
Un pont entre producteurs et consommateurs
À travers son label équitable, Fairtrade crée un lien direct entre les producteurs du Sud global et les consommateurs du Nord. Transparence, prix juste, conditions de travail dignes et respect de l’environnement : ce système mondial mise sur un commerce durable, éthique et humain.
Créée en 1992, Fairtrade Lëtzebuerg Asbl fait partie du réseau Fairtrade International, qui rassemble les acteurs du commerce équitable à travers le monde. L’ONG luxembourgeoise œuvre pour un modèle commercial basé sur la justice sociale, le respect des droits humains et une rémunération équitable des producteurs du Sud global.
« Nous avons pour mission de créer un commerce plus juste entre les producteurs d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes, et les consommateurs luxembourgeois », explique Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg. L’association agit comme un trait d’union entre les coopératives agricoles et les entreprises locales, en garantissant que chaque produit certifié respecte des critères économiques, sociaux et environnementaux stricts.
Le commerce équitable se présente comme un lien direct et équilibré entre les coopératives de producteurs et les consommateurs du Nord.
« Le commerce équitable, c’est un pont. Il permet aux producteurs d’obtenir un prix juste, de meilleures conditions de travail et de contribuer à un environnement durable. »
Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg
Lorsque l’association a été fondée, elle s’appelait TransFair-Minka. Le mot Minka, d’origine quechua, signifie « partage », une valeur centrale pour ses membres fondateurs. En 2012, l’ONG a pris le nom de Fairtrade Lëtzebuerg dans le cadre d’un mouvement international d’harmonisation.
Des critères exigeants pour une approche globale
Le label Fairtrade repose sur trois piliers. Le premier est économique. Il garantit un prix minimum, indépendant des fluctuations du marché mondial, offrant une stabilité cruciale aux producteurs de matières premières comme le cacao ou le café. « Ce prix minimum agit comme un filet de sécurité. Il permet aux producteurs de sécuriser leurs revenus, d’investir dans leurs plantations et de faciliter l’accès au crédit », souligne Geneviève Krol.
Ce mécanisme est complété par une prime Fairtrade, versée à la coopérative. Elle est utilisée pour financer des projets sociaux ou environnementaux, comme des crèches, des soins médicaux ou la restauration collective. « Cette prime est décidée collectivement lors d’une assemblée générale. Elle doit bénéficier à toute la communauté. »
Autre élément important : la possibilité pour les producteurs d’obtenir un préfinancement de leur récolte jusqu’à 60%. « Dans les zones rurales, où les revenus sont saisonniers, ce préfinancement change la donne. »
Le pilier social, quant à lui, s’appuie sur les normes de l’Organisation internationale du travail. Le label interdit le travail forcé, garantit la liberté syndicale, le droit aux congés maternité et maladie, et impose l’égalité des genres. « Ce sont des droits évidents pour nous, mais qui ne le sont pas toujours dans les pays producteurs. Fairtrade les garantit concrètement. »
Le pilier environnemental, enfin, impose des exigences strictes : interdiction des OGM, restrictions sur les pesticides, gestion durable de l’eau et des déchets, protection de la biodiversité. « Fairtrade n’est pas un label bio, mais il pousse à la conversion. Une prime supplémentaire est même accordée aux organisations qui obtiennent la double certification bio et Fairtrade. »
« Ce pilier environnemental a pris énormément de poids ces dix dernières années », ajoute Geneviève Krol, rappelant combien la durabilité est aujourd’hui au cœur des attentes des consommateurs et des acteurs économiques.
Une gouvernance équitable et une offre en expansion
Fairtrade se distingue par sa gouvernance unique. Les décisions sont prises à égalité entre les réseaux de producteurs du Sud global et les organisations de sensibilisation du Nord.
« Nous sommes le seul label à associer directement les producteurs à la création des standards. Cela garantit que les règles ne soient pas imposées de manière descendante. »
Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg
Les standards sont définis en concertation avec les producteurs, les experts de filière et parfois même les entreprises concernées. La certification, elle, est assurée par FLOCERT, un organisme indépendant. Pour éviter des certifications sans débouchés, un producteur ne peut être certifié que s’il a au moins un client engagé. « Cela évite des coûts inutiles et permet de protéger les coopératives. »
Le label Fairtrade se décline aujourd’hui en trois variantes. Le label classique, bleu, noir et vert, concerne les produits à ingrédient unique, comme les bananes ou le café. Le label accompagné d’une flèche est destiné aux produits composés contenant au moins 20 % d’ingrédients certifiés. Il renvoie au dos de l’emballage, où figurent les ingrédients concernés. Enfin, le label « Ingrédient » s’applique aux entreprises qui s’engagent à utiliser un seul ingrédient Fairtrade dans toute une gamme de produits.
Le marché luxembourgeois, lui, ne cesse de croître. En 2023, on comptait 5.250 références de produits Fairtrade, dont 453 sous marque luxembourgeoise. Parmi les produits récemment mis en avant figure la tomate Fairtrade de Tunisie, saluée pour sa qualité et son empreinte énergétique réduite. En effet, la tomate Fairtrade cultivée en Tunisie a une empreinte carbone réduite de près de 60% (transports inclus), en comparaison avec les tomates cultivées sous serres aux Pays-Bas.
Sébastien Yernaux
Photos et labels : ©Fairtrade Lëtzebuerg