact sur la sécurité. Avec la préfabrication, nous avons éliminé certains risques, mais on en a créé d’autres car ces nouvelles techniques demandent davantage de manutention, avec des charges plus importantes. C’est pourquoi nos formations sécurité sont évolutives et suivent l’apparition des nouveaux risques.
Mélanie Trélat
Article tiré du NEOMAG#39
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