Un bâtiment, deux sites

Un bâtiment, deux sites

Avec la nouvelle salle polyvalente réalisée pour la Ville de Dudelange, FAT Architects démontre comment des exigences clairement définies en matière de concept d’utilisation, de durabilité et d’économie circulaire peuvent être satisfaites grâce à des méthodes de planification numérique et à une construction modulaire en bois.

Rencontre avec Thomas Kruppa, architecte et CEO de FAT Architects

L’environnement est au centre du développement urbanistique de la Ville de Dudelange. La salle polyvalente qui vient d’être inaugurée en est le meilleur exemple. Sa conception a été confiée au bureau FAT Architects qui développe et conçoit des concepts de bâtiments avant-gardistes et socialement acceptables en accord avec des matériaux naturels.

« Ce bâtiment polyvalent a été conçu non seulement pour un large éventail d’activités, mais également pour deux sites », souligne Thomas Kruppa, architecte et administrateur. « À l’avenir, le nouveau bâtiment ne sera pas seulement un point de contact pour les clubs locaux, mais aussi le lieu de nombreux événements régionaux ».

Une partie du bâtiment est consacrée à l’espace hall et foyer de réception. L’autre partie est dédiée aux quatre bureaux, à une salle de réunion et aux surfaces de dépôt/rangement. La grande salle polyvalente comprend environ 220 m2 et est divisible en deux parties (deux tiers / un tiers). Elle est complétée par un espace accueil et buvette et par une terrasse de 80 m2. Au total, il occupe une superficie d’environ 650 m2.

Ce bâtiment est un des premiers bâtiments construits par une commune selon les principes de l’économie circulaire. Sa conception a été réfléchie dans les moindres détails afin qu’il puisse être démonté et remonté à l’identique d’ici une dizaine d’années, sans aucun dommage, sur un site qui est déjà choisi. Actuellement placée sur la route de Bettembourg, il sera déplacé sur le site de l’ancien laminoir du nouvel écoquartier Nei Schmelz, qui vise une consommation neutre en CO2.


« Afin de pouvoir relever les défis techniques et constructifs du changement d’emplacement, le hall a été pensé via les techniques de la construction modulaire. Il est composé de différents éléments en bois et peut donc être démonté, transporté et reconstruit. Tous les composants sont entièrement préfabriqués sur une largeur maximale de 3,5 m, ce qui signifie que chaque élément peut être transporté par camion. Sur le lieu d’utilisation, les pièces sont uniquement vissées entre elles pour assurer un démontage et un remontage complet. »

Thomas Kruppa, architecte et administrateur du bureau FAT Architects

Cette construction modulaire en bois a été pensée dans les moindres détails pour un recyclage quasi intégral. « Les éléments de support en acier forment la sous-structure démontable. Celui-ci repose sur des fondations filantes sur le premier chantier. Il pourra ensuite être directement sur le toit d’un parking souterrain aménagé sur le second site. Cela signifie que presque tous les matériaux sont réutilisables et que les principes de l’économie circulaire sont respectés. Le choix des matériaux de construction répond également aux normes élevées de durabilité et de construction écologique ».

Le choix des deux sites ne s’est évidemment pas fait par hasard. « Nous avons tenu compte de la planification en termes de taille du terrain, d’emplacement, d’orientation et de topographie locale. Si on superpose les deux terrains, on obtient une forme quasiment identique, ce qui favorisera le déplacement du bâtiment. Si les façades sud, ouest et nord forment les contours nets du bâtiment, la façade ouest, en revanche, est un peu en retrait et propose un espace terrasse. En outre, la salle polyvalente se caractérise par l’élévation du hall et marque clairement la hiérarchie fonctionnelle par rapport aux zones auxiliaires inférieures telles que les bureaux et le stockage ».

Thomas Kruppa est évidemment heureux d’avoir participé à ce projet qui correspond aux valeurs de son bureau d’architectes. « Le bâtiment s’intègre parfaitement dans le paysage. Il est à la fois dynamique et élégant. Ceci est souligné par le contraste saisissant entre la façade en bois noir carbone et les modules clairs de couleur naturelle. Cela confère à la salle polyvalente ses caractéristiques esthétiques ».

Et l’intérieur ? « Il suit une grille de construction modulaire stricte, qui se reflète dans la répartition des modules de pièces et de surfaces ainsi que dans tous les composants internes tels que les portes, les murs intérieurs et les cloisons. Le hall spacieux avec vestiaire mène à la salle principale d’environ 250 m2. Celui-ci peut être divisé en deux segments et peut accueillir jusqu’à 200 personnes. De plus, il y a une petite cuisine avec un bar, des bureaux et des salles de réunion, des sanitaires, des locaux techniques et de stockage. Le tout est donc complété par une terrasse couverte avec un espace pour les célébrations et les événements ».

Afin de répondre aux souhaits des clubs et associations impliqués, de relever les défis du changement de lieu et de prendre en compte les exigences de durabilité et d’économie circulaire, la planification a été réalisée au sein d’une équipe intégrée. Des experts des domaines de l’architecture, de la construction en bois, de la technique du bâtiment et du génie civil ainsi qu’un bureau de planification durable ont été impliqués très tôt.

« Le projet est mis en œuvre en tant que projet Open BIM. La planification architecturale, la planification structurelle de la construction en acier et la planification technique TGA étaient basées sur un modèle. Même si le travail intégral préalable est complexe et prend du temps, le temps de mise en œuvre peut être raccourci tout en évitant les problèmes lors de l’exécution ».

« Je pense qu’il faut se renouveler sans cesse sinon, les conditions économiques actuelles vous rattrapent rapidement. La hausse des prix, la raréfaction de certains matériaux ou encore les difficultés pour lancer certains projets nous rappellent que le domaine de l’architecture est en constante évolution et que notre créativité est notre force pour mener à bien différents projets », conclut-il.

Sébastien Yernaux et Mélanie Trélat

Extrait du Neomag#63

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Publié le jeudi 4 juillet 2024
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