Retour à la « normale »
Ce jeudi 1er septembre marque un nouveau virage dans les prix pratiqués à la pompe. C’est la fin des 7,5 cents « ristournés » par l’action gouvernementale.
L’agenda de l’automobiliste a connu des coups de pompe à répétition et à géométrie variable ces derniers temps.
Mercredi 31 août : une légère baisse des prix à la pompe est annoncée par le traditionnel communiqué du ministère et du GPL (groupement pétrolier luxembourgeois). Seule l’essence 95 oct. diminue de -0,021 euro/litre, se fixant à 1,634 euro/l, TVA comprise.
Jeudi 1er septembre : avec la fin de la « ristourne » accordée par l’État, le fameux « Tankrabatt », les carburants jouent les montagnes russes... Les 7,5 cents de rabais éliminés, cela donne un cumul d’effets de marché plutôt volatil. On a pour l’essence 95 Oct un prix au litre de 1,716 euros (+0,082), pour la 98, de 1,924 euros (+0,042). Le Diesel sauve la mise, si l’on ose dire, avec un prix quasi stable (et même un -0,005) à la pompe, à 1,895 euros.
Clôturé depuis ce 1er septembre, le rabais de quelques centimes était appliqué depuis la mi-avril, une forme d’aide de l’État visant à soutenir les automobilistes face à la flambée des prix des carburants. L’aide, demandée par les uns (notamment l’ACL et l’Union des Consommateurs), jugée contre productive par les autres (notamment Déi Gréng, le parti du ministre de l’Energie Claude Turmes) était censée prendre fin le 31 juillet dernier, avant d’être prolongée pour un mois.
Une quête d’équilibre
Le gouvernement avait ainsi décidé de soutenir un équilibre relatif du marché, entre autres pour conserver la marge d’attractivité du Luxembourg par rapport aux pays frontaliers, où se pratiquaient aussi coups de pouce étatiques et actions commerciales des pétroliers.
Le rabais à la pompe a donc vécu au Luxembourg, où l’automobiliste vit un retour, sans doute pas super, à la « normale ».
On notera que ce même type de ristourne directe disparaît aussi en Allemagne. En revanche, les aides étatiques – via une action gouvernementale sur les accises – se prolongent en Belgique et en France, en principe jusque fin d’année, selon l’état actuel des annonces gouvernementales. Pour les frontaliers, le plein au Luxembourg n’est plus forcément une évidence...
On notera aussi que, selon plusieurs estimations budgétaires, le « Tankrabatt » a privé l’État luxembourgeois de plus de 57 millions d’euros de rentrées financières sur les 4 mois et demi de son application directe.
Pour mémoire, fin 2019, pré-pandémie donc, Claude Turmes soulignait que, pour atteindre ses objectifs en matière de climat et d’énergie, le Grand-Duché aurait besoin de mesures ciblées dans le domaine de la vente des carburants routiers, et plus particulièrement les exportations de carburant par camions en transit. « Les prix du diesel et de l’essence au Luxembourg se situant bien en dessous de ceux des pays limitrophes, il est donc essentiel de diminuer progressivement les écarts de prix avec les pays voisins, afin de réduire les exportations de carburant ». Et il préfaçait une hausse des accises programmée en 2020 sur le carburant routier, dont les rentrées budgétaires seraient « affectées à des mesures de soutien de la transition énergétique et des mesures favorisant l’équité sociale ».
Le ministère de l’Énergie rappelle aussi que, durant cet été 2022, en parallèle de la prolongation d’un mois du « Tankrabatt », une compensation a pu été négociée via une réduction de TVA sur les panneaux solaires.
Alain Ducat
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