Une démontabilité efficace, la clé d'un projet circulaire réussi

Une démontabilité efficace, la clé d’un projet circulaire réussi

Conscient de l’impact du secteur de la construction sur l’environnement, le concept d’économie circulaire semble être une solution innovante et adéquate. Dans ce contexte, la démontabilité et l’adaptabilité du projet et de tous ses composants (DfD/A, Design for Disassembly/Adaptablility) est la clé de voûte à ne pas négliger pour réussir la circularité d’un bâtiment.

Interview de Partick De Cartier, Project engineer chez SECO Group.

Comment définir le principe de démontabilité et d’adaptabilité ?

Concevoir une partie ou l’entièreté d’un projet de construction comme démontable est sa capacité à récupérer facilement ses composants pour les revaloriser par une réutilisation, un recyclage, ou tout autre forme, hormis la dégradation en déchet. Cette récupération doit idéalement être économiquement réaliste. Dans la même idée, l’adaptabilité d’un bâtiment permet d’en modifier la fonction ou la forme sans intervenir lourdement sur ses composants. La modularité des fonctions et des espaces trouve donc ici sa définition.

Durant quelle étape de la vie d’un bâtiment est-elle intéressante ? Et à qui s’adresse-t-elle ?

Ces concepts de démontabilité et d’adaptabilité doivent être pris en compte dès les premières esquisses architecturales. À défaut, le potentiel effet économique d’une construction circulaire démontable sera fortement réduit, vu les contraintes techniques et architecturales déjà fixées en amont dans un projet. Ces méthodologies nécessitent d’impliquer toutes les disciplines lors de la conception du projet, à commencer par la stabilité. Les entrepreneurs doivent également revoir leurs méthodes et phasage de construction. Tous les acteurs du monde de la construction sont donc concernés.

Par la suite, durant la vie du bâtiment, elles vont faciliter toute la maintenance et toutes les modifications de fonction, mais également réduire les délais d’intervention et les coûts financiers.

Comment cette méthode s’intègre-t-elle aux offres existantes chez SECO ?

La prise en compte de la démontabilité et l’adaptabilité d’un projet implique l’utilisation de nouvelles méthodes de construction. Dans ce contexte, le risque d’élaboration d’un mauvais concept ou d’une mauvaise mise en œuvre est donc élevé.

C’est pourquoi, SECO Luxembourg, à travers l’expertise de ses ingénieurs, est capable de vous accompagner sur cette thématique tout en vous garantissant le respect des concepts voulus par le maître d’ouvrage.

L’objectif de notre accompagnement dans ces nouvelles manières de concevoir une construction est de pouvoir assurer le return économique et écologique attendu par l’application de ces dernières DfD/A.

Ces concepts de démontabilité et d’adaptabilité doivent être pris en compte dès les premières esquisses architecturales, à défaut, le potentiel effet économique de la construction sera fortement réduit.

Quelle est la plus-value de cette méthode pour nos clients ?

Cette méthode a plusieurs avantages sur toute la durée de vie du bâtiment, la plus-value financière du DfD/A est la plus évidente.

L’entretien et le remplacement ponctuel de pièces, plus rapide et plus facile d’accès, sont moins coûteux notamment grâce à la récupération et la revente d’une partie des matériaux.

À plus long terme, le « stock » de matières premières que constitue le bâtiment est plus facile à extraire. On en arrive donc à l’essence même du concept d’« Urban Mining », ou les matériaux sont à nouveau extraits pour une seconde utilisation.

Les gains attendus par l’application de l’économie circulaire au monde du bâtiment sont alors pleinement récupérés. Vu le concept naissant pour les différents acteurs de la construction, l’assistance que nous proposons permet de s’assurer de la bonne mise en œuvre des concepts du DfD/A.

Est-ce qu’il existe des normes ? Comment le marché luxembourgeois se prépare à cette « tendance » ?

Le sujet de l’économie circulaire et en particulier les concepts de démontabilité étant très vastes, il n’est pas encore totalement couvert par des normes de référence. La norme ISO20887 de 2020 avance dans ce domaine en définissant les concepts nécessaires à la démontabilité et à l’adaptabilité, tout en restant très générale.

Le vrai changement viendra des architectes qui seront capables de traduire ces concepts dans les projets futurs. Les entreprises devront, pour se faire, sortir des méthodes de construction traditionnelles et ceci dans tous les domaines : gros œuvre, parachèvements, techniques spéciales.

Concevoir un projet le plus apte au démontage demande des changements de mode de construction, tel que la suppression des systèmes collés ou encore l’accessibilité complète de toutes les techniques. Ces enjeux sont déjà partiellement appliqués pour les immeubles de services, mais restent rares dans les secteurs résidentiels.

Actuellement, l’utilisation de matériaux récupérés n’est pas encore ancrée dans les habitudes sur le marché luxembourgeois. Dans les pays frontaliers, un vrai marché est pourtant en train de naître. Pour exemple l’entreprise Rotor, de Bruxelles, pour lequel SECO réalise des missions de requalification des caractéristiques techniques afin d’assurer la qualité des produits mis en œuvre.

Est-ce que ce principe est interconnecté avec l’économie circulaire ? Pourquoi ?

Bien sûr, la démontabilité et l’adaptabilité sont le cœur de l’économie circulaire ! Pour tendre vers une économie de la construction la plus circulaire possible, il est indispensable de concevoir les futurs projets de construction comme adaptables pour ne pas être soumis aux lois d’une obsolescence de plus en plus rapide, et démontable en vue de récupérer le plus efficacement les ressources. À défaut, il sera impossible de développer une vraie économie de la seconde main.

Et pour les bâtiments existants ? Pensez au diagnostic démolition !

Avant la déconstruction d’un immeuble existant, nous réalisons un diagnostic de démolition. Ce dernier déterminera quelles parties sont récupérables et sous quelles conditions. Nous déterminons alors les éventuels tests à réaliser pour obtenir les caractéristiques techniques manquantes et éliminer les risques liés à la nouvelle utilisation. Prenons l’exemple des briques extérieures, elles n’auront pas besoin des mêmes caractéristiques en cas d’une nouvelle utilisation intérieure.

Pour assurer une qualité et donc une durée de vie équivalente à celle d’un matériau neuf, SECO met son expertise à disposition des entreprises spécialisées dans la réutilisation des matériaux de bâtiments existants.

Article tiré du NEOMAG#38
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le lundi 17 mai 2021
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