Un modèle d'inclusion pour les seniors en situation précaire

Un modèle d’inclusion pour les seniors en situation précaire

Le groupe Elisabeth a inauguré à Berbourg un projet novateur d’accueil pour les personnes vieillissantes en situation de précarité. Soutenu par le ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil, ce projet pilote vise à offrir dignité et stabilité à des résidents souvent oubliés par les dispositifs classiques.

Un projet novateur pour les seniors précaires

Le groupe Elisabeth a récemment inauguré un nouveau service d’accueil au sein de la résidence « Haaptmann’s Schlass » à Berbourg. Ce projet pilote, lancé en collaboration avec le ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil, s’adresse à des personnes vieillissantes en situation de précarité. Il a été conçu pour répondre à un besoin croissant : offrir un cadre de vie sécurisé à des individus qui, bien que n’étant pas éligibles aux soins traditionnels, ont passé une grande partie de leur vie dans la rue ou dans des conditions difficiles.

La résidence « Haaptmann’s Schlass », une structure d’hébergement pour personnes âgées, comprend 151 lits, dont 22 sont réservés aux personnes en situation précaire. Yves Morby, directeur du Haaptmann’s Schlass, explique que l’objectif de ce projet est bien plus qu’un simple accueil : « il ne s’agit pas seulement de leur offrir un toit, mais de les intégrer pleinement dans la vie quotidienne de l’établissement ».

Fabienne Steffen (directrice générale Elisabeth), Max Hahn (ministre de la Famille), Yves Morby (directeur du Haaptmann's Schlass), Fernand Boden (président du C.A. Elisabeth) et Jean-Pierre Hoffmann (bourgmestre de Manternach)
Fabienne Steffen (directrice générale Elisabeth), Max Hahn (ministre de la Famille), Yves Morby (directeur du Haaptmann’s Schlass), Fernand Boden (président du C.A. Elisabeth) et Jean-Pierre Hoffmann (bourgmestre de Manternach) - © Elisabeth

L’innovation sociale saluée par le ministère

Lors de l’inauguration, Max Hahn, ministre de la Famille, a souligné l’importance de ce projet innovant, qui répond aux besoins spécifiques des personnes vieillissantes en précarité. « Ce projet permet de mieux intégrer ces personnes dans la vie quotidienne d’un lieu de vie pour seniors, tout en offrant un accompagnement de qualité à des populations souvent oubliées par les dispositifs traditionnels », a souligne le Ministre. Selon ce dernier, l’accompagnement psychosocial est primordial dans cette initiative, car ces résidents ont besoin d’un suivi plus axé sur le soutien social que sur les soins médicaux habituels. Il rappelle que les personnes accueillies dans ce cadre ont souvent vieilli prématurément à cause de leurs conditions de vie précaires et qu’elles ont parfois été confrontées à des problèmes de dépendance.

Un cadre de vie adapté et intégré

Les résidents du projet pilote bénéficient de chambres privées, avec salle de bain, ainsi que de la tranquillité du cadre rural. Yves Morby insiste sur l’importance de cette transition vers un environnement plus stable.


« Ce projet d’inclusion permet aux personnes en précarité de retrouver dignité et stabilité. Le projet n’a pas pour vocation de cloisonner ces personnes dans un espace dédié, mais de les intégrer pleinement au sein de la structure, parmi les autres résidents. »

Yves Morby, directeur de Haaptmann’s Schlass

Les pensionnaires conservent une grande liberté de mouvement, pouvant entrer et sortir librement de la résidence. Certains continuent de maintenir des liens avec leurs anciens repères en ville, tandis que d’autres apprécient le calme de la campagne. Cette flexibilité permet à chacun de retrouver une certaine autonomie tout en bénéficiant d’un lieu sûr et encadré.

Des besoins spécifiques et un accompagnement personnalisé

Les résidents de ce projet présentent des profils différents de ceux habituellement accueillis dans des structures pour personnes âgées. L’âge moyen des résidents du projet pilote est de 55 ans, bien inférieur à la moyenne de 84 ans des autres occupants de la résidence. Le plus jeune résidant a même 37 ans. Cette diversité d’âges et de parcours représente un défi en termes d’accompagnement et d’intégration. Yves Morby explique qu’il ne s’agit pas de juger, mais de fournir un espace sûr où les résidents peuvent reprendre contact avec leurs proches et leurs repères sociaux, tout en bénéficiant d’un accompagnement adapté à leurs problématiques de santé mentale et de dépendance.

Le lien avec les associations qui suivaient les résidents avant leur arrivée à Berbourg est également un aspect crucial du projet. Cela permet de maintenir un pont entre leur passé et leur nouvelle vie, facilitant ainsi leur réintégration.

Deux résidentes du projet pilote
Deux résidentes du projet pilote - © Elisabeth

Un soutien important des autorités publiques et locales

Le projet pilote bénéficie d’un soutien financier conséquent du ministère de la Famille, avec un investissement de 4 millions d’euros pour les aménagements structurels, ainsi qu’un budget annuel de 2 millions d’euros pour couvrir les coûts de personnel. Treize employés sont ainsi entièrement dédiés à l’accompagnement des résidents.

Max Hahn souligne que ce projet est né d’initiatives de terrain, et que sa mise en œuvre a été développée en étroite collaboration avec le ministère. Prévu pour durer deux ans, le projet sera ensuite évalué afin d’en tirer les enseignements nécessaires. L’objectif à terme est de permettre l’extension de ce modèle à d’autres établissements, afin que des places soient réservées pour des personnes en situation précaire dans toutes les maisons de retraite du pays.


« L’objectif doit être que les personnes ne soient pas regroupées en un seul endroit, mais qu’elles puissent être accueillies dans toutes les structures, que ce soit des maisons de retraite ou des centres de soins ».

Max Hahnn ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil

Des défis à relever pour un avenir prometteur

Malgré un démarrage encourageant, le projet pilote rencontre certains défis, notamment la difficulté à recruter du personnel qualifié. À ce jour, seuls 11 des 22 lits sont occupés, bien qu’une liste d’attente soit déjà établie. Yves Morby espère que ces obstacles seront rapidement surmontés afin que le projet puisse réellement prendre son envol et offrir un avenir plus serein à ces personnes souvent laissées de côté.

Ce projet novateur représente une réponse unique à un problème social grandissant : l’accueil et l’accompagnement des personnes vieillissantes ayant vécu en situation de grande précarité. Il pourrait servir de modèle pour d’autres initiatives à travers le pays et offrir une chance de dignité et de stabilité à des individus ayant souvent été marginalisés tout au long de leur vie.

Sébastien Yernaux
Photos : © Elisabeth

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Publié le jeudi 26 septembre 2024
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