Qualité de l'air intérieur : prévenir plutôt que guérir grâce à l'IA

Qualité de l’air intérieur : prévenir plutôt que guérir grâce à l’IA

Le Laboratoire Luxembourgeois de Contrôle Sanitaire – LLuCS collabore avec la société française Octopus Lab qui a développé un outil prédictif, baptisé Indalo Supervision. Basé sur l’intelligence artificielle, il permet d’anticiper les pollutions potentielles à l’intérieur des bâtiments pour une qualité d’air optimale.

Rencontre avec Julien Blaise, Business Developer au LLUCS.

Qu’est-ce que le LLuCS ?

Le Laboratoire Luxembourgeois de Contrôle Sanitaire est un laboratoire privé, créé en 1993. Il travaille sur quatre pôles de compétences qui sont l’analyse alimentaire, d’eau, d’hygiène et de la qualité de l’air intérieur. Concernant cette dernière thématique, plusieurs études ont démontré que la qualité de l’air intérieur a un impact significatif sur la santé humaine. C’est une information importante sachant que nous passons 80 % de notre temps dans des bâtiments et que l’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur. On peut notamment y trouver des particules fines, mais aussi des polluants chimiques comme des composés organiques volatils (COVs) contenus dans de nombreux matériaux de construction et produits domestiques, des contaminants microbiologiques comme des moisissures, bactéries et levures, ainsi que d’autres polluants.

C’est donc un paramètre à prendre sérieusement en considération. Comment abordez-vous ce sujet ?

En plus de nos analyses en laboratoire, nous avons choisi de collaborer avec la société française Octopus Lab. Elle a développé un outil qui permet d’optimiser la qualité de l’air intérieur et, en parallèle, de réaliser des économies d’énergie.

Quel est votre rôle dans cette collaboration ?

Pour ce faire, nous installons des capteurs qui collectent diverses informations : température, taux d’occupation, taux de CO2, etc. Ces informations sont renvoyées à un boîtier qui va prendre le contrôle de la ventilation et la faire évoluer automatiquement en fonction des données reçues. Cet outil intègre une intelligence artificielle qui se nourrit de ces données, mais aussi de données concernant la qualité de l’air extérieur, via la base de données européenne Copernicus.

Et une fois que cet outil est installé ?

L’expertise de notre laboratoire porte sur le volet sanitaire. Nous avons donc à cœur d’être les garants d’une qualité d’air intérieur optimale et de prioriser cet aspect sur l’efficacité énergétique, même si ce dernier volet reste important. Indalo Supervision permet, en effet, de réaliser jusqu’à 70 % d’économies d’énergie.

Quel est l’apport de l’intelligence artificielle ?

L’IA « apprend » au fur et à mesure que le bâtiment vit : durant les premiers mois, elle observe comment il réagit pour ensuite mettre en place une stratégie de ventilation selon différents paramètres comme la météo, les polluants extérieurs, la géographie du bâtiment, le taux d’occupation, etc. Ceci permet à l’outil d’avoir davantage de flexibilité et un temps de réaction beaucoup plus rapide que l’homme, mais aussi d’agir de manière prédictive afin d’anticiper les problématiques qui pourraient se poser. L’homme garde, bien entendu, un regard sur la stratégie de ventilation et peut reprendre directement la main si nécessaire.

Pourquoi avoir décidé de travailler avec cet outil en particulier ?

Cet outil est particulièrement intéressant de par son côté prédictif. Il permet d’agir sur la qualité de l’air non pas seulement en curatif, mais aussi en préventif, et d’anticiper ainsi tous types de pollutions à l’intérieur du bâtiment qui pourraient générer des problèmes de santé pour les occupants.

Quel retour d’expérience avez-vous sur cette solution ?

Indalo Supervision est aujourd’hui disponible au Luxembourg et des discussions sont en cours pour l’implémenter dans plusieurs projets en lien avec la qualité de l’air intérieur dans des établissements recevant du public. Nous prévoyons notamment de l’installer dans le bâtiment que nous occupons.

Mais la société Octopus a déjà réalisé de nombreux projets en France depuis sa création en 2018, que ce soit dans des crèches, des entreprises ou des bâtiments administratifs. Il faut également préciser qu’il y a une réelle expertise derrière cet outil. Les fondateurs de la société sont experts dans le domaine, et l’un d’entre eux est un ancien du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) en France.

En plus d’Indalo Supervision, il existe aussi l’outil Indalo Conception, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Grâce là encore à l’intelligence artificielle, Indalo Conception permet de simuler, dès la conception d’un bâtiment, l’impact potentiel sur la santé de tel ou tel type de peinture, de revêtement ou de colle. Il propose également des alternatives, de manière à trouver des variables d’ajustement et à atteindre le meilleur compromis pour une qualité d’air intérieur optimale.

Mélanie Trélat

Extrait du Neomag #66 - Retrouvez l’article complet

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Publié le jeudi 2 janvier 2025
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