Une approche durable et intégrée
PROgroup est un bureau d’ingénieurs-conseils, fondé en1996 sous la forme d’un groupement européen d’intérêt économique et actif dans le domaine de la construction avec une démarche durable et intégrée, basée sur le concept des 4P –People, Planet, Profit, Pedagogy. La société est aujourd’hui établie dans l’emblématique Solarwind, premier bâtiment zero energy au Luxembourg, visitable et souvent visité, notamment par des représentants des communes.
Interview de Romain Poulles, Ingénieur civil, administrateur délégué et fondateur de PROgroup, initiateur du projet Solarwind.
Les communes ont une vocation d’exemplarité. Quels conseils leur donneriez-vous ?
Les communes devraient désormais prendre automatiquement le postulat de construire des bâtiments dotés d’une autonomie énergétique maximale, ce qui est possible avec des moyens raisonnables et en adoptant une approche orientée sur le cycle de vie. Elles doivent réfléchir dès la conception à ce qu’un bâtiment coûtera dans les décennies à venir en termes de charges énergétiques et de frais de maintenance. Elles sont de plus en plus sensibles à la thématique. On sent aujourd’hui une volonté et un besoin d’aller dans ce sens, comme le montrent les nombreuses ratifications du Pacte climat de ces derniers mois. Cependant, beaucoup d’entre elles, notamment les plus petites, ne savent pas comment s’y prendre car elles sont des maîtres d’ouvrage occasionnels, mal informés et mal formés en tant que planificateurs de projets.
Construire des bâtiments passifs sera, de toute façon, bientôt une obligation légale…
Pour moi, il s’agit d’un raisonnement économique au-delà de l’obligation légale. Pourquoi attendre que la loi nous l’impose alors qu’on peut déjà le faire aujourd’hui ? Alors que cela a du sens d’un point de vue économique ?
Comment accompagnez-vous les communes, mais aussi les clients privés, qui souhaitent suivre cette démarche ?
Les maîtres d’ouvrage ont souvent une idée succincte de ce qu’ils veulent au départ. Nous les accompagnons pour établir un programme détaillé de leurs besoins. Un autre point important à traiter est l’élaboration des concepts énergétiques et urbanistiques avant d’entrer dans une démarche architecturale. Notre rôle est ensuite d’organiser la phase de conception non plus de manière séquentielle, mais de manière intégrée et intégrale, en réunissant tous les acteurs concernés autour d’une table dès le début du projet pour que chacun comprenne les contraintes des autres intervenants et puisse adapter sa propre discipline au contexte et aux intérêts généraux.
Les bâtiments existants offrent un fort potentiel en termes d’économies d’énergie. Quelle proposition innovante avez-vous à faire à vos clients ?
Nous travaillons sur l’optimisation de la consommation d’énergie. Pour pouvoir l’améliorer, il faut commencer par la mesurer. Nous avons conclu très récemment un partenariat avec une société française qui a développé un outil de mesure de la consommation énergétique, outil qui offre le double avantage d’être moins onéreux que les méthodes existantes et d’être non invasif. Ce système peut être implémenté dans n’importe quel bâtiment et donne des résultats spectaculaires. Il s’agit d’un câble qui se place en quelques minutes autour du câble principal d’alimentation, sans toucher au tableau électrique, et qui utilise la fréquence émise par chaque appareil pour distinguer sa consommation respective et l’indiquer en temps réel. Une fois que l’on connaît en détail la consommation des différents postes comme l’éclairage, les ordinateurs ou les ascenseurs, par exemple, on peut agir sur le comportemental, les réglages et, finalement, en investissant. La pratique a démontré que l’adoption de comportements adaptés permettait de réduire la consommation électrique de 10 à 30%.
Trois ans après la création de l’écoparc Windhof, dont vous êtes le Président, vous avez acquis une véritable expérience en matière de gestion durable d’une zone d’activité. Sur quels dossiers plancherez-vous l’année prochaine ?
Nous comptons une trentaine de projets en cours ou aboutis. En 2014, nous travaillerons intensément sur six sujets prioritaires : la mobilité intelligente, la mutualisation des achats, la biodiversité, le marketing et la communication, la mesure et la réduction de la consommation électrique à l’aide de ce fameux outil dont je viens de parler, le smart metering, la gestion des déchets, et enfin l’amélioration du trafic routier.
La commune de Koerich est-elle impliquée dans l’écoparc ?
Elle ne l’est pas financièrement, mais elle l’est dans l’organisation et dans la gouvernance. Avec la création de l’écoparc, elle a trouvé un interlocuteur, ce qui est d’un intérêt capital. Elle peut échanger et confronter ses idées avec nos membres.
Je crois que toutes les communes pourraient profiter du savoir-faire qui s’est développé ici pour améliorer l’organisation de leurs propres zones économiques ou implémenter dès le départ le concept d’écoparc dans leurs zones économiques à créer. Piloter des projets urbanistiques multidimensionnels pour une commune ou pour un promoteur est devenu une de nos spécialités. Nous conduisons actuellement une dizaine de projets de 1 à 28 hectares aux quatre coins du Luxembourg.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres bureaux d’ingénieurs en construction ?
D’abord, nous sommes orientés résultats. Nous ne travaillons, dès lors, qu’au forfait, et non au pourcentage par rapport au budget des travaux. Ensuite, nous avons une démarche intégrée, nous nous plaçons résolument du côté de la défense des intérêts du maître d’ouvrage et nous adoptons systématiquement une approche durable. Nous nous concentrons donc dorénavant de plus en plus sur la construction de bâtiments qui sont optimisés en termes de consommation énergétique.
Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine