Transition agroécologique

Transition agroécologique

Le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural se démène particulièrement pour défendre la position du Luxembourg dans l’élaboration d’une politique agricole commune réformée pour l’après-2020, et la mise en place de dispositions transitoires jusqu’à ce que cette dernière entre en jeu. Les questions environnementales ainsi que les aspects climatiques sont au cœur du sujet, pour une agriculture durable.

Le Conseil des ministres « Agriculture et Pêche » à Luxembourg restera peut-être comme un tournant dans la transition agroécologique européenne. En tout cas, c’est là qu’on aura défini l’orientation générale d’une politique agricole commune réformée pour l’après-2020. Depuis le départ, les enjeux sont importants. Les questions environnementales et climatiques sont au centre des débats.

Romain Schneider, le ministre luxembourgeois porteur des compétences de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement, est à la pointe du combat. Il ne se contente pas de jouer à PACman mais il défend la position luxembourgeoise dans l’agriculture commune. Il s’est souvent exprimé en faveur du maintien des ambitions environnementales et aussi, avec une fermeté remarquée, pour des programmes pluriannuels flexibles spécifiques aux pays membres. Comme le rappelle un communiqué du ministère, « Romain Schneider s’est investi pour que les efforts déjà déployés par les agriculteurs dans le cadre des programmes en faveur du climat et de l’environnement soient reconnus et comptabilisés de manière plus précise et à leur juste valeur ».

De la ferme à la table, du fond dans la forme

Clairement, les questions environnementales et les aspects climatiques sont au cœur de la réforme de la PAC, qui guidera l’après 2020. Et les dispositions transitoires, à mettre en place dans le précieux intervalle entre maintenant et la nouvelle PAC appliquée, sont aussi importantes.

Le Luxembourg peut ainsi se réjouir qu’un « accord majeur » ait été obtenu sur la stratégie « De la ferme à la table », une des initiatives clés du pacte vert pour l’Europe, intimement liée à la réforme de la PAC. C’est un des carburants verts d’un monde rural qui mue dans une architecture écologique et une agriculture durable.

Mais il faudra veiller à ce que, au-delà des mots et des accords, le fond change vraiment, et qu’il soit adapté aux réalités de terrain, aux réalités locales. Dans une tribune – carte blanche octroyée par le journal Libération - datée du 19 octobre, le porte-parole de la Confédération paysanne française, Nicolas Girod, met en garde contre des réformes trop tièdes pour une réelle transition agro-économico-écologique. « L’agriculture et l’alimentation, qui sont au carrefour des défis qui s’imposent à nous, devraient être au cœur des projets du monde d’après. La future PAC doit tout d’abord s’occuper de nourrir tout le monde. L’explosion de la précarité causée par le Covid nous impose de revoir notre système alimentaire. Une situation où des paysan·ne·s sans revenu essaient de vendre des produits toujours moins chers à des consommateurs qui n’ont plus les moyens de les acheter, est une impasse. Une PAC qui a pour seul objectif des prix bas ne fait qu’aggraver les choses. Nous demandons au contraire de refonder la PAC sur un véritable projet de démocratie alimentaire ».

Ambition élevée, protection rapprochée

Romain Schneider défend clairement un niveau d’ambition élevé en matière de protection de l’environnement et du climat. Et un nouveau modèle de performance. Le Luxembourg mise sur les mesures du « 2e pilier », qui porte sur le développement rural avec des priorités affichées comme le soutien au transfert de connaissance et à l’innovation, la compétitivité et la gestion durable des forêts, l’organisation et de la gestion des risques dans la chaîne alimentaire, la restauration et la protection des écosystèmes, l’utilisation efficace des ressources ou la lutte contre la pauvreté dans les zones rurales. Le Luxembourg rural a donc besoin d’une gestion des aides européennes qui soit assez flexible « pour garantir que les États membres qui mettent en œuvre un programme agro-environnemental ambitieux dans le deuxième pilier ne soient pas pénalisés ».

Pour aller de la ferme à la table, ou de la fourche à la fourchette comme on le voyait jadis, sans frein inutile dans un circuit court efficace et de qualité garantie, l’Europe a besoin de ses régions et les régions ont besoin d’une forme d’autonomie. L’Union est, à la fois, le premier exportateur et le premier importateur de produits agroalimentaires dans le monde. Romain Schneider a souvent plaidé pour que les négociations actuelles et futures tiennent compte « des dimensions économiques, écologiques et sociales du développement durable », et aussi pour que « les produits agricoles importés soient conformes aux normes élevées » de l’Europe.

Alain Ducat

Photo : Romain Schneider sur le terrain - ©MA Gerber VanVliet - 2019

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Publié le mercredi 21 octobre 2020
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