
Un accompagnement sur mesure vers la certification RSE
Au Luxembourg, la labellisation RSE prend de l’ampleur. Portée par l’INDR, elle aide les entreprises à structurer leur engagement ESG et à gagner en crédibilité. Laurence Graff et Stanislas Faure expliquent comment ce label accompagne les sociétés, du diagnostic initial jusqu’à l’amélioration continue.
Créé en 2008, l’INDR (Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociétale des entreprises) a rapidement mis en place la labellisation « Entreprise Responsable ». Contrairement à d’autres labels plus spécialisés, ce programme couvre l’ensemble des thématiques ESG : gouvernance, social, environnement et stratégie RSE. « Nous avons voulu proposer une approche holistique, qui repose sur des référentiels solides comme l’ISO 26000 et les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU », explique Laurence Graff, Deputy Director de l’INDR.
Cette certification intègre également les spécificités du marché luxembourgeois et bénéficie d’un large soutien institutionnel, notamment de la Chambres de Commerce, de la Chambre des Métiers et du ministère de l’Économie. Aujourd’hui, plus de 330 entreprises sont labellisées, représentant 15 % de la population active.

Un accompagnement structuré vers la labellisation
Loin d’être une simple formalité, la labellisation suit une méthodologie rigoureuse. L’INDR accompagne les entreprises à travers différentes étapes. D’abord, une auto-évaluation est réalisée par l’entreprise sur 129 thématiques ESG, suivie d’un échange avec l’INDR pour analyser le niveau de maturité de l’entreprise. Ensuite, une vérification externe est effectuée sur le site de l’entreprise par un expert indépendant et agréé par l’INDR, qui examine les justificatifs fournis et s’assure de la conformité des engagements. Si l’entreprise répond aux critères, le label est attribué pour une durée de trois ans, avec un suivi annuel garantissant un processus d’amélioration continue.
« Nous ne voulons pas envoyer les entreprises au casse-pipe », souligne Stanislas Faure, Senior Advisor chez INDR. « Avant de soumettre une candidature, nous nous assurons qu’elles sont prêtes, qu’elles comprennent les exigences et qu’elles ont entamé des actions concrètes. » Les entreprises peuvent également bénéficier de formations thématiques organisées par la House of Sustainability ou la Chambre des Métiers avant de se lancer dans la labellisation.
Un processus exigeant, mais accessible aux petites structures
Si la labellisation semble taillée pour les grandes entreprises ou les structures plus matures en RSE, les TPE et PME ne sont pas en reste. Le Starter Kit RSE, soutenu par le ministère de l’Économie à hauteur de 5.000 euros, leur permet d’amorcer leur démarche en bénéficiant d’un accès à la Toolbox RSE et de trois workshops avec un expert de l’INDR. Le starter Kit RSE débouche sur un plan d’action permettant à l’entreprise de se préparer aux enjeux ESG.
« Nous avons conçu ce dispositif pour permettre aux petites entreprises de structurer leur démarche avant de se lancer dans la labellisation », explique Laurence Graff. Ce programme a déjà permis à plusieurs sociétés d’obtenir le label, tandis que d’autres poursuivent leur travail en vue d’une labellisation future.

La RSE : effet de mode ou véritable nécessité ?
Face aux exigences croissantes du marché et des investisseurs, certaines entreprises perçoivent la RSE comme une contrainte réglementaire ou une simple tendance marketing. Pour Laurence Graff, cette vision est dépassée.
« Aujourd’hui, la RSE n’est plus une option. Elle garantit la pérennité de l’entreprise et renforce sa crédibilité sur le marché. »
Les banques intègrent désormais des critères ESG dans l’octroi des financements, et les grandes entreprises exigent des engagements concrets de la part de leurs fournisseurs. Stanislas Faure insiste sur le fait que la RSE ne doit pas être une démarche purement cosmétique.
« La RSE, ce n’est pas juste une médaille à afficher. Les sociétés qui s’engagent véritablement bénéficient d’améliorations opérationnelles, d’une meilleure gouvernance et d’un impact positif sur l’attractivité des talents. »
Le Luxembourg, un modèle unique en Europe ?
Comparé à ses voisins, le Grand-Duché se distingue par son approche nationale de la RSE. L’INDR est membre de Responsibility Europe, un réseau regroupant des labels robustes et similaires dans plusieurs pays dont la France et la Suisse. Cependant, peu de pays possèdent un label national soutenu par les autorités publiques.
L’écosystème luxembourgeois mise également sur des collaborations entre acteurs économiques pour renforcer l’impact des entreprises. « Nous ne nous substituons pas aux initiatives existantes », précise Laurence Graff. « Au contraire, nous les promouvons, comme bonnes pratiques pour les entreprises, en valorisant dans le guide ESR l’obtention du logo Green Business Events pour les événements responsables ou l’adhésion à la Charte de la Diversité pour l’inclusion par exemple. »
Une RSE intégrée au cœur de l’entreprise
Loin d’être un simple poste additionnel, la RSE doit imprégner toute l’organisation. Selon Laurence Graff, les entreprises les plus avancées ne se contentent pas d’un responsable RSE.
« Une vraie démarche RSE ne repose pas sur une seule personne. Elle doit être intégrée dans la stratégie globale, soutenue par la direction et appliquée dans tous les départements. »
Laurence Graff, Deputy Director de l’INDR
Pour les plus petites structures, l’élément clé reste l’engagement de la direction. « Une start-up de dix employés peut parfaitement se lancer si elle intègre la RSE dès le départ », estime Stanislas Faure. Il observe également une évolution des attentes des salariés.
« Les collaborateurs attendent plus qu’un baby-foot ou des plantes vertes. Ils veulent du sens dans leur travail, être impliqués dans la stratégie de l’entreprise et voir que leur employeur s’engage réellement sur ces sujets. »
Stanislas Faure, Senior Advisor chez INDR
Sébastien Yernaux
Portraits : © INDR
Extrait du dossier du mois « Cocher les cases »