Un livre pour « donner la parole à la société civile, à des gens du terrain »
La députée européenne Tilly Metz (déi gréng) vient de publier un livre intitulé « La transition sera sociale ou ne sera pas ». Nous lui avons posé quelques questions en amont de la présentation de l’ouvrage au Cercle Cité ce jeudi 22 février.
Enseignante au Lycée Technique pour Professions éducatives et sociales et ensuite directrice adjointe du Lycée, Tilly Metz s’est engagée en 2001 au sein des Verts (déi gréng). Depuis 2018, elle représente le parti au sein du Parlement européen et est impliquée dans diverses commissions thématiques : environnement, santé publique et sécurité alimentaire, transports et tourisme, agriculture et développement rural, etc.
Ce jeudi 22 février, elle présentera le premier livre qu’elle a dirigé, « La transition sera sociale ou ne sera pas », au Cercle Cité à Luxembourg-ville. L’événement est ouvert à tous sur inscription.
Nous avons posé quatre questions à la députée européenne en amont de l’événement :
D’où est venue cette idée d’écrire un livre sur la transition ?
Tilly Metz : L’idée de la nécessité d’une transition écologique et socialement juste m’accompagne depuis des années et s’est notamment approfondie lors de mes travaux sur le Fonds social pour le climat, au sein du Parlement européen. Je me demandais comment au mieux transmettre ce message-clé d’une écologie indispensablement sociale et ce aussi en ce qui concerne le Luxembourg. C’est en parlant avec mon équipe et un conseiller en communication que l’idée m’est venue de ce livre, qui allait surtout donner la parole à la société civile. En effet, je ne voulais pas être au centre de cet ouvrage, mais plutôt offrir une plateforme à des gens du terrain, avec différentes expertises.
Plusieurs auteurs ont participé au projet. S’agit-il d’un recueil de textes ? Comment avez-vous sélectionné les contributeurs ?
Oui, il s’agit d’un recueil d’articles de 10-12 pages chacun. Je voulais rassembler différent.es expert.es ayant de l’expérience concrète dans les questions de transition et du social. Évidemment, il s’agit de personnes que je respecte beaucoup pour leur travail et leur engagement et pour lesquelles j’ai beaucoup d’estime, sachant en plus qu’on mène les mêmes combats, chacun.e là où il ou elle le peut. Les différentes contributions amènent donc des perspectives différentes sur une même thématique. Ainsi, les problématiques de l’écart grandissant entre les riches et les pauvres dans nos sociétés, l’inégalité des pays du Sud par rapport à ceux au Nord, les risques du greenwashing, les fuites de revenus d’impôts vers des pays tiers, les enjeux de l’urbanisme, de l’immigration et de l’agriculture intensive dans le contexte de la transition sont abordés, tout en énonçant aussi des solutions à portée de main.
La dimension sociale de la transition y est centrale. Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Que l’un ne va pas sans l’autre. Si nous voulons réussir la transition écologique et éviter d’autres mouvements de protestation tels que les « gilets jaunes » - pour lesquels j’avais par ailleurs beaucoup de compréhension - il faut que cette transition soit socialement juste, c’est-à-dire qu’il faut soutenir les ménages et les pays ou régions plus « vulnérables » , faire une discrimination positive envers ceux-ci et changer vraiment le paradigme de base de nos sociétés néo-libérales. Les lois du marché à elles seules ne vont pas nous permettre d’atteindre nos objectifs climatiques. L’approche économique néo-libérale, qui a longtemps dominé le marché intérieur européen, ne cherche que le profit matériel individuel à court terme, pas le bien-être de tous à long terme. L’idée de ne laisser personne à l’écart, qu’il faut que les gens se sentent inclus dans un projet d’avenir qui nous concerne tous et l’approche du « bottom-up », de la participation active de la société civile à ce projet, sont également cruciales.
Que fait l’Union européenne pour encourager l’adhésion de ses citoyens dans ce grand mouvement de transition écologique ?
Au premier regard, l’Union européenne a longtemps fait assez peu pour encourager activement la population européenne d’adhérer à la transition écologique, étant donné que de nombreuses aides financières à la transition sont décidées et allouées au niveau des États Membres et non de l’Union. Cependant, l’Europe a mis en place de nombreuses initiatives cherchant à faciliter la transition tout en protégeant les droits et les portefeuilles des ménages. Je pense par exemple aux normes d’ecodesign ou encore à l’étiquetage énergétique, qui permet aux ménages de choisir des produits qui leur couteront moins au quotidien. Bientôt s’y ajoutera un label sur la réparabilité des produits. Mais ces dernières années, l’Union européenne s’est également fait plus de place dans la répartition d’aides financières. À partir de 2026, un Fonds social européen pour le climat permettra aux États Membres de soutenir les ménages dans le domaine du transport et de l’efficacité énergétique des logements. Le financement prévu pour ce Fonds est actuellement malheureusement encore trop bas, mais je continuerai à m’engager pour qu’il soit revu à la hausse et qu’une logique de justice sociale soit d’ailleurs incluse dans toutes les politiques européennes ayant trait à la transition écologique.
Retrouvez le livre « La transition sera sociale ou ne sera pas » dans les librairies Ernster et Diderich au Luxembourg, ainsi qu’en ligne sur le site des éditions Schortgen.
Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : éditions Schortgen, Tilly Metz