Réaffirmer l'engagement des États à l'égard du traité d'interdiction des mines

Réaffirmer l’engagement des États à l’égard du traité d’interdiction des mines

À l’occasion de la journée mondiale de la Santé, HI dénonce les entraves à l’accès aux soins pour les civils en rappelant que le Droit International Humanitaire et le Droit international relatif aux droits de l’Homme imposent de protéger les personnes blessées, malades, les transports sanitaires, le personnel humanitaire et les soignants.

Des hôpitaux dévastés, des soignants tués, des civils privés d’accès aux soins vitaux : les récents conflits armés, notamment en Ukraine, à Gaza et en Syrie, ont mis en lumière les graves entraves à l’accès aux soins médicaux, exacerbées par l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées. La guerre prive les populations de l’accès à des soins vitaux, alors même que les besoins en santé sont exponentiels.

Les conséquences des conflits armés sur les systèmes de santé

La destruction partielle ou totale des infrastructures de santé prive les civils d’un accès rapide à des soins vitaux. La destruction d’infrastructures essentielles (routes, centrales électriques) impacte également de manière indirecte la population et augmente les risques de détérioration de leur état de santé en compliquant l’accès aux structures de santé et la capacité de ces structures à offrir des soins de qualité. Les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées sont les premières victimes de cette rupture d’accès aux soins. Les conséquences de la guerre sur les systèmes de santé se mesurent également à long terme, notamment à cause de la présence de restes explosifs de guerre qui compliquent l’accès aux structures de soins qui fonctionnent de nouveau.

Alma Taslidžan, responsable Plaidoyer désarmement et protection des civiles chez Handicap International (HI), explique : «  En détruisant les hôpitaux, en attaquant les ambulances et en tuant les soignants, l’utilisation des armes explosives dans les conflits suspend violemment l’accès aux soins de santé, mettant directement en danger des millions de vies civiles. Cette situation fragilise particulièrement les plus vulnérables : femmes, enfants, personnes handicapées et personnes âgées, et cela en totale violation du Droit International Humanitaire ». De plus, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale les qualifie de crimes de guerre (article 8), et le Conseil de sécurité des Nations unies les condamne avec fermeté.

En 2023, au moins 822  incidents impliquant l’utilisation d’armes explosives contre les systèmes de santé, dont des structures sanitaires et des agents de santé, ont été enregistrés dans 20 pays. Plus de 80 % des incidents répertoriés ont eu lieu dans les Territoires palestiniens occupés en Ukraine et au Myanmar.

La détérioration de l’accès aux soins en Ukraine

En Ukraine, la guerre a massivement détérioré l’accès aux soins de santé, notamment pour les plus vulnérables. Selon un rapport de l’OMS publié en août 2024, près de 2 000 structures de santé ont été endommagées ou détruites par les bombardements en Ukraine.

C’est le cas notamment dans les zones rurales, les territoires proches de la ligne de front ou les oblasts frontaliers avec la Russie. Cette détérioration de l’accès aux soins ne concerne pas seulement les zones où les structures de santé ont été détruites. Elle peut avoir des répercussions dans les zones plus éloignées des combats, notamment pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et plus encore les personnes âgées ou handicapées qui se retrouvent dans des logements pas forcément adaptés à leurs besoin, loin de leurs soignants et aidants habituels.

Sur place, les équipes s’efforcent de garantir un accès à des services de qualité en matière de réadaptation physique et fonctionnelle, de santé mentale et de soutien psychosocial. Pour cela, Handicap International intervient dans diverses structures dans l’Est et le Sud du Pays, les centres d’accueils, dans plusieurs hôpitaux à Kharkiv et dans la région de Dnipro, HI fournit des services de réadaptation physique et fonctionnelle aux personnes blessées, aux personnes handicapées et aux personnes déplacées par le conflit qui ont besoin de soins de réadaptation. L’organisation forme aussi le personnel hospitalier à des services de réadaptation spécialisés tels que les blessures complexes, les brûlures et les soins post-amputation.

Même constat accablant à Gaza

À Gaza, la situation est elle aussi catastrophique. Les frappes aériennes ont détruit la grande majorité des structures de santé. Selon l’OCHA, sur les 36 hôpitaux de Gaza, seuls 17 étaient encore partiellement opérationnels début décembre 2024, les 19 autres étant fermés, tandis que plus de 1 000 travailleurs de la santé ont été tués depuis le 7 octobre 2023. Même depuis le cessez-le-feu, les quelques structures encore debout fonctionnent en surrégime, en raison du nombre croissant de patients ainsi que des civils déplacés. La pénurie de fournitures et de certains médicaments endommagent sévèrement leurs capacités. Le manque d’accès aux soins de santé sur une longue période a également engendré des complications pour les patients atteints de maladie chronique.

Pour pallier le manque d’accès aux soins de santé, les équipes de HI sont mobilisées chaque jour sur le terrain. Les équipes mobiles de réadaptation vont de foyer en foyer afin de fournir des soins en réadaptation et des aides à la mobilité (fauteuils roulants, béquilles…) dans les gouvernorats de Gaza City, Middle area, Khan Younis et Rafah. HI a également ouvert un centre de prothèses et d’orthèses à Khan Younis où elle accueille des personnes blessées et amputées.

Ruzlan, 34 ans, victime d'un accident de la route en 2012.
Ruzlan, 34 ans, victime d’un accident de la route en 2012. - © M.Monier HI

Le double fardeau des personnes handicapées

En période de guerre, les personnes handicapées se retrouvent confrontées à un double fardeau. Non seulement elles ont un risque plus élevé d’être blessées ou tuées en raison de leur incapacité à évacuer rapidement ou à fuir les zones de danger, mais leur capacité à accéder aux soins nécessaires est gravement entravée. Ce risque est d’autant plus élevé dans les zones de conflit où les infrastructures ont été endommagées ou détruites.

Une réalité décrite par Ruzlan, un homme de 34 ans, vivant dans le village de Chaplyne, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front dans l’Est de l’Ukraine. Victime d’un accident de la route en 2012, Ruzlan a perdu ses deux jambes et dépend aujourd’hui presque entièrement de ses proches pour ses déplacements. « Les médecins n’aiment pas venir ici, car nous sommes proches de la ligne de front et il y a une forte présence militaire », explique-t-il.

L’hôpital le plus proche est à une quarantaine de kilomètres, et la caserne des pompiers a disparu. Lorsque l’alerte aux bombardements se déclenche, tout ferme, rendant l’accès à l’aide médicale quasiment impossible. De plus, le premier abri anti- bombardement est trop éloigné pour que Ruzlan puisse l’atteindre, d’autant plus qu’il reste inaccessible pour lui en fauteuil roulant.

Ainsi, les personnes handicapées comme Ruzlan ne sont pas seulement victimes des combats, mais se retrouvent également prises au piège par des obstacles physiques et logistiques qui rendent leur survie encore plus incertaine. L’absence d’infrastructures accessibles, l’éloignement des services médicaux et l’impossibilité d’évacuer en cas d’urgence augmentent leur vulnérabilité.

Renforcer l’accès aux soins de santé dans ces contextes

À Gaza, Un rapport intitulé « Comment renforcer l’accès aux soins de santé dans les contextes où les armes explosives sont utilisées » publié en février 2025 dans le cadre d’un projet mené par HI, Article 36 et Insecurity Insight a pour objectif de soutenir la mise en œuvre des engagements humanitaires de la Déclaration Politique sur la protection des civils contre l’utilisation des armes explosives. Il définit un programme d’actions, exhortant les gouvernements et les autres acteurs humanitaires à adopter des mesures concrètes pour protéger les civils et rétablir les services de santé dans les zones de conflit.

Il souligne, par exemple, l’importance de protéger les infrastructures sanitaires, en les déployant dans des lieux « non conventionnels » comme des caves ou des lieux de cultes tout en renforçant les structures déjà existantes et transférant certaines unités critiques (comme les soins intensifs) en sous-sol pour les protéger des bombardements. Le rapport insiste aussi sur la valeur ajoutée du déploiement des cliniques mobiles, qui sont devenues une composante essentielle des systèmes de santé et permettent d’apporter des services de soins variés aux populations isolées des structures de soins.

Pour plus d’informations : https://www.handicap-international.lu
Légende photo : séance de rééducation pour Qamar Farouk Muhammad Al-Kurdi, une enfant de 7 ans originaire de Jabalia, une zone située au nord de la bande de Gaza, amputée à la suite d’un bombardement. © Y. Nateel / HI

Communiqué
Publié le lundi 7 avril 2025
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