Rénovation énergétique : il est important d’être bien accompagné
Dans le cadre du green deal européen qui vise zéro carbone à l’horizon 2050, la réduction de l’empreinte de la construction est un enjeu majeur.
40% de la consommation d’énergie européenne lui sont imputés et la rénovation constitue un levier de progression important, sachant que 75% des bâtiments existants sont des passoires énergétiques, que 90% seront toujours debout en 2050 et que le taux de rénovation est inférieur à 1% par an alors que l’ambition est fixée à 3%.
Au Luxembourg, de nombreux bâtiments ont été construits avant l’introduction de normes énergétiques strictes. Par conséquent, ils sont souvent mal isolés et consomment beaucoup d’énergie pour le chauffage, la climatisation et l’éclairage. La rénovation énergétique de ces bâtiments est donc essentielle pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés.
L’État luxembourgeois a mis en place un système d’aides à l’investissement dans le cadre de la rénovation énergétique et de l’utilisation des ressources renouvelables. Depuis 2023, ces aides intègrent donc de nouvelles mesures permettant d’accélérer le mouvement de transition énergétique et par conséquent, de limiter la dépendance à des ressources fossiles telles que le gaz ou le pétrole.
L’un des principaux défis de la rénovation est le remplacement des installations techniques existantes. De nombreux bâtiments ont des systèmes de chauffage et de climatisation trop anciens qui sont inefficaces et consomment beaucoup d’énergie venant en très grande majorité de source fossile. La mise à niveau de ces systèmes peut entraîner des économies d’énergie significatives à long terme. Cependant, cela engendre d’autres contraintes.
Tout d’abord, il faut souligner que le remplacement de ces installations représente un investissement financier conséquent. Les nouvelles technologies plus performantes et écologiques peuvent être coûteuses à l’achat et à l’installation. De plus, les travaux de rénovation énergétique peuvent nécessiter au préalable d’autres aménagements, tels que l’isolation de l’enveloppe thermique, ce qui implique des dépenses supplémentaires.
Le choix de la nouvelle installation technique est à étudier avec importance. Avec la fluctuation des prix des différentes énergies de ces dernières années et l’existence de plusieurs alternatives, comme les pompes à chaleur, les systèmes solaires thermiques ou encore les chaudières à bois, de nombreuses interrogations se posent à l’utilisateur. Chaque solution présente ses avantages et ses inconvénients, et il est important de bien se renseigner avant d’entreprendre des travaux.
Un des points le plus important, et surtout le plus négligé, est la compatibilité de la nouvelle technologie avec l’installation existante, qui peut nécessiter des travaux de grande envergure. Les pompes à chaleur et les chaudières bois nécessitent souvent des modifications au niveau du système de distribution de chaleur, des conduites d’eau chaude et des radiateurs. Autre exemple, l’installation d’une pompe à chaleur géothermique peut nécessiter des forages profonds pour capter l’énergie du sol. De même, l’installation d’une chaudière bois peut nécessiter la création d’un espace de stockage pour le combustible et la mise en place d’un système d’évacuation des fumées. Il est primordial aussi de prendre en compte les contraintes liées à l’environnement et à la réglementation. Une pompe à chaleur peut nécessiter l’obtention d’autorisations administratives et le respect de normes acoustiques, mais également des normes de sécurité et de qualité de l’air pour les chaudières bois, à titre d’exemple.
Si un de ces éléments n’est pas pris en compte lors de la phase de conception, cela peut entraîner des perturbations sur le respect de la durée des travaux, voire accumuler de nouvelles dépenses.
En conclusion, le remplacement des productions de chaleur de sources fossiles est une étape cruciale dans la rénovation énergétique des bâtiments. Nous avons pu exposer les contraintes qui sont financières, de choix de la nouvelle installation et d’ampleur des travaux.
Il est essentiel de souligner que le changement des installations techniques existantes ne constitue qu’une partie de la rénovation énergétique d’un bâtiment. Il est également nécessaire de prendre en compte d’autres aspects, tels que l’isolation thermique au préalable, la ventilation ou encore l’utilisation d’énergies renouvelables. Une approche globale et cohérente est indispensable pour obtenir des résultats significatifs en termes de performances énergétiques, environnementale et de confort thermique.
En recours à cela, il est fort recommandé de se faire accompagner par des professionnels qualifiés et de bien se renseigner avant d’entreprendre ce type de projet pour étudier les différentes options et déterminer celle qui convient le mieux aux besoins spécifiques du bâtiment.
Les usagers ne sont pas toujours conscients de l’impact de leurs actions sur l’économie d’énergie au sein de leur logement et peuvent manquer de connaissances sur les bonnes pratiques. C’est pourquoi, il est primordial que les occupants puissent bénéficier de conseil, d’accompagnement et d’une bonne sensibilisation à ce sujet. Il est important de les informer sur les nouvelles fonctionnalités des systèmes et de les encourager à adopter de meilleurs comportements.
Julien Nisi, ingénieur en efficacité énergétique chez Cocert
Extrait du NEOMAG#62
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