Sur la route du solaire
Une route n’est couverte par des véhicules que 10 % du temps en moyenne. De ce constat a germé l’idée d’intégrer des cellules photovoltaïques à la chaussée pour exploiter différemment ces infrastructures et profiter pleinement de la large exposition au soleil dont elles bénéficient.
5 années de recherche auront été nécessaires à la firme Colas pour développer la route photovoltaïque Wattway, en partenariat avec l’Institut national de l’énergie solaire français. Après une batterie de tests en laboratoire qui ont mis le produit à l’épreuve des passages de véhicules, des freinages d’urgence, des conditions météo et du feu, des mises en conditions réelles ont été effectuées en 2015 à Chambéry et Grenoble, suivies d’un premier chantier d’application en Vendée mi-2016. Enfin, un tronçon d’un kilomètre de long sur 2,8 mètres de large a été officiellement inauguré en décembre dernier, à Tourouvre dans le nord-ouest de la France, par une ministre de l’Environnement emballée, Ségolène Royal ayant même fait part de sa volonté que 1.000 kilomètres de route solaire soient construits dans un délai de 5 ans. La production annuelle de cette parcelle a été évaluée à 280 MWh, soit la consommation de 1000 réfrigérateurs.
Concrètement, la route est composée de dalles rectangulaires de 7 mm d’épaisseur fabriquées dans l’usine SNA proche de Tourouvre, dont chacune renferme 28 cellules photovoltaïques en silicium polycristallin. Ces dalles sont serties dans une résine translucide mêlée à des grains de verre recyclés pour les protéger mécaniquement de l’utilisation intensive qui leur est réservée. Après sciage de la chaussée, les dalles sont collées, puis lestées. Le raccordement électrique est ensuite effectué et le rebouchage exécuté avec des produits routiers spécifiques.
On compte aujourd’hui une petite quinzaine de projets de ce type en France. Après Tourouvre, c’est sur l’île de la Réunion qu’un site pilote a été mis en service. À court terme, cette technologie sera également implémentée sur une section de route nationale et sur une aire de repos en Bretagne, ainsi que dans le Grand port maritime de Marseille. Des chantiers d’application ont également eu lieu aux États-Unis, en Géorgie, et au Canada, à Calgary et plus de 80 projets de sites pilotes nationaux et internationaux sont à l’étude.
Seul bémol : le coût encore élevé de ce type d’installation (les 2.800 m2 de Tourouvre auront coûté 5 millions d’euros, ce qui correspond, d’après l’association Hespul citée par Actu-environnement, à l’équivalent de 30.000 m2 de panneaux photovoltaïques au sol, en grandes toitures ou en ombrières). D’autres questions restent en suspens concernant notamment le positionnement horizontal qui ne permet pas un rendement optimal et la durée de vie du produit sur lesquels on manque encore de recul, ainsi que l’empreinte environnementale des panneaux photovoltaïques en général.
Mélanie Trélat